Dossier
Maladies de l’ombre, des traitements à explorer (3/3)
Ni rares, ni orphelines, mais néanmoins répandues, plusieurs maladies laissent l’allopathie, et surtout les patients désemparés. Maladie de Lyme, fibromyalgie, rectocolite hémorragique ou Crohn… Autant de pathologies à la symptomatologie et au diagnostic complexes. Pourtant, de nombreuses pistes naturelles se dessinent pour apporter des réponses en complément ou en lieu et place des traitements allopathiques. Reste à se faire entendre distinctement par les autorités compétentes.
La controversée borréliose de Lyme
Un matin, Élisabeth P. s’est levée avec l’impression d’avoir contracté une grosse grippe. Un mois plus tard, sa santé s’était considérablement dégradée : douleurs intenses, paralysie du bras, pertes d’équilibre, de mémoire… Après de multiples examens, on lui diagnostique un lupus débutant. Cinq mois plus tard, elle se souvient avoir été mordue par une tique et est prise en charge par un spécialiste. Philippe B., lui, a été soigné pendant deux années pour une sclérose en plaques avant que le diagnostic de borréliose de Lyme soit posé. Ces deux cas n’ont rien d’exceptionnel : la maladie vectorielle à tiques peut en effet prendre des formes difficilement identifiables.
« Une tique est potentiellement porteuse de nombreuses bactéries – aux borrélies s’ajoutent les rickettsies, les chlamydiae et des parasites. Ces bactéries persistantes sont capables de provoquer différentes co-infections dans notre corps », explique le Dr Philippe Bottero, qui s’intéresse depuis trente ans à cette maladie. Le tableau clinique « impressionniste » n’est donc pas facile à décrypter. D’autant plus que les tests sanguins se sont révélés à l’usage peu fiables. Par ailleurs, aussi étonnant que cela puisse paraître, la complexité de la maladie n’est pas reconnue. Pour la Sécurité sociale, des bactéries ne peuvent pas être à l’origine d’infections chroniques et aiguës à la fois. Face à cette situation, cent médecins ont lancé l’alerte dans le magazine l’Obs en juillet dernier. « Les bactéries peuvent se réveiller à tout moment, et là, il faut pouvoir reprendre les traitements », explique le Dr Bottero.
Oui, mais quels traitements ? Dans leur appel, les médecins plaident pour « un nouveau consensus thérapeutique ». Celui-ci inclut la prescription renouvelée d’antibiotiques, tandis que la phytothérapie est intégrée dans de nombreux protocoles. « J’obtiens de meilleurs résultats avec les antibiotiques, mais j’associe souvent les plantes dans mes traitements », précise le Dr Bottero. Le Dr Louis Teulières, premier signataire de « l’appel des 100 » et infectiologues, complète : « Avant de penser antibiothérapie, je m’assure en fonction de son terrain que le malade pourra la supporter."
Quand je suis confronté à des personnes sensibles aux antibiotiques ou que j’anticipe une...
flambée mycosique, je prescris des anti-infectieux naturels ; mais si au bout de deux à trois mois, les symptômes réapparaissent, je préconise une cure antibiotique. » Or la Sécurité sociale n’en admet pas la nécessité.
Aussi, entre interdits réglementaires et découvertes au fil du temps des multiples aspects de la maladie, le parcours de soins des malades est semé d’obstacles. Sur ce chemin, plusieurs plantes et complexes de phytothérapie prennent aujourd’hui une vraie place. Ces synergies – proposées parfois en préparations magistrales comme celle du Dr Teulières (lire l’encadré page précédente) – misent sur les nombreuses molécules bactéricides présentes dans les plantes. Defens-Nat, du laboratoire Bionops, est ainsi un anti-infectieux à large spectre mis au point sur la base des préconisations du Dr Richard Horowitz (un des spécialistes mondiaux de la maladie). Il associe les huiles essentielles (HE) de thym à thymol, de cannelier, de sarriette, de serpolet et d’origan à des extraits aqueux de griffe de chat, de camomille matricaire et d’échinacée. Une autre synergie de plantes sèches à vocation antibactérienne contient notamment de la salsepareille pour faciliter l’élimination des résidus de bactéries mortes. Le laboratoire Phytofrance propose quant à lui des synergies dynamisées associant les ions métalliques contenus dans l’eau de mer à des huiles essentielles ou à l’extrait de pépins de pamplemousse. La synergie Anti’Bact mise ainsi sur les terpènes et cinéoles des HE de niaouli, de tea tree, de ravintsare et sur le carvacrol de la sarriette. « Notre procédé breveté, qui a fait l’objet de plusieurs publications, décuple les propriétés antibactériennes », précise Yves Decroix, le pharmacien responsable.
