Dossier
Les fabuleux pouvoirs de notre nez (2/5)
Longtemps négligé, le nez apparaît depuis la crise sanitaire comme l'un de nos organes les plus étonnants. Maître de notre respiration mais aussi de notre odorat, il est en lien avec de nombreuses fonctions essentielles telles que le goût, la mémoire ou encore le désir. Orthophonistes, chercheurs, aromathérapeutes nous guident afin d'apporter à notre nez toute l'attention qu'il mérite.
© Bea Vera
Bien respirer avec un nez dégagé
Vent glacial, températures en baisse, humidité… L'arrivée de l'hiver sonne le retour des virus et des bactéries qui se répandent dans l'air. Le nez représente alors une porte d'entrée pour les nombreux micro-organismes (coronavirus, virus influenza A, rhinovirus, pneumocoques…) à l'origine d'infections des voies aériennes. Pour que vos narines jouent leur rôle de défense contre les pathogènes, une hygiène du nez adéquate et une bonne respiration sont indispensables.
Le rôle des narines
Une bonne respiration doit être nasale. « Le nez filtre, à l’aide de ses cils, la poussière, les particules de pollution, les virus et autres pathogènes présents dans l’air », explique Claire Trabal, orthophoniste au Plessis-Robinson (92). De plus, la respiration nasale ouvre les voies respiratoires et améliore l’absorption d’oxygène dans la circulation sanguine. « Respirer par le nez permet aussi d’avoir la bouche fermée et la langue en position de repos (en haut, à l’avant du palais). » Mais parfois, de mauvaises habitudes prises dans l’enfance font que la respiration devient plutôt buccale, surtout la nuit. « À force, des problèmes de sommeil peuvent apparaître à cause du mauvais positionnement de la langue. Utiliser son nez permettra d’éviter, à plus long terme, des asymétries au niveau de la mâchoire, des soucis d’implantation des dents ou encore des troubles de l’articulation. »
Des probiotiques pour… le nez ?
Le nez possède son propre microbiote, qui pourrait jouer un rôle dans la prévention des maladies respiratoires et des allergies. C’est ce que démontre une étude qui a comparé le microbiote nasal de personnes en bonne santé avec celui de patients souffrant d’inflammations nasales et de sinusites chroniques. Résultat : la bactérie Lactobacillus casei joue un rôle bénéfique car elle inhibe le développement de bactéries responsables d’infections.
Dans Cell Reports, mai 2020
Hygiène de la sphère ORL à tout âge
En nettoyant le nez quotidiennement à l’aide d’une solution isotonique, on élimine les particules accumulées sur les muqueuses pour s’assurer un confort respiratoire et éviter les infections ou allergies. En cas de rhume, de nez bouché ou de sinusite aiguë, on choisira un spray hypertonique plus concentré en sel, à l’action nettoyante plus puissante.
À faire
- Après vous être mouché, penchez la tête au-dessus du lavabo et l’incliner côté droit.
- Insérez dans la narine gauche le spray isotonique (ou la pipette de sérum physiologique ou un lota) afin que le liquide passe d’une narine à l’autre. Laissez agir quelques secondes.
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- Penchez la tête de l’autre côté et procédez de même. Dire à haute voix « ké ké ké » afin d’éviter les fausses routes.
- Mouchez-vous pour évacuer la solution.
Pour bébé : Pour un nourrisson ayant le nez encombré, l’orthophoniste Claire Trabal conseille le nettoyage du nez au sérum physiologique au moins trois fois par jour, avant les repas. En fin de journée, elle recommande d’aspirer à l’aide d’un mouche-bébé électrique l’excès de mucus afin d’éviter sa stagnation durant la nuit.
Forêt versus bord de mer
Faut-il préférer la balade en forêt ou en bord de mer pour purifier nos voies respiratoires ? Objet de plusieurs études, le « shinrin-yoku » ou bain de forêt nous met en contact avec les phytoncides, composés aromatiques émanant des feuilles d’arbres, qui ont une action antiseptique et expectorante sur nos voies ORL. Il a aussi été démontré que passer plusieurs jours en forêt stimule nos cellules immunitaires.
L’air marin apporte, lui, des ions négatifs qui se fixent sur les molécules d’oxygène, favorisant la circulation sanguine et améliorant notre respiration. D’ailleurs, une simple marche au bord de l’océan suffit pour décongestionner un nez bouché, grâce aux embruns. Et bien sûr, l’été, l’eau de mer est par ailleurs idéale pour laver son nez.
Et si on testait la sympathicothérapie ?
