Un Nobel pour les huiles essentielles
Pharmacien je suis, pharmacien je reste et resterai. Aussi, ne comptez pas sur moi pour dénigrer à tous crins l'antibiothérapie. Car cette thérapie est fabuleuse en soi. Mais l'usage médical qui en a été fait dès le début de sa commercialisation, la surconsommation abusive de ces médicaments (agissant sur les bactéries et non sur les virus, les champignons et les parasites), leur ajout dans l'alimentation des animaux destinés à notre consommation, le manque de compliance du patient ont signé l'arrêt de mort de l'antibiothérapie dès le jour où ce médicament est sorti de sa fonction première et réelle.
Alors que les chercheurs du monde entier ne sont plus parvenus à fabriquer une nouvelle molécule antibiotique depuis une quinzaine d'années, alors que les médecins hospitaliers se désespèrent de voir la prolifération de trop nombreux germes résistants aux antibiotiques dans leurs institutions, alors que 2018 a vu, en Europe, 60 000 décès de patients affectés de maladies nosocomiales, alors que l'OMS, située à Genève annonce la fin du statut de médicament pour les antibiotiques dès 2030 tant ils seraient inefficaces, nous avons une obligation morale, éthique et scientifique de mettre sur le devant de la scène ce que la Nature a de plus performant pour combattre ces infections à savoir certaines huiles essentielles dont les activités anti-infectieuses ont été maintes fois validées et démontrées.
Nous ne sommes pas intégristes pour autant, car la santé du patient face à la maladie nous poussera, peut-être, à combiner momentanément huiles essentielles et antibiotiques ; passage obligé (probablement) pour une juste reconnaissance de ces substances aromatiques des plus puissantes extraites des seules plantes dites aromatiques. Utilisées dans ce contexte depuis des centaines d'années, elles ont tôt pris place dans nos pharmacopées et y figurent encore de nos jours. La Nature viendra volontiers au secours de l'Homme pour le sortir d'un très mauvais pas… Les infections au coronavirus par exemple. En effet, l'Homme se sent tout à coup fragile parce que les moyens chimiques efficaces font défaut. Il pourrait devenir urgent d'ouvrir davantage son esprit sur les apports d'huiles essentielles réputées. Citons-en quelques-unes : les cannelles, le thym à thymol, le giroflier, l'ajowan, la sarriette des montagnes, l'origan vulgaire, l'origan compact, le thym à feuilles de sarriette… Leur simple association aux antibiotiques permet de renforcer et de compléter l'action antibactérienne parce qu'il n'y a pas d'antagonisme, ni de compétition dans leur mode d'action, mais bien des mécanismes d'action différents qui créent une réelle synergie pour une efficacité améliorée.
Mieux que jamais l'adage suivant prendra pleinement son sens profond : « Chassez le naturel, il revient au galop ». Et pour les huiles essentielles, une juste récompense de leur exploit se nommerait tout simplement un prix Nobel parce qu'elles le méritent bien.