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Intestin irritable, maladie de Crohn, rectocolite, dysbiose Quels sont les traitements les plus efficaces ? (1/5)
En charge de la digestion des nutriments, les intestins représentent également une réserve immunitaire et neuronale importante pour notre organisme. Les déséquilibres qui peuvent le toucher sont à l'origine de troubles digestifs bénins, mais aussi de maladies inflammatoires chroniques de plus en plus répandues, encore difficiles à diagnostiquer et à soigner en médecine allopathique. Voyons comment l'hygiène de vie et les plantes peuvent contribuer à stabiliser leur évolution.
Intestin irritable, maladie de Crohn, rectocolite, dysbiose : les traitements les plus efficaces
Loin d’être une simple tuyauterie où transitent les aliments que nous avalons, nos intestins ont gagné en popularité depuis qu’ils ont été promus au rang de « deuxième cerveau ». Mais en plus d’héberger 200 millions de neurones, leur rôle n’est pas des moindres. Dès que nous ingérons quelque chose, l’intestin grêle le réduit en bouillie grâce au réseau de villosités qui le tapissent. Quotidiennement, l’intestin grêle est ainsi capable d’absorber plusieurs kilos de glucides, jusqu’à 1 kg de lipides, 500 g de protéines et jusqu’à 20 litres d’eau ! Ensuite, le gros intestin (ou côlon) prend le relais et se charge de décomposer ce qui n’a pas été assimilé grâce notamment à la présence de bactéries intestinales. Les déchets sont alors transportés sous forme de selles vers la sortie. Mais en plus de cette fonction digestive et d’émonctoire, nos intestins hébergent une foule de bactéries, phages, virus et champignons (environ 100 000 milliards, soit dix fois plus que le nombre de cellules de notre corps !). Ces micro-organismes présents d’un bout à l’autre du tube digestif (mais majoritairement dans le côlon) pèsent jusqu’à 2 kilos et constituent le fameux « microbiote intestinal ».
Fascinant, déroutant, cet écosystème est à l’origine de nombreuses études scientifiques. Car il participe activement à notre santé globale. En plus de favoriser l’assimilation des nutriments non digérés au niveau de l’intestin grêle, de participer à la synthèse de vitamines (B ou K) ou encore d’acides gras qui nourrissent nos cellules intestinales, le microbiote exerce un effet barrière vis-à-vis des intrus. Il collabore étroitement avec notre muqueuse intestinale, immense filtre tapissant l’intestin, composé de villosités et microvillosités dont le rôle est de laisser passer les bons nutriments (vitamines, minéraux, acides aminés, acides gras…) et d’empêcher la pénétration de micro-organismes, macromolécules et composés toxiques. Si des germes pathogènes parvenaient toutefois à franchir cette barrière naturelle, le microbiote empêche la colonisation de notre organisme. « 70 % de notre immunité serait due à notre microbiote », peut-on d’ailleurs lire dans l’ouvrage Powerbiotique de Marion Kaplan aux éditions Guy Trédaniel. Malheureusement, cette symbiose entre l’homme et ses microbes est mise à mal par nos modes de vie : alimentation industrielle, stress, usage excessif d’antibiotiques sont autant de facteurs pouvant engendrer des déséquilibres entre bonnes et mauvaises bactéries intestinales. On peut alors développer divers troubles, le plus souvent digestifs, allant de la constipation aux ballonnements, en passant par la diarrhée et les gaz malodorants.