Technique ancestrale de réflexologie, la sympathicothérapie endonasale vise à stimuler des points de pression à l’intérieur du nez, sur la muqueuse olfactive. À l’aide d’un stylet métallique fin doté d’un embout arrondi, le thérapeute (naturopathe, médecin, ostéopathe ou encore praticien en MTC formé en sympathicothérapie) stimule quelques minutes des zones réflexes reliées au système nerveux sympathique.
Ces stimuli visent à déclencher éternuement, larmoiement et salivation pour un nettoyage profond du nez, des sinus et de la bouche. En second lieu, la sympathicothérapie cherche à stimuler indirectement le système nerveux neurovégétatif responsable des fonctions automatiques, afin d’effectuer un rééquilibrage, notamment en cas de problèmes ORL.
Respirer pour s’apaiser
Et si la fréquence et la vitesse à laquelle vous respirez pouvaient vous permettre de vous relaxer ? Découverte par des chercheurs américains et arrivée en France il y a une dizaine d’années, la cohérence cardiaque est une méthode de respiration qui induit une relaxation du système nerveux. En régulant la variabilité de la fréquence cardiaque, intervalle de temps séparant les battements du cœur, on envoie un message rassérénant au cerveau. Le médecin spécialiste David O’Hare conseille de se souvenir de « 3.6.5 » : 3 fois par jour, 6 respirations par minute, pendant 5 minutes.
À faire :
- Asseyez-vous sur une chaise, dos droit, pieds au sol, mains sur les genoux.
- Focalisez votre attention sur votre cœur en posant une main dessus, yeux fermés.
- Inspirez en comptant lentement jusqu’à 5, puis expirez de la même manière.
- Faites l’exercice durant 5 minutes (1 respiration toutes les 10 secondes), 3 fois par jour.
Gare à la sécheresse !
Le vent, le froid, le chauffage domestique ou encore certains médicaments comme les antihistaminiques contribuent à dessécher la muqueuse nasale qui tapisse l’intérieur du nez. Or, lorsqu’elle s’assèche, cette dernière ne produit plus suffisamment de mucus protecteur et devient plus vulnérable aux infections. Un nez qui chatouille, des picotements, des croûtes de mucus, voire de petits saignements sont le signe qu’il faut la réhydrater.
À faire
En plus d’un nettoyage quotidien des fosses nasales, appliquez délicatement à l’intérieur des narines un peu d’huile de sésame bio aux propriétés nourrissantes et anti-inflammatoires. L’huile agit à la fois comme une barrière préservant l’humidité de la muqueuse nasale et comme un adoucissant permettant aux croûtes de mucus de se détacher.
Soulager la sinusite aiguë
La sinusite, inflammation aiguë ou chronique des sinus, est très douloureuse. Son symptôme majeur ? La douleur pulsative lancinante du sinus, quand on le touche ou que l’on se penche en avant, avec obstruction nasale. Dès les premiers signaux, il convient de laver votre nez puis de contrer l’inflammation grâce à plusieurs solutions naturelles.
- Un cataplasme d’argile verte : Mélanger 6 c. à café d’argile verte en poudre avec le jus de ½ citron. Ajouter de l’eau distillée jusqu’à l’obtention d’une pâte épaisse à appliquer sur le front et les ailes du nez. Laisser poser jusqu’à ce que ce dernier soit sec. À faire 2 fois par jour.
- Une inhalation humide : Verser 2 gouttes d’HE de pin sylvestre, 2 gouttes d’HE de lavande officinale et 1 goutte d’HE d’eucalyptus radié dans un bol d’eau chaude. Respirer sous une serviette pendant 5 à 10 minutes.
- De l’apithérapie : Diluer 1 c. à café de miel (de préférence de thym ou de manuka) dans un verre d’eau tiède. Mélanger et ajouter 1 cuillerée à soupe de vinaigre de cidre. À boire 1 fois par jour.
- Un automassage : Avec la pulpe de vos dix doigts, masser fortement les sourcils en partant du nez vers l’extérieur. Continuer ensuite en dessinant un cercle autour des yeux.
Olfactothérapie : S’ouvrir aux autres avec la rose
Huile précieuse parmi les précieuses, l’huile essentielle de rose de Damas (Rosa x damascena), symbole de féminité, occupe une place unique en aromathérapie car c’est la seule huile qui possède plus de 400 molécules aromatiques. Selon Patty Canac, spécialiste en thérapie olfactive et aromachologue, les notes de cœur florales et suaves de la rose nous temporisent, nous rendent plus perméables à la vie et aux autres. Elle conseille d’utiliser cette huile essentielle en cas de tristesse, en déposant sur le poignet 1 goutte diluée dans un peu d’huile végétale de jojoba. Sentir ensuite profondément plusieurs secondes, en fermant les yeux.