Dossier
Exercices et soins pour faire entendre sa voix (3/4)
Faculté humaine par excellence, la voix est propre à chacun. Pour certains, c'est un véritable outil de travail et il faut faire en sorte de l'entretenir et de la protéger. Au quotidien, apprenons aussi à la soigner que ce soit avec des onguents, des gargarismes ou des exercices vocaux. Et entraînons-nous à maîtriser l'organe de la parole pour mieux faire passer nos émotions et affirmer notre personnalité.
Les troubles de la voix
Quand notre voix tombe malade, les symptômes vont de l’enrouement à l’aphonie. Ils peuvent avoir plusieurs causes. « Pour pouvoir diffuser un son, les cordes vocales doivent rester tendues et rectilignes, explique le docteur François Jouanin, ORL aux thermes de Saint-Gervais Mont-Blanc. S’il se constitue une déformation ou un œdème (un gonflement) dû à une infection sur ces membranes, la voix s’en trouve modifiée. C’est le cas du chanteur qui force trop sur sa voix et qui développe une sorte de cale sur les cordes vocales, appelée nodule. » En cas d’enrouement ou d’aphonie répétée chez une personne l’utilisant beaucoup, il faut envisager une rééducation chez un orthophoniste spécialisé. Des soins qui auront pour bénéfice de faire résorber un nodule. S’il existe des polypes, cette rééducation ne sera malheureusement pas efficace. Il faut dans ce cas envisager une intervention chirurgicale.
Alors que la médecine préconise certains soins, la phytothérapie peut, elle aussi, apporter son soutien, une plante étant très indiquée en cas d’aphonie. Il s’agit de l’Erysimum (Erysimum officinale, Sisymbrium officinale) ou moutarde des haies, herbes aux chantres, car cette fleur est employée en tisane ou en gargarisme par les chanteurs qui perdent leur voix. Elle est d’ailleurs le composant principal des Gouttes du Bolchoï russe. « Bien qu’elle ne comporte pas de toxicité, cette fleur est par principe déconseillée à l’enfant et à la femme enceinte », souligne Caroline Gayet, phytothérapeute diététicienne et coauteure de l’ouvrage Mes 1000 ordonnances phytothérapie. Par voie orale, on ne la prendra pas trop longtemps en cas de troubles cardio-vasculaires, la plante pouvant modifier le rythme cardiaque. Comment expliquer son efficacité ? « Ce sont les composés soufrés de son huile essentielle qui sont actifs détaille Caroline Gayet. Mais pas uniquement, car l’Erysimum dispose aussi de propriétés expectorantes et anti-inflammatoires. Enfin, ses mucilages adoucissent les voies laryngées. »
L’onguent efficace : le lemongrass
Si les inhalations aux huiles essentielles peuvent nous aider à retrouver la voix, deux gouttes d’huile essentielle de lemongrass dans une cuillère à café de miel constituent un onguent...
efficace. On renouvelle la prise trois fois par jour et durant deux à trois jours, jusqu’à ce que la voix revienne.
C’est pourquoi on pourra aussi y avoir recours en cas de laryngite (et même de pharyngite et bronchite), cette pathologie étant aussi une cause de modification du timbre de la voix. Sous sa forme chronique, la laryngite est provoquée par une exposition prolongée à des facteurs irritants comme le tabac, des poussières sur un chantier ou des solvants chimiques. Il faut alors supprimer ces facteurs déclencheurs ou s’en protéger au moyen de masques, notamment quand on y est exposé professionnellement. Et pour la laryngite aiguë ? Cette pathologie infectieuse est la plupart du temps d’origine virale et beaucoup plus rarement bactérienne (diphtérie). La laryngite aiguë surgit généralement l’hiver, comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, notamment la nuit chez les enfants. Elle génère une inflammation provoquant un œdème du larynx et des cordes vocales.
