Dossier
Préserver son capital mémoire (1/4)
Une mémoire défaillante avec l’âge, une fatalité irréversible ? Pas si sûr... Contrairement aux idées reçues, notre capacité à se souvenir n’est pas seulement corrélée à la jeunesse de nos cellules, mais aussi à une hygiène de vie. L’alimentation et les plantes peuvent ainsi aider à soutenir le capital mnésique.
La mémoire : comment se souvenir ?
Remonter vers le passé, stocker des connaissances, retrouver sa route, rechercher une information... Pour toutes ces actions, nous avons recours à notre mémoire. Longtemps présentée comme un lieu de stockage, la mémoire est une faculté complexe.
Pour fonctionner, elle s’appuie sur un réseau de connexions impliquant de nombreuses zones du cerveau et dont aucune n’est à elle seule une boîte à souvenirs. Dans ce système, les souvenirs eux-mêmes sont remaniés, triés, consolidés tout au long de notre existence, notamment pendant notre sommeil. De façon simple, on peut dire que le processus de mémorisation repose sur trois étapes : la captation, la sélection et le stockage. Mais sur le fonctionnement de ce système au sein du cerveau et au fil de la vie, nos connaissances ne cessent de progresser. Les trois neurologues lauréats du dernier prix Nobel de médecine ont ainsi découvert une sorte de GPS interne, c’est- à-dire qu’ils ont explicité notre capacité à retrouver notre chemin. C’est l’activation de cellules spéciales de l’hippocampe et du cortex entorhinal qui établissent une communication permettant au cerveau de dessiner une sorte de carte mentale. D’autres avancées remettent en question nos idées reçues. On estime désormais que l’âge n’est pas forcément synonyme de perte des capacités mnésiques. Certes, un adolescent apprend plus rapidement que ses parents ou grands-parents un nouveau texte par cœur. Mais ces derniers sont capables d’enregistrer facilement des informations venant compléter un domaine d’expertise existant. Les neurologues estiment aussi que les oublis ponctuels ne sont pas à attribuer à des pertes de mémoire mais à une baisse de l’attention, de la concentration et à une moindre tolérance aux interactions extérieures... Bref, nous avons la possibilité d’agir sur notre cerveau et d’éviter que notre mémoire ne flanche. Cette compréhension dynamique est rassurante...
Mais alors, que faut-il faire pour conserver les fonctions cognitives dont la mémoire fait partie et prévenir sénilité et maladie d’Alzheimer? Pour éviter les troubles de la mémoire, notre cerveau doit être bien nourri, que ce soit en nutriments, oxygène, mais aussi en stimulants intellectuels... Les pistes explorées en phytothérapie permettent d’agir sur différents aspects de nos capacités mémorielles. Beaucoup sont encore exploratoires mais plusieurs bénéficient, comme le ginkgo, le curcuma ou le romarin, d’un recul intéressant. Nous allons le voir, il y a de nombreuses façons d’entretenir et d’améliorer les connexions utiles pour notre mémoire. Autant de circuits, certains encore mystérieux et d’autant plus importants qu’ils participent aussi à la construction de notre histoire et de notre identité.
Puiser dans les savoirs ancestraux
Le voacanga (Voacanga africana), un arbre de l’archipel de Sao Tomé-et-Principe en Afrique, représente aujourd’hui un bel espoir thérapeutique dans certaines maladies neurodégénératives. En collaboration avec les guérisseurs locaux, qui prescrivent les feuilles et l’écorce de cet arbre depuis des siècles, des chercheurs américains viennent de découvrir un composé prometteur. Il protégerait les cellules des altérations provoquées par la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou les suites d’AVC. En évaluant la protection du stress oxydatif, les propriétés anti-inflammatoires ou la capacité à bloquer l’accumulation de peptides bêta-amyloïdes dans les neurones, les chercheurs ont été surpris des bons résultats, même à faible dose.