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La nicandre, hommage au savoir toxique !

Nicandre
Nicandre

Nicandre, médecin grec de l'Antiquité, s'était fait une spécialité des poisons et des antidotes. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'une plante toxique porte son nom…

Le genre Nicandra comprend un petit nombre d'espèces originaires d'Amérique du Sud, dont la plus connue est la nicandre faux-coqueret, Nicandra physaloides, une plante annuelle cultivée comme ornementale et qui a conquis à ce titre une grande partie du monde, devenant même invasive dans certaines régions. Comme beaucoup de solanacées, famille dont elle fait partie, la nicandre est toxique. Aussi ses vertus sont-elles très discutées, malgré des usages locaux attestés dans la pharmacopée et même l'alimentation. Certaines de ses molécules possédant des propriétés insecticides, elle est employée en culture biologique.

C'est le naturaliste et voyageur français Michel Adanson (1727-1806) qui, en 1763, dans son ouvrage de botanique Les Familles des plantes, une œuvre capitale dans l'histoire de la classification végétale, a eu l'idée de lui donner le nom de Nicandra. Au passage, on constate qu'un nomenclateur pouvait aussi se voir immortalisé lui-même dans la nomenclature puisque, dix ans plus tôt, Linné avait nommé Adansonia le baobab, qu'Adanson avait décrit lors de son voyage au Sénégal (lire P&S n° 251). Mais le Français est remonté beaucoup plus loin dans le temps pour trouver une source d'inspiration, et c'est dans la Grèce antique qu'il a recueilli un nom propre à désigner une plante jolie, mais vénéneuse. C'est en effet au poète et médecin grec du IIe siècle avant J.-C., Nicandre de Colophon, qu'il a réservé cet honneur.

On sait peu de chose de la vie de Nicandre, et l'on n'est même pas tout à fait sûr que l'auteur des deux ouvrages qui nous ont été transmis sous ce nom émanent d'une seule et même personne, bien que les spécialistes modernes tendent à le penser. Il est réputé être né à Claros, près de la cité grecque de Colophon, en Ionie (non loin de l'actuelle ville turque d'Izmir). Ses centres d'intérêt ne se limitaient pas à la médecine, puisque la tradition le donne pour auteur de nombreux ouvrages perdus, sur des sujets divers comme la mythologie ou l'apiculture. Il est possible qu'il ait vécu à la cour du roi Attale III de Pergame (171-133 avant J.-C.), dont il aurait pu être le médecin personnel. Une telle proximité expliquerait bien que Nicandre se soit intéressé aux poisons, car leur usage, au cours de cette période hellénistique, était largement répandu, et il était vital de bien les connaître pour s'en préserver ou, au contraire, les administrer efficacement à ses rivaux ! Toujours est-il qu'hormis quelques fragments, les deux œuvres de Nicandre ayant survécu sont deux poèmes didactiques, Les Thériaques, qui portent sur les venins animaux et la manière de soigner les morsures, et Les Alexipharmaques, sur les poisons et leurs effets. Au-delà du style très imagé, chacune montre une connaissance approfondie du sujet, qui justifie pleinement l'hommage d'Adanson, près de deux millénaires plus tard.

Nicandra (Nicandra physaloides)

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