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La belle époque des fibres de chanvre

La belle époque  des fibres de chanvre

On trouve le cannabis dans les traités médicaux anciens du monde entier. Mais la version « industrielle » du chanvre a également connu son heure de gloire à partir de la Renaissance, où la résistance à l'eau de ses robustes fibres en faisait une matière première indispensable et stratégique, notamment pour la marine à voile. Partons à sa découverte.

Résistant et facile à cultiver, le chanvre est originaire d’Asie. On le cultive en Chine dès 3 000 ans avant J.-C., notamment pour la fabrication du papier. En Europe, l’âge d’or du chanvre commence véritablement avec les grandes découvertes. En 1450, Gütenberg imprime la première bible sur du papier de chanvre. En 1492, les caravelles de Christophe Colomb atteignent le Nouveau Monde, avec à leur bord quelque 80 tonnes de voiles et de cordages en chanvre ! La France, comme toutes les nations maritimes, a construit sa prospérité sur cette plante prodigieuse. Non seulement les fibres sont tissées en toile épaisse, mais on les utilise aussi pour la fabrication des gréements, les lourdes aussières d’amarrage des grands trois-mâts, les câbles d’ancres, les filets de pêche, les pavillons. Même l’étoupe (qui assure l’étanchéité des coques en bois) est fabriquée avec sa tige. Sans oublier les vêtements du marin et les cartes marines. À l’époque de la marine à voile, il faut pour équiper un navire entre 50 et 100 tonnes de chanvre. Peintures et vernis sont élaborés à partir d’huile de chènevis, les graines que l’on a broyées. Celle-ci présente l’avantage de sécher encore plus vite que l’huile de lin. De plus, elle dure plus longtemps que l’huile de baleine lorsqu’elle est brûlée dans les lampes.

Le développement des activités liées à la plante est particulièrement frappant avec la création par Louis XIV de la Corderie royale de Rochefort. Cette manufacture fabrique les cordages nécessaires aux bateaux à voile de la marine de guerre. Un vaste arsenal réunit magasins, fonderie, forges, poudrière...

, bassins pour la réparation des bateaux. Le bâtiment dédié à la fabrication des cordes se visite encore aujourd’hui. Bientôt viendront s’ajouter les manufactures de Beaufort puis d’Angers, car la demande ne cesse de croître.

Un produit de première nécessité

Au xviiie siècle, le chanvre est classé parmi les produits de première nécessité, au même titre que le pain. Pourtant, au début du xixe siècle, c’est la Russie qui est le principal producteur, fournissant 80 % du chanvre nécessaire aux pays occidentaux. Mais pendant les guerres de l’Empire, le chanvre redevient la fibre stratégique, qui se substitue au lin. En parallèle se développent dans le Val de Loire de petites exploitations paysannes qui se consacrent également à la confection du linge de maison. Ainsi, en 1841, dans le port de Bréhémont, plus de 80 bateaux étaient chargés de la filasse produite par les 500 hectares de ce terroir fertile

En 1850, les surfaces de chanvre en Europe et en France étaient dix fois supérieures à celles d’aujourd’hui. Car pendant plusieurs siècles, cette fibre naturelle a aussi approvisionné les manufactures textiles. Mais d’autres matières premières vont lui faire concurrence. L’apparition de la machine à égrener le coton, qui permet de mécaniser la récolte, le rend plus compétitif face au chanvre, récolté manuellement. Il sera importé des États-Unis dès 1850. Mais c’est l’arrivée des navires à vapeur au début du XIXe siècle, amorçant le déclin de la marine à voile, qui provoque celui du chanvre. Au début du XXe siècle disparaissent aussi les cap-horniers, les chasse-marée et la marine de Loire avec ses gabares, des barques à fond plat.

Le nylon remplace les fibres naturelles

Néanmoins, dans les basses vallées angevines et de la Sarthe, la culture du chanvre perdure. Des innovations industrielles ont encore cours : en 1937, les chanvriers mettent au point une machine à décortiquer les tiges, livrant d’un côté les fibres et de l’autre un bois léger, la chènevotte, utilisé pour la fabrication de papier. L’ère pétrochimique bouscule aussi cette activité traditionnelle. Le brevet sur le nylon déposé par l’entreprise américaine DuPont de Nemours en 1937 marque le remplacement progressif des fibres naturelles par la fibre synthétique.

Depuis une vingtaine d’années pourtant, la culture et la transformation des fibres de chanvre font leur come-back dans plusieurs terroirs. La France est devenue le premier producteur de l’Union européenne. La promesse d’un nouvel âge d’or ?

Un travail long et pénible

À l’arrachage, le chanvrier confectionnait des bottes de 20 à 30 cm de diamètre qui étaient acheminées vers la Loire. Entre deux piquets, les bottes étaient alignées en rang dans l’eau du fleuve où le sable et les alluvions retenaient l’eau dans une juste proportion, ce qui facilitait la séparation du chanvre. Cette opération, le « rouissage », permettait de faire disparaître la « gomme » qui forme le manchon de la tige et emprisonne les fibres. Elle durait près d’une semaine. Arrivait ensuite la pénible sortie du chanvre « lourdaud ». L’égouttage sur la rive était suivi du séchage sur la grève. La paille de chanvre se métamorphosait ensuite en filasse après avoir été battue avec une braie en peuplier, puis elle était nettoyée dans une lisseuse tournant à grande vitesse. La fibre était alors lissée au couteau, peignée, subdivisée en fibres courtes et on pouvait alors la teindre.

Le chanvre fait son festival Chaque été au mois d’août, à l’initiative des chanvriers de Montjean-sur-Loire (entre Nantes et Angers) et des communes voisines, une reconstitution extraordinaire du travail traditionnel du chanvre est organisée le temps d’un week-end (21 et 22 août cette année). L’occasion de témoigner de ce savoir-faire dans une ambiance musicale, et de présenter aussi les nouveaux développements qu’offre la plante. Defibresenmusique.com

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