Dossier
Face au cancer, quels soutiens naturels adopter ? (4/5)
Nous connaissons ou avons tous connu une personne touchée par le cancer. Et pour cause, un tel diagnostic concerne 400 000 Français de tous âges chaque année. Or, de maladie aiguë et mortelle, le cancer s’est mué en affection de longue durée, survenant plus tôt et permettant une plus grande espérance de vie. Pour mieux vivre la maladie et ses à-côtés, comme la fatigue ou les effets secondaires des traitements, des soins d’accompagnement naturels sont recommandés.
Soulager les troubles digestifs
Les chimiothérapies, auxquelles s’ajoutent d’autres traitements associés comme la cortisone et les antibiotiques, sont sources de nombreux troubles digestifs (nausées, colites, ballonnements, constipations...). Ces effets secondaires sont dus à une altération de la fonction du foie, fortement sollicitée (en savoir plus ici), mais aussi à une flore intestinale perturbée, auquel s’ajoute un affaiblissement de l’épithélium digestif.
« Les chimiothérapies visent la destruction des cellules cancéreuses en phase de division. Or, certains tissus sains de l’organisme aux cellules se divisant rapidement, comme la muqueuse intestinale, vont être également très sensibles à ces produits », explique le Dr Ménat. En conséquence, la perméabilité intestinale s’accroît, entraînant une perturbation du système immunitaire, un encrassement de l’organisme, des intolérances alimentaires et une malabsorption des vitamines.
Face à ces troubles, renforcer le microbiote est l’un des premiers réflexes à adopter. Plusieurs travaux scientifiques, comme ceux menés en 2013 à l’Inserm, montrent un lien entre flore intestinale de bonne qualité et efficacité de la chimiothérapie.
En pratique
Le Dr Ménat conseille l’apport de 5 à 10 milliards de bactéries par jour avec des formules associant trois à cinq types de bactéries, pendant toute la durée de la chimio et les deux mois suivants la fin du protocole. Il y ajoute de la...
chlorophylle (400 mg par jour en deux prises) : son action assainissante sur la flore intestinale fongique procure un léger effet laxatif, absorbe les gaz intestinaux et régule la fermentation.
Outre un soin attentif apporté à son alimentation (lire détails ci-dessous), mettre son système digestif au repos pendant la cure de chimiothérapie s’avère aussi bénéfique. Selon diverses études, une diète aux jus ou potage de légumes permet de réduire les effets secondaires et d’améliorer la tolérance générale. Cela pourrait même augmenter l’effet du traitement.
Le Dr Ménat recommande donc un verre de jus de légumes quatre à six fois dans la journée dès la veille de la chimio à partir de 17 h, le jour même et le lendemain. À la fin de la cure hospitalière, une diète, ou même un jeûne pour les plus motivés, sur trois à dix jours, peut aider à nettoyer l’organisme et prévient les risques de récidive cancéreuse.
Il faut oublier le sucré
« Vous avez envie de manger des gâteaux ? Bien sûr, faites-vous plaisir ! » Cette réponse, souvent entendue en cancérologie, a de quoi laisser pantois. Elle occulte le rôle délétère du sucre, qui nourrit les cellules cancéreuses.
Beaucoup d’auteurs orientés médecine naturelle conseillent de réduire fortement non seulement la consommation en sucres rapides (biscuiterie, viennoiserie, desserts sucrés, sodas…), mais aussi en sucres lents (céréales du petit-déjeuner, pain blanc, biscottes…) et ce, quelque soit le type de cancer et son stade évolutif, afin d’ôter aux tumeurs du « carburant ».
Récemment plébiscité, le régime cétogène pousse cette logique jusqu’au bout en supprimant tous les sucres. Considéré comme le seul « régime thérapeutique du cancer », il est cependant difficile à suivre, et sous étroite surveillance médicale car déséquilibré nutritionnellement. Le Dr Éric Ménat le réserve aux cas les plus lourds, cancers très agressifs, métastasés ou récidivants.
Du gingembre contre les nausées
Pour lutter contre les nausées et le manque d’appétit qui en résulte, outre le desmodium en première intention (conseil d’emploi ici), on peut ajouter le gingembre. Bien connu pour ses propriétés antiémétiques, dont plusieurs études ont mis en lumière l’efficacité dans les chimiothérapies, ce rhizome est aussi un grand antioxydant et un protecteur de l’estomac, anti-ulcéreux.
À prendre à raison de 5 à 10 grammes par jour de plante fraîche, soit l’équivalent de 1 à 2 g de gingembre en poudre dans les trois jours précédents et suivants la chimiothérapie ainsi que le jour même.
Des glaçons contre la mucite
En cas de chimiothérapie courte, de deux ou trois heures, une astuce très simple permet d’éviter les mucites (aphtes) souvent consécutives : sucer un glaçon pendant toute la durée de la perfusion. Il convient de commencer quinze minutes avant et de poursuivre trente minutes après. Ce faisant, une vasoconstriction est créée au niveau buccal : la chimio y sera moins présente, limitant ainsi les effets secondaires.