Dossier
Préserver son capital mémoire (4/4)
Une mémoire défaillante avec l’âge, une fatalité irréversible ? Pas si sûr... Contrairement aux idées reçues, notre capacité à se souvenir n’est pas seulement corrélée à la jeunesse de nos cellules, mais aussi à une hygiène de vie. L’alimentation et les plantes peuvent ainsi aider à soutenir le capital mnésique.
Stimuler la mémoire : un art de vivre
Conserver sa mémoire, c’est aussi et avant tout un art de vivre. On a vu l’importance de l’alimentation et l’on connaît celle de l’exercice physique, mais l’on oublie souvent le rôle fondamental du sommeil. C’est grâce à lui que notre cerveau apprend et emmagasine de nouvelles informations et qu’il consolide les apprentissages. Chaque stade de sommeil est important car il traite certaines formes de mémoire (souvenirs, connaissances, habiletés motrices...). Par ailleurs, durant le sommeil, le cerveau tri, organise et structure nos connaissances, nous rendant plus efficace la journée (on se souvient mieux des choses à faire, par exemple).
Une meilleure mémoire est aussi le travail de toute une vie. Pour conserver un cerveau jeune, l’un des ténors mondiaux du cerveau et de la plasticité neuronale, Michael Merzenich, recommande avant tout de surprendre notre cerveau et de limiter les gadgets, type GPS, qui le remplacent dans les tâches simples comme se souvenir des numéros de téléphone. Il faudrait aussi sortir de notre zone de confort et apprendre sans cesse : une nouvelle langue, le nom des oiseaux en les observant, retourner à l’université, étudier des sujets complexes ou une matière pour laquelle on s’estime mauvais. La façon même de penser impacte nos neurones. Alors que des chercheurs américains viennent de montrer que la méditation peut ralentir de manière conséquente le déclin de la matière grise (tissu qui contient les neurones), notre façon d’interagir avec les autres joue aussi sur nos facultés d’apprentissage ou de mémorisation.
Ainsi, l’esprit de coopération rendrait plus performant à l’école et les enfants attentifs aux autres, qui les aident dans leurs devoirs notamment, auraient de meilleurs résultats scolaires que ceux qui ne travaillent que pour eux-mêmes. Recevoir s’avère aussi un excellent booster de mémoire. Stefan Eihorn, auteur du livre «L’art d’être bon», rapporte que lorsque l’on reçoit des attentions ou des petits cadeaux, on devient plus performant, et cela améliore « la mémoire, la capacité d’apprentissage, la créativité et la résolution de problèmes ». Les recettes pour garder une bonne mémoire combinent finalement bien des aspects : bien manger, bien dormir, être empathique, se poser, savoir donner et recevoir, et garder une curiosité d’enfant. Autant de moments de plaisirs quotidiens que l’on a envie de garder en mémoire !
Les trois ennemis de la mémoire
• Le tabac. En vieillissant, la mémoire et la flexibilité cognitive des fumeurs sont inférieures aux non-fumeurs et les risques de démence augmentent. Une récente étude vient de montrer que le tabac entraîne aussi un amincissement du cortex cérébral (mémoire, langage, perception...).
• L’alcool. Mis à part le vin rouge à doses modérées, l’alcool est un des premiers ennemis du cerveau car il détruit les neurones et bloque le transfert de données entre la mémoire à court terme, et celle à long terme.
• Certains médicaments. Statines, anticholinergiques (prescrits notamment contre l’incontinence, mais aussi présents dans certains antidépresseurs et somnifères)...
Le Bacopa monnieri a fait ses preuves en Inde
Cette plante grasse originaire d’Inde où on l’appelle souvent Brahmi y est utilisée depuis 3 000 ans. On utilise ses feuilles. On met en avant aujourd’hui plus particulièrement ses affinités avec la sphère de l’intellect, et notamment ses capacités à améliorer les troubles neurologiques. On attribue aux bacosides son efficacité sur les troubles de la mémoire. Ces actifs agissent en accroissant la synthèse protéique dans l’hippocampe, zone du cerveau associée à la mémoire à long terme. Ses substances sont aussi antioxydantes, plus spécifiquement au niveau du cerveau. En Inde, ses propriétés sont officiellement reconnues.
Aller Plus loin
• « Troubles psychiques en médecine chinoise » par Philippe Sionneau, Éd. Trédaniel, 2013.
• «Le nouveau régime méditerranéen» par Michel de Lorgeril, Éd Terre vivante, 2015.
• « Mémoire et oubli » de Francis Eustache, Éd. Le Pommier, 2014.
• « Oublis et trous de mémoire », du Dr Jean-Pierre Danjean, Éd. Odile Jacob, 2014.
• Disponible gratuitement sur internet, le guide « Vivre avec la maladie d’Alzheimer ».