Dossier
Intestin irritable, maladie de Crohn, rectocolite, dysbiose Quels sont les traitements les plus efficaces ? (4/5)
En charge de la digestion des nutriments, les intestins représentent également une réserve immunitaire et neuronale importante pour notre organisme. Les déséquilibres qui peuvent le toucher sont à l'origine de troubles digestifs bénins, mais aussi de maladies inflammatoires chroniques de plus en plus répandues, encore difficiles à diagnostiquer et à soigner en médecine allopathique. Voyons comment l'hygiène de vie et les plantes peuvent contribuer à stabiliser leur évolution.
© JAAN_KEINASTE
Contenir la prolifération du Candida albicans
Naturellement présente dans notre flore intestinale, la levure Candida albicans participe à éliminer divers déchets. Mais lorsque nous encrassons notre système digestif – par exemple avec une alimentation très industrielle – ou suite à la prise d’antibiotiques ou de pilule contraceptive, elle prolifère pour faire face à la demande et les ennuis commencent. Elle passe alors de sa forme de levure naturelle à une forme mycélienne pathogène qui tapisse nos muqueuses intestinales, voire se propage dans tout le corps. Résultat : ballonnements, allergies, prise de poids, fatigue et troubles du sommeil. Pour continuer à « se nourrir », le Candida albicans nous donne en plus envie de manger les sucres dont il raffole… près de 40 % de la population des pays développés comme la France seraient touchés.
Se méfier des sucres
Comme le Candida albicans se nourrit du sucre sous toutes ses formes, rappelle la diététicienne nutritionniste Laëtitia Proust-Millon, mieux vaut éviter tout ce qui contient du saccharose, glucose, fructose, maltose et lactose. Et ce sur une période de 3 à 6 mois. On fait donc l’impasse sur les fruits (au moins le premier mois), les yaourts et fromages, les levures (pain, bière…), on privilégie les céréales complètes. Pour aider les bonnes bactéries de la flore à repousser le Candida albicans, nourrissez-les avec des prébiotiques, telle la spiruline qui stimule les lactobacilles et bifidobactéries. On force sur l’ail, dont l’allicine a démontré une belle activité antifongique sur la candidose. Une propriété que l’on...
retrouve dans l’acide caprylique, présent dans l’huile vierge de coco.
Aussi, si vous subissez des troubles gastro-intestinaux (parfois doublés de troubles ORL ou gynécologiques quand l’affection s’est propagée), soupçonner une candidose peut vraiment être « la clé à vos problèmes », estime Frédéric Garcia, naturopathe à Mont-de-Marsan (Landes). Ce spécialiste des troubles digestifs et intestinaux témoigne avoir assisté à des « dépressions candidosiques ». « Certains patients qui ont tout tenté souffraient tout simplement de candidose sans le savoir. » La sérotonine (l’hormone du bonheur) étant essentiellement fabriquée dans les intestins, une candidose intestinale peut « impacter les taux de sécrétion de cette hormone au point de générer des symptômes dépressifs ». Pour savoir si vous souffrez d’une candidose intestinale, ce spécialiste vous recommande de réaliser un questionnaire détaillé pratiqué par un thérapeute plutôt que les tests sanguins coûteux, et parfois sources de faux négatifs.
En traitement d’attaque, il propose de l’extrait de pépin de pamplemousse, aux propriétés antifongiques, à raison de 10 à 15 gouttes diluées trois fois par jour dans un peu d’eau sur une durée minimum de deux mois. En parallèle, l’extrait de feuille d’olivier (en gélules ou en extrait de plante standardisé), à raison de 500 mg par jour, viendra agir sur le biofilm. Enfin, l’huile essentielle de sarriette des montagnes (Satureja montana) viendra compléter le tout. A prendre une goutte, trois fois par jour (à diluer dans une cuillère à soupe d’huile d’olive ou sous la forme de gélules gastro résistantes). Procédez ainsi en cures de dix jours maximum. Cette huile essentielle viendra agir sur la régulation de la population de Candida albicans, comme l’ont démontré des études récentes. Vous pouvez également procéder à la même cure avec une goutte d’arbre à thé (Melaleuca alternifolia), trois fois par jour, sur un support neutre pendant dix jours.
Enfin, armez-vous de patience : en cas de candidose intestinale il faut généralement six mois minimum pour aller mieux et « jusqu’à un ou deux ans quand le problème est installé depuis longtemps », précise Frédéric Garcia.
L’épine-vinette pour inhiber le Candida albicans
La berbérine est une substance naturelle antifongique et antibactérienne, que l’on trouve principalement dans l’épine-vinette (Berberis vulgaris), un arbrisseau aux branches ornées de piquants et de petits fruits oblongs, rouges et acides. Aujourd’hui chassée de nos prés et jardins car elle participait à la propagation d’un champignon qui ravageait les champs de blé, l’épine-vinette montre paradoxalement un effet antifongique sur le Candida albicans, dont elle inhibe le développement en endommageant ses parois cellulaires. Des études in vitro montrent qu’elle limite la propagation des Candida albicans qui résistent aux traitements habituels (le fluconazole, un antifongique par voie orale) et qu’il permet, en prime, d’augmenter la sensibilité à ce même traitement. Frédéric Garcia recommande une dose de 500 mg minimum d’extrait standardisé, à ingérer pendant le repas principal durant 2 mois.
À savoir :
La berbérine étant un principe actif puissant, demandez l’avis de votre médecin avant d’en prendre si vous êtes diabétique ou atteint de maladie hépatique ou cardiaque.