Corona, Yara, SIDA... La réalité des virus
Depuis quelques semaines l’épidémie de coronavirus (Covid 19) envahit notre quotidien. Et alimente nos peurs même si nous sommes sans doute plus stressés par la rapidité et la viralité de nos moyens de communication que par ce que l’on sait vraiment de ce nouveau virus. Car bien qu’ils accompagnent depuis toujours notre évolution, les virus sont encore assez mal connus. Ainsi, en février, des chercheurs ont découvert un minuscule virus, le Yaravirus, dans un lac artificiel de la région de Belo Horizonte, au Brésil. S’il s’est révélé inoffensif pour l’homme, les virologues ont constaté que 68 gènes sur les 74 identifiés dans son génome leur étaient inconnus.
Le monde de ces parasites de nos cellules nous pose ainsi de nombreuses énigmes. Après avoir longtemps cru que les virus sont beaucoup plus petits que les cellules humaines, – c’est ce que l’on apprend au collège – il faut désormais compter avec des mégavirus observables au microscope. De façon inattendue, ils ne s’avèrent pas seulement vecteurs de maladie, ils peuvent aussi en contrer certaines. Un banal rhinovirus s’est révélé l’année dernière une arme potentiellement redoutable dans le cancer de la vessie, en infectant de façon sélective les cellules tumorales. On pense également que le virobiote intestinal aurait un rôle positif à jouer.
Ce savoir nouveau nous permet aujourd’hui d’être plus réactifs. Ainsi, dès le 24 janvier, les scientifiques chinois ont réussi à faire le séquençage complet de Covid 19, publié dans la foulée sur un site accessible aux chercheurs du monde entier. En quelques semaines, PubMed, le site de référence des études scientifiques a publié 344 articles à son sujet. De quoi nous rassurer sur notre capacité à contrer les intrusions de covid 19. Pour le sida, deux ans avaient été nécessaires pour identifier le virus à l’origine de la maladie.
Au-delà du problème de santé publique, nous devrions réfléchir de façon plus globale. Les changements de notre environnement – réchauffement climatique en tête – ont des répercussions sur le développement de ces micro-organismes. « Les études montrent de façon concordante que les pertes de biodiversité ont tendance à augmenter la transmission des agents pathogènes et la fréquence des maladies associées », précise Rodolphe Gozlan, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) sur le site The Conversation. Ainsi, l’augmentation des températures aurait eu un effet significatif sur la durabilité du virus Zika transmis par les moustiques.
Ces liens de cause à effet ne sont pas faciles à appréhender. Mais ce que nous commençons à comprendre de la nature des virus nous donne une piste. En effet, pour certains chercheurs, les virus devraient être considérés comme le quatrième ordre du vivant aux côtés des bactéries, des archées, (petits organismes unicellulaires) et des eucaryotes (végétaux, animaux…). Cette épidémie nous invite ainsi à penser au grand arbre de l’évolution de la vie qu’ Homo sapiens a rejoint il y a seulement 300 000 ans.