Ces symptômes peuvent être ressentis de temps à autre, après un repas ou lors de la consommation d’aliments particuliers. Ils sont très fréquents puisqu’ils toucheraient plus de 60 % de la population française ! Si, la plupart du temps, le microbiote fait preuve d’une certaine résilience en revenant à sa composition initiale, il arrive parfois que les déséquilibres microbiens et les symptômes qui en découlent s’installent sur la durée. On parle alors de dysbiose intestinale, phénomène en lien avec certaines pathologies inflammatoires chroniques de l’intestin (Crohn, rectocolite hémorragique, syndrome de l’intestin irritable…), ou encore avec la présence fréquente de Candida albicans. Souvent, en parallèle du microbiote, « les villosités de la paroi intestinale vont être abîmées ou dégradées, ce qui entraîne le passage d’éléments non attendus dans l’intestin. C’est ce que l’on appelle l’hyperperméabilité intestinale, décrit le médecin phytothérapeute Éric Lorrain. Ces éléments font réagir le système immunitaire, qui répond par une inflammation de la paroi intestinale plus ou moins importante, avec souvent des troubles digestifs, parfois aussi extra-digestifs ». Ces symptômes variables rendent alors le diagnostic difficile. « Certains patients se plaignent de douleurs articulaires, d’une dépression, d’une fatigue chronique, d’un eczéma, et cela peut venir de l’intestin, car de tels troubles fonctionnels retentissent sur tout l’état général », décrit le spécialiste. Il est donc très important de chouchouter notre ventre, notre paroi intestinale, en faisant appel aux nombreux végétaux qui participent à leur bonne santé. Sans oublier nos microbes. Pour ce faire, ne lésinez pas sur la prise de certains probiotiques. Par exemple, Lactobacillus gasseri sera utile pour renforcer la barrière intestinale tandis que l’on privilégiera Bifidobacterium longum, Lactobacillus helveticus et lactis ou encore la prise de Streptococcus thermophilus en cas de syndrome de l’intestin irritable. Vos intestins le méritent bien !
Lactofermentation, l’alliée du microbiote
Nourrir son microbiote intestinal est fondamental pour le maintenir à l’équilibre. Le rôle des prébiotiques contenus dans les poireaux, salsifis, choux, brocolis, ail, chicorée, spiruline est d’alimenter les bonnes bactéries de la flore. Pour potentialiser leurs effets, on peut aussi les rendre riches en ferments lactiques (probiotiques), conseille la diététicienne nutritionniste Laëtitia Proust-Millon. Il suffit de leur appliquer la technique de la lactofermentation, une conservation naturelle avec de l’eau et du sel.
Méthode :
Mettre dans un bocal en verre 500 g de légumes crus (poireaux, choux, brocolis…), recouvrir avec 200 ml d’eau et 5 g de gros sel. Fermer le bocal hermétiquement et le laisser à température ambiante durant 7 jours, puis laisser fermenter 3 semaines entre 15 et 18 °C. (À éviter toutefois lors d’une candidose).
D’autres aliments et boissons sont aussi d’excellents probiotiques : kéfir, yaourt, fromages persillés, légumes racines, thés noirs et verts.
Une barrière intestinale moins perméable
La muqueuse intestinale qui borde l’intestin, lorsqu’elle devient poreuse, laisse passer des agents pathogènes dans le sang. Prenez les devants en renforçant l’effet protecteur de votre muqueuse intestinale par la prise ponctuelle de différents ingrédients.
- La L-glutamine : Cet acide aminé aide à maintenir l’intégrité de la paroi intestinale.
- Le pollen frais de ciste : Il est constitué de caroténoïdes, reconnus pour leurs effets anti-inflammatoires et réparateurs sur les muqueuses enflammées.
- Le jus de feuilles d’aloe vera : Il exerce une action apaisante, protectrice et réparatrice sur les muqueuses gastro‑intestinales.
- Le zinc, les vitamines A, B, C et D : Ils favorisent la régénération de la muqueuse.
3 coups de pouce contre la constipation
La constipation est un ralentissement du transit (des selles moins de trois fois par semaine) qui touche près d’une personne sur cinq quel que soit l’âge. Voici trois façons naturelles de favoriser le transit en facilitant la contraction des muscles péristaltiques.
- La tisane de mauve : Verser 3 c. à soupe de fleurs dans ½ litre d’eau chaude, à boire la journée entre les repas.
- Les pruneaux : Inciser 2 à 5 pruneaux jusqu’au noyau, les tremper dans l’eau durant 24 heures et les manger au petit déjeuner.
- L’ispaghul : Verser 1 c. à café de poudre d’ispaghul (ou psyllium blond) dans un grand verre, à boire 1 à 2 fois par jour au moment du repas. Boire ensuite à nouveau un grand verre d’eau.