Tous dehors !

Et si l'on positivait le dehors ? Chiche ! L'épreuve partagée des semaines de confinement en 2020 est venue rappeler notre besoin de sortir hors les murs, dans les bois, les prés, sur la plage ou dans des espaces verts urbains afin de nous sentir en contact avec la nature. Lors du retour en classe des enfants, plusieurs expériences d'« école du dehors » ont même été concrétisées, venant rejoindre des initiatives de ce genre qui étaient nées avant la crise sanitaire du Covid-19.

À l'échelle de la vie humaine, cela fait finalement peu de temps que nous restons autant cloîtrés dans nos intérieurs, occupés à des ­activités des secteurs secondaire et tertiaire. Même pendant les loisirs, beaucoup d'entre nous s'enferment dans leur salon, dans des centres culturels, gymnases et autres salles ­obscures. Pourtant, le dehors présente des bénéfices multiples notamment sur le développement des enfants, la santé mentale, le maintien des capacités motrices et sociales.

Enfant, quoique parisienne, j'ai passé beaucoup de temps à jouer dehors, dans ma cité et dans le parc tout proche, et c'est même un des éléments constitutifs majeurs de mon identité. Devenue animatrice nature, j'ai ­sillonné les bois, prés, parcs et jardins avec différents publics, constatant les effets positifs que cela produisait sur nombre de leurs capacités. Aujourd'hui thérapeute, je propose des ­ateliers collectifs et des séances de ­psychothérapie individuelle en plein air. Au-delà des effets bénéfiques sur les systèmes nerveux et immunitaire que des études scientifiques viennent démontrer, le dehors, la nature, les espaces végétaux constituent un tiers facilitateur, un médium malléable sur lequel je m'appuie pour accompagner les personnes.

Le contact avec la nature permet tout d'abord une réappropriation des sensations corporelles et, par là même, une conscience d'être qui fait parfois défaut chez certains d'entre nous. Les éléments paysagers, les végétaux, présents même en hiver, permettent de se projeter, de symboliser : « Je me sens comme cet étang calme. J'ai besoin de rester tranquille, de ne pas me disperser. » Ou encore : « Cet arbre qui a perdu ses feuilles me parle. Comme lui, je voudrais me délester pour renaître différent. » Même avec des personnes empêchées, résidant en Ehpad par exemple, j'apporte au cours de mes séances un peu de dehors en intérieur : un bouquet de fleurs fraîchement cueillies dans mon jardin, qui nous permet de sortir par procuration et facilite la mise en récit de soi.

Certes, le dedans rassure : la chambre, la classe, le bureau, le cabinet du thérapeute peuvent protéger et contenir, comme un cocon. Je préfère cependant leur réserver une fonction d'abri ponctuel plutôt que de prison perpétuelle. L'humain est un être en mouvement et le dehors, un formidable terrain d'expression. Alors ? Tous dehors !