L'eupatoire chasse les démons
L'eupatoire perfoliée, origan des marais ou chanvre d'eau, est une des « herbes à fièvre » des Amérindiens. Elle soigne les fièvres accompagnées de courbatures musculaires et douleurs osseuses, elle calme les diarrhées et chasserait les démons, selon la légende, grâce à ses infusions répandues à l'arrosoir autour de la maison.
De nos jours, ce sont les homéopathes qui l'utilisent le plus dans les cas de grippe, lorsque les douleurs osseuses prédominent et que les patients assoiffés vomissent avant même que la moindre gorgée d'eau n'ait atteint leur estomac.
Les grippes, comme toutes les atteintes virales, ont de multiples façons de se manifester, chaleur ou frilosité, maux de tête ou coliques, abattement anxieux ou excitation fébrile pour n'en citer que quelques-unes. Selon les virus impliqués, mais aussi selon le terrain préexistant des personnes atteintes, tel symptôme prédominera, ou tel autre. C'est pour cela que l'abord homéopathique, qui se soucie plus de ces symptômes que d'une quelconque systématisation en fonction d'un diagnostic, sera très adapté pour soulager chaque individu selon sa propre expression clinique.
Cependant, chaque hiver nous voyons des patients épuisés, anxieux, nauséeux et surtout se plaignant de fortes douleurs osseuses. Or Eupatorium perfoliatum en dilutions homéopathiques permet de soulager ces patients et de les sortir vite de leur maladie sans recourir à une antibiothérapie risquant d'aggraver la si redoutée antibiorésistance.
L'eupatoire perfoliée est une jolie plante qui se couvre en été de fleurs blanc-rosé, un peu vaporeuses, attirant papillons et insectes pollinisateurs. La particularité de son feuillage tient au fait que ses feuilles sont soudées deux par deux autour de la tige, ce qui lui confère une certaine rigidité et lui a valu son nom d'« herbe à souder ». Cela n'est pas sans rappeler le symptôme homéopathique d'Eupatorium perfoliatum, quand les personnes malades ont la sensation que leurs os vont se briser, voire qu'ils le sont déjà ! Ajoutons à cela les témoignages de nostalgie, de désir de rentrer à la maison, de besoin d'être tenu, et l'on voit comment l'angoisse profonde exprimée est celle de conserver le soutien d'un entourage familier, soudé, soutenant, rassurant.
La période anxiogène que nous traversons, menaçante, où il nous semble que les certitudes qui nous portaient sont en train de s'effondrer, que rien ne sera plus comme avant, alors que nous osons à peine prendre dans nos bras ceux qui en auraient besoin, est le moment pour ce symptôme viral de ressortir avec force.
N'aurait-il d'autre fonction que d'offrir un exutoire à notre angoisse, alors que nous pressentons la fin de l'insouciance ?
Ou bien vient-il nous aider à chasser nos démons ?