Nouvelles agoras

Des débats, des rencontres, des ateliers participatifs ou ludiques… En ce moment, de nombreuses manifestations rassemblent un large public : lors de ces événements engagés aux thématiques éclectiques, on s’informe en présence d’experts, on jette des ponts entre diverses disciplines, on dialogue avec, en toile de fond, une préoccupation commune : repenser la façon dont nous habitons le monde. Ainsi, le festival « Agir pour le vivant » qui a eu lieu pendant une semaine fin août à Arles, vise à « faire émerger de nouvelles réflexions et méthodologies d’action pour le vivant et la biodiversité dans les territoires, au sein des entreprises et pour les citoyens ». Fin octobre, l’Université catholique de Lille lance une grande dynamique citoyenne, scientifique, artistique, pédagogique pendant cinq jours, baptisée Ecoposs. Avec quelque deux cents animations, il y sera question, sans tabou, aussi bien de villes durables que de l’empreinte carbone du numérique ou des nouvelles technologies de la santé… À Paris, le Conscious Festival entend, lui, sensibiliser aux nouvelles formes d’engagement.

L’originalité et la force de ces manifestations tiennent aux formats inattendus qui y sont proposés, et à la liberté de prise de parole et de ton qui y règne. C’est par un chant de la cheffe de la tribu des Kariri-Xocó au Brésil que s’est ouvert le débat sur la « cosmologie des liens et savoirs ancestraux », à Arles. Quoi de mieux pour donner une autre résonance aux mots de cette femme-médecine, quand elle raconte les liens entretenus par les siens avec la nature… À Lille, donner des clés de compréhension, c’est proposer des ateliers pour que les enfants testent eux-mêmes des techniques de recyclage… À Blois, les Rendez-vous de l’histoire, dont le thème est la mer, sont portés par une ambiance d’université populaire en présence de quelque mille intervenants.

Peut-être restez-vous sceptiques quant à la possibilité de faire vivre concrètement l’esprit de l’agora. Je suis pourtant convaincue que, comme l’« archer atteint sa cible avant même d’avoir tiré », nous sommes en train d’écrire un autre récit des possibles. C’est ainsi que mature ce qui va nous permettre de vraiment innover, non pas selon la logique qui s’illustre par exemple dans des projets relevant surtout du green washing, mais d’une façon fondamentale, en repensant complètement notre rapport à l’environnement et au vivant.