Les multiples défis de l'aroma
Fin septembre s'est tenue à Grasse la 21e édition du congrès Phyt'arom. Ce colloque au rayonnement international a été l'occasion de mettre en avant les multiples rôles de l'aromathérapie dans une optique de médecine intégrative, de plus en plus présente dans les établissements de soin.
Par nature, la phyto-aromathérapie est au cœur des thérapeutiques intégrées », a d’emblée affirmé en introduction le médecin phytothérapeute Jean-Michel Morel. « Mais nous devons mesurer les bienfaits de l’aroma dans une démarche rigoureuse et scientifique… C’est le seul moyen pour que cette discipline fasse partie de la médecine intégrative », a complété Delphine Marchaud, directrice générale de la fondation Gattefossé.
Face à ces enjeux, de nombreuses conférences ont permis de mettre en avant des avancées significatives. Ainsi, dans le cadre de la future réglementation européenne sur les substances contenant plus d’un ingrédient (les Mocs), le Synadiet (syndicat des compléments alimentaires) a élaboré un document sur les doses journalières sans risque d’utilisation des huiles essentielles (HE), et ce pour trois listes de plantes. Laurie Punch, toxicologue chez Cosmed, a fait état des études montrant qu’une HE n’a pas les mêmes effets que ses composants pris individuellement. Si le p-cymène présent dans l’HE d’eucalyptus a montré un effet sur la fertilité des rats, il n’y a pas de risque de reprotoxicité avec l’HE entière. Un coup de projecteur a aussi été mis sur l’Association française d’aromathérapie clinique (Afac) qui a pour objectif d’« aider les praticiens dans la mise en œuvre de leur pratique clinique », a souligné sa présidente Sabrina Boutefmouchet.
Le colloque a été l’occasion de présenter nombre d’expériences aromatiques et thérapeutiques étonnantes. À l’instar de celle menée au sein du centre hospitalier Firminy dans le service des soins intensifs du Dr Papi, qui s’est vu remettre le prix de la Fondation Gattefossé. À Nantes, le chirurgien Philippe Colls, déjà engagé dans des protocoles aroma, a pu mener des essais très concluants sur le traitement de la cystite interstitielle via l’emploi d’hydrolats. Témoins également de cette dynamique dans les établissements de santé, mais aussi dans les cabinets médicaux, les ateliers pratiques ont permis de partager des solutions validées, pour le traitement de mycoses ou la prise en compte des symptômes de la ménopause. Autant de pas en avant significatifs dans des contextes complexes d’un point de vue réglementaire, scientifique et humain. Et auxquels s’ajoute la préoccupation du développement durable, car la production d’huiles essentielles est impactée par le réchauffement climatique.
Enfin, toutes les facettes de l’aroma ont été valorisées. « Désormais, il n’est plus uniquement question de l’efficacité de l’aromathérapie sur la base de la composition chimique des huiles essentielles. Des paramètres plus subtils, comme ceux perçus lors d’une olfaction ou la qualité des huiles essentielles utilisées en thérapeutique, ont été débattus », relève le pharmacien aromathérapeute Michel Faucon, qui animait un atelier consacré aux « approches sensorielles en aromathérapie ». Pour continuer d’avancer, les acteurs de l’aroma semblent ainsi décidés à vouloir unir leurs forces.