Ginkgo biloba, le maître du temps
La forme des feuilles du ginkgo, au design épuré, si moderne, est unique au monde, et réellement antique. Les autres arbres avec leurs feuilles à nervures centrales sont en fait des modèles beaucoup plus récents, issus d’un lent processus adaptatif. De la même façon, les « œufs » des ginkgos femelles, si nauséabonds quand ils se désagrègent, faute d’avoir été fécondés, sont aussi des dinosaures végétaux. Ce mode de reproduction, avec autant de gaspillage énergétique a été abandonné par les arbres plus récents.
Le ginkgo est en fait une sorte de « fossile » végétal vivant, selon Darwin, un rescapé d’ères antérieures, un témoin d’époques si anciennes que les autres êtres vivants sur Terre les ont toutes oubliées.
Mais pour survivre dans notre époque, le ginkgo a inclus un symbiote dans ses cellules, une algue monocellulaire qui supplée à ses carences d’ancêtre. Si bien que maintenant cet arbre est si résistant, qu’il est souvent présent dans nos villes où la pollution de l’air ne l’effraie pas.
Cette situation unique entre ancienneté, adaptabilité et modernité, se retrouve dans les usages du médicament homéopathique (et aussi phytothérapique) Ginkgo biloba. Médicament réputé pour ses vertus protectrices des vaisseaux les plus fins du corps, ceux qui irriguent les extrémités de nos membres – mais aussi le cerveau, l’oreille interne, les yeux – Ginkgo biloba confère de ce fait une sorte de longévité adaptative à l’organisme soigné. De plus, les patients pour qui ce remède est le plus efficace, ont en commun un rapport au temps bien spécifique. Avec une sensation d’éternité, d’être à la fois ni vieux ni jeunes, hors d’âge, au-delà du vieillissement, ils se vivent comme des survivants du passé aussi bien que des conquérants du futur.
Leur circulation sanguine préservée fait courir jusqu’aux confins de leurs corps, une onde d’énergie vitale qui les propulse vers l’avenir.
Or la maladie virale qui nous affecte en ce moment semble bien s’attaquer à nos vaisseaux, les obstruant, les enflammant, les détruisant. C’est de cette façon qu’elle nous menace, qu’elle sape l’énergie des personnes atteintes, qu’elle remet en question les projets de croissance et d’expansion de nos sociétés humaines.
Ginkgo biloba pourrait donc faire partie d’un arsenal thérapeutique réparateur issu des plantes qui nous inspirent pour rétablir notre équilibre rompu en nous suggérant des astuces adaptatives pour apprendre du passé et recréer l’avenir.
Nous pourrions, nous aussi, reconnaître nos archaïsmes (comme le culte de la croissance) chercher une voie évolutive différente sinon le darwinisme écologique aura raison de nous.