Dossier
Préserver son capital mémoire (3/4)
Une mémoire défaillante avec l’âge, une fatalité irréversible ? Pas si sûr... Contrairement aux idées reçues, notre capacité à se souvenir n’est pas seulement corrélée à la jeunesse de nos cellules, mais aussi à une hygiène de vie. L’alimentation et les plantes peuvent ainsi aider à soutenir le capital mnésique.
Les plantes pour la mémoire
Stimuler la mémoire
«En Grèce antique, on frottait le front des enfants pour les rendre plus intelligents et les étudiants déposaient du romarin sur leurs cheveux » rapport Kurt Hossettmann, professeur honoraire de phytothérapie. Les propriétés mnésiques du célèbre arbrisseau ont été récemment étudiées et semblent prometteuses validant les croyances ancestrales. «Alors que l’acide carnosique de l’extrait de romarin favoriserait la
croissance nerveuse, l’acide rosmarinique protégerait les cellules cérébrales des effets toxiques de la bêta-amyloïde » explique le Dr Hostettmann. D’après une étude récente, l’acide rosmarinique calme et renforce la mémoire à court et long terme. Consommer régulièrement du romarin en tisanes ou sous forme d’épice permettrait donc de préserver nos fonctions cognitives. Pour favoriser la mémoire, l’huile essentielle de romarin à cinéole semble aussi intéressante à inhaler. Après l’avoir respiré dans des cabines, vingt volontaires ont été soumis à des tests neuropsychologiques et à des prises de sang. Résultat, plus la teneur en 1,8 cinéole (la substance principale de l’huile essentielle de romarin) dans le sang était élevée, meilleures étaient les performances cognitives (tests de mémoire, d’intelligence et d’apprentissage).
Faire circuler les informations
Protecteur cardiovasculaire, le Ginkgo biloba est une valeur sûre pour améliorer les capacités cérébrales. Ce sont sans doute ses qualités anti-oxydantes, protectrices des vaisseaux et de fluidifiant sanguin qui explique son action bénéfique sur la sphère cognitive. «De nombreuses études cliniques réalisées à partir du ginkgo montrent une amélioration des fonctions cognitives chez les personnes âgées et les patients atteints de démence sénile, rapporte le Dr Hostettmann. Si le ginkgo retarde l’altération cognitive provoquée par la maladie d’Alzheimer, il permet aussi de soutenir les périodes de fortes activités intellectuelles (fatigue mentale passagère, manque de mémoire et de concentration), en cure de deux ou trois mois. » Pour les étudiants (à partir de 18 ans), le Dr Hostettmann recommande 80 à 120 mg d’extrait par jour un mois avant les épreuves, puis pendant. Les personnes âgées peuvent quant à elles prendre du ginkgo au long cours sans danger, à condition d’être prudentes pour celles qui sont sous anticoagulants. Enfin, le ginkgo serait également intéressant après un AVC pour améliorer plus rapidement l’état cérébral.
Désenflammer
Certains chercheurs attribuent la moindre prévalence d’Alzheimer en Inde au curcuma consommé quotidiennement dans le curry. On peut supposer que les effets anti-inflammatoires et antioxydants de cette épice sont bénéfiques au cerveau car avec l’âge, le stress, les pollutions et les excès alimentaires, les membranes des neurones s’oxydent et se rigidifient, ce qui altère les circuits neuronaux. Les premières recherches montrent aussi que la curcumine, molécule principale du curcuma, est aussi capable d’empêcher la formation de plaques amyloïdes impliquées dans la maladie d’Alzheimer. Une étude japonaise a été menée sur des patients Alzheimer âgés de 79 à 84 ans. À raison de 100 mg de curcumine par jour (764 gr de poudre de curcuma), ils se sont avérés moins agités et anxieux après trois mois de traitement et en meilleure forme cognitive après douze mois: certains arrivaient même à reconnaître à nouveau les membres de leur famille ! Pour améliorer la biodisponibilité du curcuma, on suggère de l’associer au poivre noir (pipérine), voire à la vitamine D3.
