Un thé made in Bretagne
Passionné de botanique, Michel Thévot a débuté la culture de thé à Sibiril, dans le nord du Finistère. Insolites pour la région, ses pieds de rapportés de Chine prospèrent sous un climat doux et humide.
" Ma grand-mère avait un jardin extraordinaire. Elle m'a transmis l'amour des plantes en me faisant faire une tonne de boutures. Mais comme il est difficile de vivre de ses passions, je suis devenu chaudronnier soudeur, puis je me suis essayé à divers métiers ! Entre-temps en 2005, j'ai acheté un moulin du XVe siècle en Bretagne, au bord de la mer et à l'abri des vents où j'ai fait pousser des plantes du monde entier. En 2017, des copains chercheurs botanistes m'ont rapporté de Chine des pieds de thé (Camelia sinensis). Je me suis réveillé un matin en me disant : pourquoi ne pas en cultiver ? C'est ainsi qu'à 61 ans, j'ai planté 2 000 théiers sur une parcelle de 2 500 mètres carrés, exposée plein est.
Les graines de thé viennent de Chine, un collègue les fait germer en Hollande, un autre les transplante dans des barquettes. Je les place ensuite dans une pépinière avant de les planter en terre au printemps. Le climat breton est idéal. La petite humidité du matin, l'absence de gel, pas d'excès de chaleur… La première année, on laisse la plante vivre sa vie, et la deuxième, on récolte en mai, juin, juillet, août et septembre. Le seul point noir, ce sont les mulots qui se régalent des plantes germées, mais sinon il n'y a pas de maladie.
Le thé, c'est écologique, il se suffit à lui-même ! Jusqu'à présent, on n'avait pas osé en cultiver en France, mais maintenant je sais que cela fonctionne. Cette année, nous avons récolté 50 kilos de feuilles fraîches, ce qui donne 8 kilos de thé sec à consommer. L'année prochaine, j'aurai 3 000 théiers et même si ce n'était pas mon but initial, je pense pouvoir vivre de cette production rapidement.
Le thé… C'est aussi complexe que le vin ! Pour le moment, je ne conçois que du thé blanc qui demande le moins d'étapes de transformation. Je confie la réalisation des autres thés à Émile Auté, un collègue qui récolte les bourgeons avec une à deux feuilles (pour avoir plus de principes actifs et d'arômes). Il les flétrit et les roule au moulin avant de les oxyder plus longuement dans le Loir-et-Cher. Ces « thés des châteaux » 100 % bio français, sont vendus à des chefs étoilés. Les productions sont trop petites pour être vendues au grand public, mais ce devrait être possible dès l'année prochaine. Je ne suis pas un grand spécialiste, mais les copains m'ont dit qu'il était super ! Et puis, le thé c'est diurétique et antioxydant ".
À découvrir bientôt : un thé blanc de terroir
Après la récolte des jeunes feuilles riches en antioxydants viennent le flétrissage, la cuisson au wok, le roulage à la main et le séchage final. Il en ressort un thé aux accords marins, doté de notes sucrées qui rappellent des gourmandises, telles que la barbe à papa ou le caramel.