Dossier
Troubles infectieux, fatigue, cataracte, DMLA... Prendre soin de ses yeux (3/3)
Les plantes sont les bienvenues quand il s'agit de soigner des affections bactériennes ou virales, un œil rouge et collé du fait d'une conjonctivite ou d'un orgelet, ou pour défatiguer nos yeux que notre vie quotidienne expose à trop d'agressions. On misera aussi sur certains nutriments, sur l'homéopatie pour prévenir les pathologies oculaires graves et préserver notre vision le plus longtemps possible.
Yeux : comment prévenir les troubles dégénératifs ?
Si nos yeux perdent de leur acuité naturelle, c’est en partie dû à leur vieillissement. Des sédiments peuvent ainsi entacher le corps vitré causant des mouches volantes. La production de larmes diminue. Or, ce phénomène entraîne une plus grande sensibilité de l’œil. Les systèmes d’évacuation de l’œil peuvent se boucher. Ce qui peut rétrécir la vision périphérique et augmenter la tension oculaire potentiellement responsable d’un glaucome. Le cristallin perd naturellement de sa souplesse et ses cellules s’opacifient pouvant ainsi causer une cataracte. Quant à la rétine, elle se fragilise notamment au niveau de sa macula. Ce qui peut augmenter le risque de dégénérescence maculaire (DMLA).
Certes l’hypertension oculaire peut être soignée et la cataracte opérée, mais on a tout à gagner à ralentir les processus de vieillissement. À considérer d’autant plus que pour la DMLA, il n’existe pas vraiment de traitement efficace que ce soit pour la forme humide ou sèche.
Homéopathie
La cataracte
Si une opération chirurgicale peut éliminer une cataracte invalidante, l’homéopathie peut cependant vous aider à retarder l’acte chirurgical, surtout si l’on s’y prend bien en amont. Si vous avez dû vous faire opérer, voici les conseils de la docteure Hélène Renoux :
- Naphtalinum en 4 DH : 15 gouttes par jour, en prise continue, pour ralentir le développement de la cataracte.
- Calendula officinalis en 5 CH : 2 granules, 3 fois par jour pendant cinq jours après l’intervention, pour faciliter la cicatrisation et résorber l’œdème.
Pour conserver une bonne vision le plus longtemps possible, il est indispensable de miser à fond sur la prévention à travers notre hygiène de vie. À commencer par l’éviction du tabac qui représente le second facteur de risque.
Ainsi, une méta-analyse considère le tabac comme accroissant considérablement le risque de développer une DMLA. En effet, fumer est un facteur favorisant la production de radicaux libres à l’origine d’un stress oxydatif. Or, l’œil, grand consommateur d’oxygène, est particulièrement sensible au stress oxydatif. Ce qui explique d’ailleurs qu’il soit largement pourvu en antioxydants, notamment pour créer une sorte d’écran qui va le protéger. On retrouve ainsi des dosages de vitamine C 50 fois plus élevés dans les liquides oculaires que dans le sang (plasma) et de la lutéine et de la zéaxanthine dans sa macula.
Ce constat a conduit à...
; envisager qu’une supplémentation, contenant ces antioxydants, pourrait soigner ces pathologies. Mais les premières études menées à court terme sur de petits nombres de candidats ne se sont pas révélées probantes. Et sur le plus long terme alors ? L’étude AREDS (Age Related Eye Disease Study) menée sur 3 650 personnes atteintes de DMLA et supplémentées quotidiennement avec 500 mg de vitamine C, 400 UI de vitamine E, 15 mg de bêtacarotène, 80 mg d’oxyde de zinc et 2 mg d’oxyde de cuivre versus placebo, n’a finalement pas donné les résultats espérés. Après cinq ans, la supplémentation apporte un bénéfice de 8 %. Aucun avantage n’a été montré chez les fumeurs.
Des jus riches en nutriments qui améliorent la vision
Et si on offrait un concentré de vitamine C naturelle et de carotènes à nos yeux ? C’est possible avec des jus pressés à l’extracteur. Il suffit alors de choisir des aliments qui en sont largement pourvus : carotte, épinards, persil, cresson, mangue et en été tous les fruits de couleur orange et bien sûr les baies.
Ingrédients pour un verre 3 carottes • 1 poignée d’épinards • 1 petite poignée de persil
Mode d’emploi : Brosser les carottes. Couper les parties tachées et chaque bout. Les tailler en morceaux. Passer le persil et les épinards. Dégager les feuilles du persil. Couper les côtes et les queues des épinards. Mixer le tout à l’extracteur. Boire sans attendre.