« Un air sec entretient la laryngite, et peut même être un facteur déclenchant, souligne Hubert Bigot, ORL aux thermes de Saint-Gervais Mont-Blanc. Or, c’est souvent le cas dans nos appartements surchauffés en hiver. Chez l’enfant, c’est une urgence médicale, l’œdème du larynx pouvant l’empêcher de bien respirer. Couvrir le cou d’une compresse chaude et faire respirer de l’air humide et chaud va améliorer les symptômes que l’on soit un enfant ou un adulte. »
La lax vox avec Sara Di Bella
La technique de la lax vox contribue à la maîtrise d’un souffle régulier, en obligeant le larynx à rester bas, le diaphragme détendu et les cordes vocales à leur place. « Pour trouver cette sensation qui permet à la voix d’être plus endurante, explique la chanteuse lyrique Sara Di Bella, il suffit de souffler dans une paille plongée dans un verre d’eau sur une expiration longue, sans attaque d’air trop forte. Il existe également un masque utilisé en lax vox thérapy permettant d’approfondir ce travail, idéal pour les personnes cherchant plus d’amplitude et d’endurance vocale. » Un résultat que l’on peut également obtenir, toutes proportions gardées, en s’inscrivant à une chorale, ou bien à des cours de chant ou de comédie.
On pourra aussi faire des inhalations avec quelques gouttes d’huiles essentielles. « Ravintsara convient à toute la famille, saro, cajeput ou niaouli également, précise Caroline Gayet. L’huile essentielle de lemongrass semble aussi présenter un intérêt. Anti-inflammatoire grâce à ses citrals, elle offre l’avantage d’être bien tolérée par les muqueuses. Comme l’arbre à thé qui peut la remplacer. »
Il ne faut pas non plus sous-estimer les autres troubles ORL. Le larynx étant situé à l’arrière du cou, on ne doit pas laisser traîner les maux de gorge et encore moins les angines résultant d’une inflammation des amygdales, qu’elles soient d’origine virale ou bactérienne. Dans son ouvrage, Dictionnaires des remèdes naturels, le docteur Daniel Scimeca recommande d’ailleurs de prendre des tisanes de sureau noir à raison de 50 g de fleurs de sureau pour 1 litre d’eau bouillante. Active aussi en cas de maux de gorge : la sauge officinale ne sera pas prise en cure continue sans avis médical et en cas d’antécédent de cancer hormonodépendant ou d’insuffisance rénale.
La décoction de myrtilles soulage la gorge enflammée
On connaît l’intérêt des myrtilles pour les yeux. Mais on sait moins que ces baies permettent de soulager une gorge enflammée.
Ingrédients : 50 g de myrtilles séchées, 50 cl d’eau.
Préparation : Faire chauffer l’eau en même temps que les myrtilles et la laisser frémir jusqu’à ce qu’elle ait diminué d’un tiers. Stopper la cuisson et laisser encore infuser durant dix bonnes minutes la préparation. Filtrer les myrtilles et recueillir la solution dans un flacon. Effectuer des gargarismes trois à quatre fois par jour avec cette solution.
Si les troubles de la voix persistent plus de trois semaines, mieux vaut consulter. Il faut savoir qu’une tumeur cancéreuse du larynx va aussi modifier le timbre de la voix. Et si votre voix est votre instrument de travail et qu’elle vous lâche chaque hiver ? Pourquoi ne pas envisager de suivre une cure thermale dans un centre disposant d’une orientation thérapeutique respiratoire comme aux thermes Saint-Gervais, Mont-Blanc. Comme dans les cas de tous les troubles respiratoires, c’est le soufre des eaux qui agit comme un baume cicatrisant sur ces membranes fragiles.
L’Erysimum soigne l’aphonie
Dans son livre Mes 1000 ordonnances phytothérapie, Caroline Gayet propose d’associer trois plantes en décoction pour une synergie plus efficace. La ronce va renforcer l’effet anti-inflammatoire de l’Erysimum, tandis que la guimauve va stimuler l’effet adoucissant.
Ingrédients 40 g d’Erysimum • 30 g de feuille de ronce • 30 g de racine de guimauve.
Préparation Quatre cuillères à soupe du mélange de plantes pour un litre d’eau par jour. Faire bouillir l’eau avec les quatre cuillères de plantes durant quinze à vingt minutes. Filtrer. Boire quatre bols par jour. Effectuer la cure durant la durée des symptômes.