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L'âme du bio

L'âme du bio

Décidément, aucun domaine ne semble pouvoir échapper à l’instabilité du monde. Après avoir connu une croissance à deux chiffres, le secteur de l’alimentation bio est ainsi touché par un retournement brutal de conjoncture. Au cours de l’année 2021, la tendance de la consommation s’est complètement inversée. Selon le cabinet d’études IRI, avec 5,1 % de part de marché en 2021, le bio stagne. Les chaînes spécialisées affichent un chiffre d’affaires stable, voire en baisse. Tandis que le baromètre LSA sur la consommation responsable annonce que les Français ont consommé en moyenne 173 euros de produits labellisés en 2021, soit 14 % de moins que l’année précédente. Tant et si bien qu’un événement national, le Printemps bio, est organisé pour relancer la sensibilisation*.

Mais sur le fond, que se passe-t-il ? Tout d’abord, le prix élevé de ces produits, dans un contexte de tension sur le pouvoir d’achat, a un vrai impact. Mais il me semble que la prise de distance vis-à-vis du bio n’est pas uniquement due à des causes économiques. En effet, faire ce choix correspond aussi à des valeurs, ce qui implique une relation spécifique entre les acheteurs et les distributeurs ou producteurs. Or j’ai l’impression qu’aujourd’hui, ce lien implicite s’est beaucoup distendu. Que penser, par exemple, du turnover et du manque de formation des vendeurs de certaines chaînes spécialisées qui ne savent pas nous renseigner sur l’emploi de la farine de sarrasin, ou l’intérêt du kombucha ? Par ailleurs, le boom d’un bio industriel basé uniquement sur des normes ou des modes éphémères finit par porter atteinte à son image : il est clair que les engagements pour des produits plus sains, mais aussi protecteurs de l’environnement, ont perdu en consistance.

Les consommateurs exigent plus d’informations sur les garanties, la réglementation, les contrôles du secteur. Ils ont besoin d’être rassurés sur ce que recouvre vraiment le label à la petite feuille verte. À l’heure où une étude conjointe Inrae-Ifremer conclut aux dégâts importants causés par les pesticides et autres fongicides sur la biodiversité, ces questions doivent habiter plus que jamais la démarche des acteurs du bio. C’est pourquoi l’heure n’est plus au soutien sans condition, même si nous souhaitons continuer à acheter ces produits – ce qui nous demande plus d’effort. Le bio doit retrouver son âme et cet engagement total que défendait Pierre Rabhi : « L’agroécologie […] est liée à une dimension profonde du respect de la vie sous toutes ses formes… »

* Le Printemps bio, jusqu’au 20 juin, infos sur Agencebio.org

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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