Biodiversité
Biodiversité : le rapport alarmant de l'ONU
Le 6 mai, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a rendu un rapport historique sur l’état de la Planète. Celui-pointe du doigt l'impact de l'activité humaine sur la nature. Résumé en 8 points des évolutions les plus préoccupantes...
« La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. » Voici le bilan alarmant du rapport, commandé par l’ONU, de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), un organisme intergouvernemental indépendant comprenant plus de 130 États membres. Ce rapport, publié le 6 mai, évalue les changements au cours des cinq dernières décennies et fournit un aperçu complet de la relation entre les trajectoires de développement économique et leurs impacts sur la nature.
Des chiffres alarmants
Il s’agit du premier rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques et le document le plus exhaustif réalisé à ce jour : 1.600 pages. Il a été élaboré par 145 experts issus de 50 pays au cours des trois dernières années et s'appuie sur l’évaluation historique des écosystèmes pour le millénaire (Millenium Ecosystem Assessment) de 2005. Et, tous les voyants sont au rouge ! Voici les 8 chiffres clés à retenir et qui montrent les nombreuses atteintes à notre milieu naturel :
- Les chercheurs estiment que « environ 1 million d'espèces animales et végétales sont aujourd'hui menacées d'extinction, notamment au cours des prochaines décennies, ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l'histoire de l’humanité ».
- 75 % du milieu terrestre est « sévèrement altéré » à ce jour par les activités humaines.
- Depuis 1900, l'abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a, en général, diminué d'au moins 20 %.
- 100 millions d’hectares de forêts tropicales ont été perdus entre 1980 et 2000, en raison principalement de l’augmentation de l'élevage du bétail en Amérique latine (environ 42 millions d'hectares) et des plantations en Asie du sud-est (environ 7,5 millions d'hectares, dont 80 % destinés à l'huile de palme, utilisée surtout dans l’alimentation, les cosmétiques, les produits de nettoyage et les carburants).
- De 1970 à 2000, l’étendue des herbiers marins a diminué de 10 % par décennie. De leur côté, les récifs coralliens ont reculé de moitié depuis 1900 et les mangroves de 75 %.
- Le nombre d’espèces exotiques envahissantes a augmenté d’environ 70 % depuis 1970 en moyenne, tant à cause de la multiplication des échanges commerciaux (multipliés par 10 sur la période) que du réchauffement climatique ; et représente une menace pour les espèces endémiques.
- 25 % des plantes étudiées de manières détaillée sont menacées d’extinction.
- Pour 23 % des terres agricoles, la productivité a baissé du fait de la détérioration des sols.
L’usage intensif des mers et des terres est identifié comme le facteur le plus important de cette catastrophe. Et, les autres causes notables sont la surexploitation des ressources naturelles, le changement climatique, la pollution et les espèces exotiques envahissantes.
Tout n'est pas encore perdu
« La plupart des contributions de la nature ne sont pas entièrement remplaçables », avertit le rapport. Cependant, il nous rassure également en expliquant que, même si « le changement climatique a déjà un impact sur la nature », « il n’est pas trop tard pour agir ». Seulement, il faut commencer à le faire « maintenant et à tous les niveaux, du local au mondial », comme l’a souligné Robert Watson, le président de l’IPBES.
L’organisme propose quelques pistes pour un « changement transformateur » comme l’utilisation de techniques agricoles plus durables ou la réduction de « la demande pour les produits animaux », en particulier la viande qui mobilise une part importante des terres agricoles et provoque l’émission de gaz à effet de serre. Des « réformes fondamentales des systèmes financier et économique mondiaux » au profit d’une « économie durable » sont également recommandées, en particulier la fin des subventions accordées à l’agriculture intensive, à l’élevage du bétail, à l’exploitation forestière et à l’extraction de minerais et de combustibles fossiles.