Dossier
Exercices et soins pour faire entendre sa voix (1/4)
Faculté humaine par excellence, la voix est propre à chacun. Pour certains, c'est un véritable outil de travail et il faut faire en sorte de l'entretenir et de la protéger. Au quotidien, apprenons aussi à la soigner que ce soit avec des onguents, des gargarismes ou des exercices vocaux. Et entraînons-nous à maîtriser l'organe de la parole pour mieux faire passer nos émotions et affirmer notre personnalité.
Une histoire de respiration
La voix fait partie de nous, comme l’air qu’on respire. L’humain devient petit à petit un être de parole, utilisant sa voix pour donner une forme à sa pensée, communiquer. Nathalie Henrich Bernardoni, chercheuse au CNRS spécialisée dans l’étude de la voix, définit cette dernière comme « un attribut de l’être humain comparable à un instrument à vent actionné par le souffle ». À l’expiration, le souffle fait vibrer les cordes vocales situées dans le larynx, qui, en se rapprochant, produisent une onde sonore. Amplifiée par les cavités de résonance (larynx, pharynx, bouche et nez) et affinée par les articulateurs (mâchoire, voile du palais, langue, lèvres), cette dernière prend la forme de sons voisés, qui constituent la voix. Plus les cordes vocales sont étirées et l’espace entre elles est étroit, plus la voix est aiguë, comme celle des enfants et des femmes en général. Plus cet espace est grand et les cordes vocales sont épaisses et courtes, plus la voix est grave, comme celle des hommes. Quant aux hormones, les cordes vocales s’en imprègnent par le biais de récepteurs : à l’adolescence, au moment de la mue, la testostérone a pour effet l’évolution de la tessiture de la voix par la croissance du larynx, l’agrandissement des cavités buccales et nasales et l’épaississement des cordes vocales, faisant baisser la voix des garçons d’une à deux octaves (8 à 16 notes) et celle des filles de trois ou quatre notes en moyenne. Tessiture (amplitude des notes atteintes par la voix) et timbre (harmoniques propres à chaque voix) font l’identité vocale d’un individu.
S’écouter comme dans un coquillage
Prendre conscience de sa voix pour mieux s’en servir est primordial. Voici un exercice qui vous y aidera.
- Assis confortablement ou debout, le dos droit, posez votre main sur l’oreille. Formez un demi-cercle avec votre main, paume tournée vers ce que vous regardez.
- Pouce collé derrière votre oreille, faites ensuite pivoter votre main en sorte qu’elle se...
- referme plus ou moins sur votre conduit auditif.
- Quand la main recouvre entièrement votre oreille, vous êtes en situation d’écouter votre voix par votre oreille interne, comme si vous écoutiez la mer dans un gros coquillage. En parlant plus ou moins fort, grave ou aigu, cherchez à trouver la voix qui vous semble la plus agréable, essayez de sentir ce qu’elle produit dans les différentes parties de votre corps.
Pourtant, nous connaissons mal notre voix. Car le son que nous entendons comme étant celui de notre voix est en réalité le mélange de plusieurs sons, que nous percevons simultanément par notre oreille interne (où se situe l’organe de l’ouïe) et par notre oreille externe. D’un côté, notre voix est conduite à notre oreille interne par les os et l’eau de notre corps, et de l’autre, elle arrive à notre oreille externe par l’air, depuis nos lèvres jusqu’à l’orifice auditif. Ainsi, notre voix ne nous parvient pas de la même façon qu’elle parvient à ceux qui nous écoutent. D’ailleurs, quand nous l’entendons sur un enregistrement, elle nous paraît différente de celle que nous connaissons. Avant les enregistreurs, les orateurs travaillaient leur voix et leurs discours à l’oreille interne. Il est intéressant d’y revenir afin de prendre conscience de sa manifestation dans notre corps et d’explorer sa richesse, ainsi que d’apprendre à la maîtriser par le corps. Lorsque l’on écoute sa voix « corporelle », on sent, par exemple, plus subtilement le passage de l’air au niveau de la gorge ainsi que la pression que celui-ci exerce sous la glotte, cette dernière étant forte et parfois douloureuse quand notre voix est perturbée par nos émotions. Le premier réflexe à avoir ? « Desserrer » la gorge afin d’ouvrir la colonne d’air et de faciliter l’arrivée de l’air dans la cavité buccale.
Certaines techniques vocales employées en orthophonie peuvent faire évoluer notre voix, son timbre comme sa tessiture. Un travail laborieux bien souvent motivé par des enjeux professionnels. Sans aller jusque-là, grâce à des exercices simples empruntés aux professeurs de théâtre, de chant, de yoga et de pleine conscience, et parfois même, avec le soutien des plantes, on peut apprendre à mieux la poser pour mieux la déployer. Un projet qui permet d’en faire un vrai soutien à l’éloquence, mais surtout de ne pas se faire mal en l’utilisant, de la protéger. Par exemple, si nous sommes pliés en deux – respiration bloquée par notre position et peut-être aussi par une émotion comme la peur, la tristesse, la colère qui peuvent presser le diaphragme et serrer la gorge – nous aurons tendance à forcer sur nos cordes vocales pour nous faire entendre, au risque de nous faire mal, alors qu’il suffit parfois de se redresser pour dégager notre colonne d’air et de prendre le temps de respirer, pour libérer notre voix et la « porter loin ».
Travailler sa posture
Le travail de la colonne d’air facilite la respiration et l’appui de la voix sur son socle, le ventre, qui est par ailleurs le siège de nos émotions. Voici comment s’y entraîner.
- Debout, pieds écartés à la largeur des hanches (la posture est fondamentale), positionnez un balai devant vous, mains posées sur le haut du manche à peu près au niveau du sternum.
- Appuyez ensuite sur vos mains en descendant les épaules et en grandissant votre cou, la tête alignée, bas du dos droit.
- Mettez rapidement le balai de côté et reprenez la même position.
- Sans tension, exercez-vous ainsi à respirer de façon naturelle et fluide – inspiration par le nez et expiration par la bouche – et à parler et à rire tout en maintenant votre périnée (hommes et femmes) serré afin de soutenir vos organes vitaux.
L’Encens oliban allège la pression thoracique
L’huile essentielle d’Encens oliban permet de stimuler l’organisme tout en libérant les voies respiratoires. Dès l’olfaction de cette fragrance aux notes résineuses – en diffusion atmosphérique ou en friction du haut du dos et du plexus solaire (associé à 5 % avec de l’huile d’amande douche) – les irrégularités du rythme respiratoire et la sensation d’oppression thoracique diminuent. Elle favorise une détente propice à une respiration et à une prise de parole fluides, conditions d’une bonne santé vocale.
Porter sa voix plus loin
Bailler, c’est inspirer fort, réveiller les muscles du visage et du cou, les détendre, et ouvrir un espace dans la gorge qui résonne dans le crâne, appelé le palais souple. Ainsi, après avoir baillé plusieurs fois de manière forcée et avoir ressenti cette zone, prononcez le mot « pa-lais », en séparant les deux syllabes, et en recherchant cette sensation d’air qui emplit le palais souple. Faites l’expérience en ouvrant plus ou moins la bouche et recommencez en parlant plus ou moins fort, jusqu’à trouver une sensation confortable pour votre gorge. Le tout sans forcer, mais en écoutant comment votre voix porte plus loin.