L’huile de Haarlem, un remède sulfureux
L'huile de Haarlem est née il y a quatre siècles dans une petite ville de Hollande. Elaborée à base de souffre, elle impose ses propriétés thérapeutiques contre de nombreux maux, des maladies infectieuses aux problèmes respiratoires. Mais attention, elle fait l'objet de nombreuses copies.
[Mis à jour le 06 septembre 2021] Inventée en 1596, l’huile de Haarlem fut durant plusieurs siècles un des remèdes favoris des médecins. Sa particularité ? Il s’agit de la première transformation selon le principe de l’hémisynthèse (synthèse chimique d’une molécule réalisée à partir de composés naturels possédant déjà une partie de la molécule visée), d’un produit naturel : le souffre.
Cette petite révolution de la fin du XVIe siècle est le fruit du travail d’une école d’alchimistes basée à Haarlem, aux Pays-Bas. Les savants de cette époque, qui consacraient leur vie à purifier des métaux dans leurs laboratoires, avaient alors réussi l’impensable, greffer du soufre sur des terpènes de conifère. Par la même occasion, ils donnaient une meilleure réputation à ce métal considéré comme toxique. Avec cette découverte, naissait un remède dont les propriétés sont encore reconnues aujourd’hui. Sa formule est composée de trois corps simples : 16 % de soufre, 80 % de térébenthine du pin et 4 % d’huile de lin.
Une huile thérapeutique à base de souffre
L’un de ces alchimistes, Claes Tilly, qui s’attribua alors la paternité du Medicamentum Gratia Probatum, ou huile de Haarlem, le préconise pour soigner les maladies de rein et de vessie, tels que les calculs rénaux et biliaires. Pour diffuser le remède, il se fait aider par un éminent médecin et botaniste de l’époque, le professeur Hermann Boerrhaaven. Et pendant deux cents ans, la famille Tilly conserve le secret de fabrication. Le remède sera vendu jusqu’en 1985 dans toutes les officines. En flacon, pour un usage externe, en capsule, sans odeur, et en suppositoires dosés pour les adultes et les enfants, en prévention et en traitement curatif.
Attention aux copies !
Son succès inspire de nombreux contrefacteurs qui réalisent des copies de très médiocre qualité, galvaudant ainsi la marque. La réputation de l’huile de Haarlem s’émousse rapidement au point que le remède tombe dans l’oubli. Mais, convaincu de son intérêt thérapeutique, un pharmacien français, Léon Thomas, achète le procédé de fabrication en 1923. Aujourd’hui, l’huile de Haarlem est toujours fabriquée selon ce même principe par son petit-fils, le Dr Van Der Gucht-Lefevre.
Une efficacité prouvée
En 1983, ce dernier fait même réaliser des études qui confirment la biodisponibilité du soufre non oxydé contenu dans l’huile de Haarlem. Mais, le remède est confronté à une nouvelle réglementation et il y a quinze ans, il perd son visa lui permettant d’être vendu en pharmacie. Pourtant, d’autres investigations au cours des années 1990 ont permis de mieux comprendre l’efficacité du soufre comme anti-infectieux sur les voies urinaires, biliaires, et également bronchiques – contre les bronchiolites des tout-petits –, son rôle dans la composition des cartilages, son action sur les rhumatismes et l’arthrose. Mais ce n’est pas suffisant pour les autorités de santé. En attendant d’obtenir la réhabilitation de son remède, le Dr Lefevre commercialise l’huile de Haarlem comme complément alimentaire, par correspondance en France et dans quinze pays, dont la Suède et jusqu’en Australie.
Précautions d'emploi
Article extrait de notre hors-série sur les Remèdes d'autrefois disponible ici.