Calmer le stress
On sait l’importance du psychisme sur la mémoire. Il faut donc limiter le stress et les états dépressifs. Le millepertuis peut alors être intéressant car d’après le Dr Éric Lorrain, il régule les concentrations cellulaires de sodium, de calcium et de zinc, ce qui lui conférerait des propriétés neuroprotectrices. Par ailleurs, le phytothérapeute grenoblois explique que le millepertuis «possède des propriétés anti-inflammatoires, renforce les facteurs de croissance cérébrale et exerce un effet protecteur potentiel dansla maladie d’Alzheimer. Il favorise même la croissance de nouveaux neurones, notamment au niveau de l’hippocampe, structure cérébrale au rôle central dans la mémoire». Le docteur Lorrain recommande le millepertuis pour les troubles de la mémoire, la concentration, l’attention et la neuroprotection, notamment après une dépression et chez les plus de 50 ans. En cas de fatigue mentale, (surme- nage examens...) ou d’AVC, la rhodiola améliore les capacités de mémoire ou d’apprentissage.
3 huiles essentielles pour les examens
Baccalauréat, partiels, concours, le mois de juin est intense pour les étudiants. Pour ces moments importants au cours desquels la concentration et
la mémoire sont fortement sollicitées. Voici ce que conseille le Dr Couic-Marinier.
• Mélange spécial examens Imbiber un stick inhalateur vierge avec 10 gouttes d’HE d’encens de Somalie, 10 gouttes d’HE de laurier noble et 10 gouttes d’HE de lavande officinale ou d’épinette noire. À respirer régulièrement avant l’examen !
• Express On peut aussi miser sur la seule HE d’encens de Somalie qui est très efficace pour la mémoire immédiate. Il suffit d’une goutte pure ou de la diluer à 50 % dans une huile végétale, à respirer sur le poignet.
Huiles essentielles et musique contre Alzheimer
Au Centre mémoire de ressources et de recherche du CHU de Nice, un projet innovant est en cours d’expérimentation auprès de malades d’Alzheimer ou de personnes diagnostiquées à risque. Des capteurs vidéo installés dans les chambres des patients évaluent leurs perturbations comportementales (agitation, orientation, mémoire, problèmes de sommeil...). Puis, en réponse, un appareil propose aux patients différentes interventions thérapeutiques comme des entraînements cognitifs via des serious game, une intervention musicale, ou encore la diffusion d’une odeur ou d’une huile essentielle spécifique et adaptée à la personne et à la situation (anxiété, agitation, sommeil ou stimulation des capacités mnésiques).
«La mémoire, le cerveau et le cœur sont indissociables »
Les troubles de la mémoire sont étudiés et traités depuis très longtemps en médecine chinoise, qui les relie à la fois au cœur et au cerveau. Philippe Sionneau, praticien de médecine chinoise, nous explique pourquoi. « Il y a différents types de pertes de mémoire. Par exemple, il peut s’agir d’un vide de sang du cœur et de l’énergie de la rate qui altère la nutrition cérébrale. Il faut alors suivre les grands principes de la diététique chinoise, comme éviter de manger et boire froid, et limiter les ruminations, obsessions et la surchauffe cérébrale (le bachotage, par exemple). Chez les personnes âgées, l’insuffisance des reins ou la « stase » de sang au niveau du cœur (moins bonne nutrition du cœur et du cerveau par mauvaise circulation) sont souvent en cause dans les troubles de la mémoire ».
Les légumes-feuille, source de jouvence cérébrale
Ajouter épinard, choux vert ou cresson à votre alimentation préviendrait significativement votre déclin cognitif, d’après une étude récente du Memory and Aging Project. Après avoir analysé les comportements alimentaires de près de 1 000 personnes du 3e âge, en moyenne âgées de 81 ans, les chercheurs ont conclu que celles qui consommaient une à deux parts de légumes-feuille par jour auraient la capacité cognitive d’une personne en moyenne onze ans plus jeune que celles qui n’en consommaient pas du tout. La vitamine K, la lutéine, le bêta-carotène et la vitamine B9 seraient plus particulièrement à l’origine de cet effet bénéfique sur le cerveau.
Après un AVC
Si la fonction cognitive est atteinte après un accident vasculaire cérébral (AVC), le Dr Goetz recommande un mélange de Bacopa monnieri poudre, Ginseng panax poudre et Withania somnifera poudre (100 mg, QSP 1 gélule) à raison d’une gélule matin midi et soir au long cours.