Le compost - Rendre à la terre
La valorisation des biodéchets s'organise. Enfin ! Car cette démarche est source de vie. Martine Marras et Jason Lee Wong, un couple de néoruraux, expérimentent et partagent avec nous différentes techniques pour faire son compost et les façons de l'utiliser.
Face à l’appauvrissement des sols, il devient urgent de rendre à la terre ce qu’on lui prend ! Depuis le 1er janvier dernier, les collectivités ont d’ailleurs l’obligation de nous fournir une solution de tri à la source pour produire du compost. Martine Marras et Jason Lee Wong n’ont pas attendu ce dispositif pour valoriser leurs biodéchets : en 2020, lorsqu’ils se sont retrouvés par un concours de circonstances à la campagne, ils se sont mis à composter tous azimuts. « Bien que néophytes, nous avons vu le compost comme quelque chose de très naturel. Toutes les matières organiques peuvent être compostées. Il suffit de partir du principe que ce qui a vécu peut revivre. »
Leur microferme située à Larchant, au sud de la forêt de Fontainebleau, fait figure de petit laboratoire de recyclage des biodéchets. Ils y testent différentes techniques : déchets de cuisine en bac, lombricompostage, toilettes sèches, compost en tas et paillage direct au jardin. En s’inspirant d’une méthode de la ferme du Bec-Hellouin, exploitation emblématique de la permaculture, les deux néoruraux valorisent même la litière du poulailler : « Nous recouvrons les fientes toutes les semaines avec de la sciure de bois, ce qui constitue un compost tout le temps disponible que les poules retournent et aèrent elles-mêmes ». Arrivés à maturité, les différents composts leur permettent de constituer des buttes de cultures très fertiles, palliant ainsi le problème d’un sol trop argileux où les plantes potagères ont du mal à développer leurs racines.
« On n’apporte jamais trop de compost à sa terre », selon Martine et Jason qui en ajoutent 10 cm par an sur les parcelles cultivées du potager. Arbres et haies en bénéficient aussi, comme les plantes d’intérieur. « Les personnes qui compostent mais n’ont pas d’espace où utiliser leur production peuvent la donner aux associations de jardins partagés près de chez eux », conseille Martine. Aujourd’hui, la microferme de Larchant s’est muée en une oasis de vie, sur laquelle lorgnent les voisins qui pensaient à tort que rien ne pouvait y pousser, les terrains étant très argileux. « Il faut simplement nourrir le sol, être patient, accueillir la biodiversité et accepter que chaque année peut être très différente », philosophe Martine. Adeline Gadenne
C’est le moment
Le printemps est la saison idéale pour utiliser le compost – au jardin ou pour vos plantes d’intérieur – car il délivre aussitôt ses nutriments aux végétaux. Vérifiez d’abord qu’il est mûr : il doit présenter une structure grumeleuse, être de couleur sombre et sentir le sous-bois. Mélangez environ 1 dose de compost avec 3 de terre. Vous pouvez aussi l’épandre directement au pied des plantes en incorporant au râteau 1 à 2,5 kg de compost par mètre carré.
Compostage à chaud
Si le compostage des déchets de cuisine est assez simple, celui des déchets de toilettes sèches ou de déjections animales est plus compliqué. Il nécessite de faire monter le compost en température à environ 50-60 °C ( au lieu de 40 °C) afin d’éliminer les pathogènes. Pour cela, il faut ajouter en une fois beaucoup de biodéchets verts, matières fermentescibles (environ 1 m3). Un thermomètre à compost permet de vérifier la montée en température. La technique permet aussi de recycler les mauvaises herbes et les plantes malades, que l’on déconseille généralement d’ajouter au compost classique car elles risqueraient de le contaminer.
Aller plus loin
Faire son compost, par Martine Marras et Jason Lee Wong (coll. Résiliences, éd. Ulmer).