Covid-19
L'indigo de nos bleus à l'âme
L’indigotier, arbuste originaire d’Asie, a été utilisé depuis les civilisations précolombiennes pour produire un colorant bleu profond : le bleu indigo.
Septième couleur de l’arc-en-ciel selon Newton, elle aurait la propriété d’approfondir les intuitions et d’accompagner la méditation. Plus récemment la notion « d’enfants indigo » s’est répandue, pour désigner des enfants différents, ayant des capacités spirituelles hors du commun, ce qui aurait donné lieu à des dérives sectaires par des groupes ésotériques incitant les parents à sortir leurs enfants du système éducatif.
Cela souligne toute la complexité de cette substance, dont les propriétés médicinales sont connues depuis l’Antiquité, et qui fut préconisée par les homéopathes du siècle dernier pour traiter certaines épilepsies. En dilution homéopathique, l’indigo demeure un remède pour des maux de tête particuliers, avec une sensation de tête gelée, des saignements de nez et le signe curieux d’une transpiration tachant le linge en bleu. Cette prescription est guidée par le comportement caractéristique de ces patients, cherchant à éviter les contacts avec autrui, comme si l’autre était a priori impur, contaminant, comme on l’inculque dans certaines sectes. Repli sur soi, méfiance généralisée conduisent ces personnes vers un univers inquiétant, dangereux, auquel la seule échappatoire reste la solitude, l’isolement… la distanciation sociale.
Telle accolade, telle caresse, tel baiser cessent d’être de chaleureux signes d’affection, de reconnaissance, d’acceptation pour devenir des souillures, des contaminations à rejeter.
Emmurés dans leur tour d’ivoire bleue, privés de la douceur des contacts physiques, les patients indigo surdéveloppent leurs capacités d’idéation au détriment de leur empathie. Dans la tourmente de la pandémie qui nous a plongés du jour au lendemain dans un univers anxiogène et pathogène, ils ont trouvé le pendant à leurs angoisses existentielles dans le vécu quotidien d’une population privée de vie sociale autre que virtuelle, et encouragée à considérer son prochain comme un potentiel porteur de virus tueur.
Pourtant, dès sa naissance, c’est le contact de la peau de sa mère qui éveille les sensations et l’intellect du nourrisson, le faisant ainsi pénétrer dans la grande communauté humaine.
Tout au long de nos longs mois de confinement, nous n’avons cessé de rêver à ce moment où nous pourrions à nouveau serrer dans nos bras nos proches de tous âges, les embrasser, caresser leurs cheveux ou tout simplement nous attabler à leurs côtés, avec confiance et légèreté.
Ne sombrons pas dans le bleu, dans la nuit bleue de la mise à distance d’autrui, faisons-nous confiance les uns les autres car c’est ainsi que nous serons plus forts.