Et du côté de la cataracte ? Là aussi, les résultats s’avèrent modestes. Toutefois, le rôle préventif de ces mêmes antioxydants a bel et bien été mis en lumière, dans l’alimentation ou quand on ne fait pas appel aux seules molécules isolées. Et là, les réponses sont bien plus encourageantes, plusieurs études ayant des résultats concordants. Ainsi, selon l’European Eye study (EUREYE), des apports quotidiens et élevés en fruits et légumes (et par extension en vitamine C et E) sont associés à une réduction de la cataracte ou de sa chirurgie dans une population espagnole. Même constat dans une étude américaine et une autre étude grecque.
« Tout ce qui est bon pour notre système cardiovasculaire est aussi bon pour nos yeux ! Il est donc conseillé d’avoir une alimentation riche en vitamines A, C et E, oméga-3 et en zinc et sélénium. La consommation d’antioxydants sous toutes les formes est aussi recommandée, surtout ceux dérivant des petits fruits rouges comme les myrtilles qui renferment des anthocyanes. Ou le raisin qui contient du resvératrol », souligne l’herboriste et naturopathe Laetitia Luzi. On trouve la vitamine A dans les fruits et légumes crus de couleur orange et verte. Et de la vitamine E dans les noix, les graines, les huiles crues. Nous allons pouvoir puiser de la lutéine dans tous les légumes vert foncé (choux, épinards, courges, pois). Quant aux minéraux comme le zinc et le sélénium, ils vont nous être fournis en mangeant des germes de blé, des graines (sésame, courge, pavot) et des noix. Et pour les oméga-3, des petits poissons gras, de la mâche ou des graines de lin. Enfin le resvératrol est présent dans le vin, le raisin, les mûres, la grenade, les cacahuètes et le chocolat noir.
La myrtille sous toutes ses formes
Tout est bon dans la myrtille (Vaccinum myrtillus), chacun de ses composants ayant toutefois ses propres indications. Consommées fraîches ou surgelées, ce sont ses baies qui seront les plus actives pour régénérer le pourpre rétinien et augmenter l’acuité visuelle, notamment la nuit. Une fois séchées, ces baies seront conseillées pour une autre indication, car elles vont se concentrer en tanins. Des tanins astringents aux propriétés cicatrisantes et antidiarrhéiques. On boit alors 3 à 4 tasses par jour de tisane de myrtilles séchées afin de réparer la paroi intestinale. Ses feuilles sont indiquées en traitement d’appoint de la cystite ou du diabète. En cure courte, elles feront leurs effets en tisane.
Un tel régime est déterminant pour retarder l’apparition des pathologies oculaires. On peut y ajouter régulièrement des cures de compléments alimentaires à base de myrtilles et de lin. À condition que ces produits soient exclusivement fabriqués à partir d’extraits naturels de ces plantes. « Même si elles n’inverseront pas le cours de ces maladies, des plantes toniques circulatoires (le ginkgo, le gotu kola) pourront aussi contribuer à un ralentissement du processus », ajoute Laetitia Luzi. Une note d’espoir pourrait aussi venir des pharmacopées chinoises ou ayurvédiques. Les feuilles de cassia tora (Semen cassiae torae, Cassia obtusifolia L) ont fait l’objet d’études sur la cataracte des rats pour laquelle une amélioration a été notée.
Alors plutôt que de penser « qui vivra verra », prenons bien conscience que les atteintes, en particulier quand elles touchent le cristallin, ne sont pas vraiment réversibles, et que la clé pour garder une bonne vue le plus longtemps possible est de miser sur la prévention grâce à une bonne hygiène de vie.
Dormez mieux, vous verrez mieux
La qualité de notre sommeil pourrait-elle affecter notre vision, et vice versa ? C’est la question soulevée par l’équipe de la docteure Ouria Dkhissi-Benyahya de l’Inserm à Lyon. « La rétine participe au fonctionnement de l’horloge centrale de notre corps, mais elle possède aussi, comme d’autres organes, sa propre horloge interne », précise la chercheuse. En comprenant mieux comment fonctionnent ces deux horloges, centrales et rétiniennes et leurs éventuelles dérégulations, ces scientifiques pensent pouvoir mieux comprendre des pathologies comme le glaucome ou la DMLA. « Les ophtalmologistes devraient poser plus souvent la question de savoir si le malade a un bon sommeil, et donc si ses rythmes circadiens sont bien calés », conseille la chercheuse espérant qu’à terme on puisse en rétablir le fonctionnement via les horloges internes.