Aromathérapie
Non aux contrefaçons d'huiles essentielles !
L’aromathérapie fait l’objet d’un engouement sans précédent ces dernières années. Forcément cette demande croissante attise les convoitises et donne des idées de business à beaucoup personnes, férues ou non d’aromathérapie.
Ce commerce somme toute assez récent mais déjà mondial, fonctionne en s’appuyant sur les mêmes déséquilibres que celui de nombreuses matières premières. Savez-vous que la grande majorité des huiles essentielles proviennent de pays en développement (Madagascar, Amérique du Sud, Népal) dont les habitants n’ont bien souvent pas les moyens d’acheter ces richesses olfactives et pharmacologiques. Ce commerce se fait aussi en exerçant une pression importante sur les ressources naturelles.
Pour produire ces huiles essentielles précieuses, on abat des arbres au mépris de leur protection. C’est le cas par exemple du bois de rose qui nous vient d’Amazonie et dont on distille l’aubier. Au Brésil, le programme de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), dite aussi convention de Washington, concerne notamment cet arbre, ce qui n’empêche pas de retrouver l’huile essentielle sur nos étals français. Au Népal et en Inde, c’est la racine de nard de l’Himalaya, dont l’huile essentielle n’a pas son pareil pour nous aider à lâcher prise, qui a fait l’objet d’un arrachage excessif. Mais quand bien même ces questions écologiques sont prises en compte, il reste choquant de voir que ces huiles essentielles sont proposées dans des magasins vendant aussi bien de la décoration, des ustensiles de cuisine, des plantes d’intérieur, sans bénéficier d’aucun conseil ou d’une quelconque mise en valeur.
De plus, l’intégration fréquente des huiles essentielles dans une multiplicité de produits (hygiène, maison, santé, cosmétique) fait que ces richesses ne peuvent pas être produites en quantité suffisante pour satisfaire la demande. Aussi, des petits malins ont eu l’idée d’enrichir des huiles essentielles de moindre qualité avec certaines des molécules qui les composent. Souvent synthétiques, celles-ci sont difficilement détectables par la chromatographie, l’analyse qui permet de vérifier la composition et la qualité d’une huile essentielle ! Les exemples ne manquent pas : le géranium, la rose, le jasmin, les agrumes enrichis en limonène, certains eucalyptus respiratoires, dopés en cinéole pour les rendre conformes aux normes pharmaceutiques ou encore la lavande officinale provenant des pays de l’Est, et dont la pauvreté en linalol et en acétate de linalyle est « compensée » de façon à être vendues deux fois plus cher à des acquéreurs persuadés d’acheter la meilleure qualité…
Ainsi, aujourd’hui nous consommons plus d’huiles essentielles que nous en produisons. Car, faute de traçabilité réelle des produits, nous pouvons nous laisser séduire par du citron jaune des… Pays-Bas. Bien sûr que cet agrume ne pousse pas en Hollande, mais le « jus » final a fait l’objet de mélanges et d’ajouts dans ce pays et elle est ainsi vendue plus cher nous donnant à penser qu’elle est de meilleure qualité.
Ne nous laissons plus abuser, ni séduire par ces produits douteux, dont la production ne repose sur aucune éthique. Si nous n’y prenons garde, cela va finir par discréditer l’aromathérapie, ce qui reviendrait à nous priver d’un moyen exceptionnellement bienfaisant pour notre santé et notre bien-être.