Dossier
Un été avec les herboristes : préparez vos remèdes (5/6)
Le thym est une plante attirante et surprenante
Le thym sauvage, Thymus, est très différent de l'aromate dit de Provence qu'on trouve dans le commerce. Il offre des notes douces, fleuries, citronnées, une palette de goûts très différents de ceux du thym cultivé qui, lui, est plus chaud, plus épicé, plus « brûlé ». Car le thym de montagne a un type chimique spécifique : il contient du linalol et du giraniol qui lui donnent une douceur mais aussi une action tonique et antiseptique. C'est pour cela que cette plante m'a tout de suite attiré dans la nature.
Ses feuilles fraîches s'utilisent en infusion ou en alcoolature. Traditionnellement, on en cueille la sommité avant sa floraison au début du mois de mai. Mais je préfère attendre un peu, le temps de laisser les abeilles, très friandes de thym, faire leur travail. Je le cueille alors tout au long de l'été, tant que le soleil brille et que les températures sont élevées. Pour la recette, je l'utilise sous forme sèche car c'est plus facile à faire et plus hygiénique, ce qui la rend plus facile à conserver. Comme dans tous les mélanges cosmétiques, l'hygiène est très importante : toute modification de couleur ou d'odeur, ou encore l'apparition de moisissures sur votre produit doivent vous...
alerter. L'hygiène de vos mains, de vos flacons et les techniques de conservation (au frais et au sec) ont leur importance. J'ajoute de la poudre de racine de réglisse, que l'on trouve assez facilement au rayon épices des magasins bio. Elle a surtout pour objectif de donner du goût. Elle ajoute un côté doux et anti-inflammatoire au dentifrice.
La vulnéraire ( Anthyllis montana) est une autre plante locale que j'apprécie. Elle fait partie de ces plantes laissées pour compte à redécouvrir. On recommence un peu à parler d'elle car l'industrie de la cosmétique s'y intéresse.
Vincent Delbecque est pharmacien-botaniste dans le Sud du Vercors. Passionné par les médecines naturelles, il s'est formé à l'École des plantes de Bailleul. Depuis plusieurs années, il enseigne l'utilisation des plantes médicinales sauvages et publie sur le sujet. Son but ? « Valoriser la richesse de notre flore en collaborant au développement de produits de phytothérapie ou de cosmétique naturelle », notamment au sein de l'Herbier du Diois.
Dentifrice au thym sauvage
Ingrédients 40 g de carbonate de calcium • 10 g d'argile blanche • 15 g de poudre de feuille de thym • 5 g de poudre de racine de réglisse
Préparation 1. Une fois la plante sèche, écraser doucement au mortier, puis passer au tamis pour filtrer. 2. Mélanger ensuite tous les ingrédients dans le mortier, mettre le tout dans un petit pot en verre, à l'abri de l'humidité et de l'air.
Utilisation Déposer un peu de poudre sur une brosse à dent humide afin de constituer une petite pâte (attention de ne pas mettre directement la brosse dans le mélange afin de ne pas le polluer en y introduisant des bactéries).
À savoir Le séchage se fait à l'ombre, dans un endroit chaud et abrité du soleil, pendant une semaine à 10 jours. Propriétés Assainit la flore buccale, anti-oxydante pour les gencives.
Premier secours
Le plantain à glisser dans les chaussures comme un pansement, quand on se fait une ampoule pour son effet anti-inflammatoire. Il est aussi très efficace en cas de piqure d'abeille ou d'ortie. Dans ces cas, mâcher les feuilles et les placer directement sur la piqure pour un effet antihistaminique.
Les feuilles de sureau noir à poser en cataplasme sur la joue dans les cas d'abcès dentaire ou buccal.
La sève jaune de la chélidoine (ci-dessous) à mettre sur les verrues et cors aux pieds. Attention, son ingestion est toxique !
Les feuilles de bardane fraîche, sur les démangeaisons.
Le lierre terrestre en cataplasme sur un œdème localisé.