Par ailleurs, les médecins ont recours aux plantes pour lutter contre certaines co-infections. Le Dr Bottero est souvent amené à prescrire du Ginkgo biloba, qui améliore la circulation sanguine. « Les borrélioses sécrètent des toxines vasoconstrictrices », explique-t-il. Les fonctions hépatiques sont également soutenues par la cardère ou le chardon-Marie. La salsepareille, anti-inflammatoire, convient bien en cas d’arthrite liée à Lyme. Concrètement, cette approche clinique fine, associée à une hygiène de vie saine (sans tabac, sans alcool, voire sans caséine et sans gluten), permet aux malades de neutraliser nombre de symptômes.
La formule du Dr Teulières
• HE de tea tree, 3ml
• HE de sarriette, 3 ml
• HE de gaulthérie, 3 ml
• HE d’hélychrise italienne, 3 ml
• HE d’épinette noire, 3 ml
• EPS d’églantier (Rosa canina), 125 ml, ou extrait de bourgeon de cassis (en soutenant les glandes surrénales, les extraits de bourgeon de cassis agissent comme des corticoïdes naturels contre l’inflammation).
Posologie
Prendre 40 gouttes du mélange le matin et le soir pendant une dizaine de jours. À renouveler selon les résultats et la gravité de l’infection.
Bain chaud aromatique
Plusieurs médecins préconisent la thérapie par la chaleur pour déloger les spirochètes, groupe de bactéries auquel appartiennent les borrélies responsables de la maladie. Dans un litre d’eau bien chaude, laissez infuser 4 cuillères à soupe de plantes sèches (sureau, tilleul, achillée millefeuille, écorce de saule ou lavande). Filtrez l’infusion puis versez-la dans un bain bien chaud. Cette préparation permet d’augmenter la sudation. À faire pendant au moins une heure tous les jours ou un jour sur deux. Attention : déconseillé en cas de problème cardiaques ou de chutes de tension.
Des remèdes homéopathiques
En homéopathie, c’est le mode réactionnel du malade qui prime. Ces remèdes peuvent soulager la composante douloureuse et inflammatoire, mais aussi intervenir en prévention.
Formule préventive pour les personnes habitant dans des zones à risque élevé. À faire pendant la période de randonnées.
Chaque dimanche
Alterner Natrum Muriaticum 9 CH et Caladium Seguinum 9 CH.
Chaque lundi, mercredi et vendredi
Ledum Palustre 5 CH.
Chaque mardi, jeudi et samedi
Psorinum 9 CH.
Une liane contre les borrélies
Uncaria tomentosa, ou griffe de chat, est une liane que l’on trouve dans la forêt amazonienne et dont les épines ressemblent à des griffes de chat, d’où son autre nom. Elle fait partie depuis de nombreuses années de protocoles de médecins américains pour ses effets anti-spirochètes, la famille de bactéries auquel appartiennent les borrélies. Dans un livre récent, Willem Jacobs* souligne son intérêt en cas de borréliose chronique, car la plante favorise la production de cellules CD57, des lymphocytes spécifiques attaquant la bactérie. Elle est aussi indiquée pour les symptômes impliquant le système nerveux central. * « La maladie de Lyme une approche alternative pratique », Éd. Le Souffle d’Or (2016).