Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

La nature au cœur de notre santé (3/4)

La littérature scientifique s'enrichit chaque année de nouvelles études sur les bienfaits de la nature sur notre santé. Comment agit-elle sur nos sphères physique, psychique et sur notre bien-être ? Gestion du stress, maintien de l'équilibre mental, nourriture intellectuelle et spirituelle…  Nous vous livrons des clés pour retrouver une alliance thérapeutique avec Mère nature. 

Un mental plus serein

Un mental plus serein

Notre équilibre psychique et émotionnel a besoin de nature pour bien fonctionner. Nous en avons pris conscience lors des confinements liés à la pandémie, où ceux qui avaient vue sur la verdure ont mieux résisté à l’anxiété générale. Le soutien d’une nature vivante offre également une déconnexion salutaire à nos esprits surmenés. Habiter en ville laisse en effet peu de répit à notre cerveau, explique le neuroscientifique Michel Le Van Quyen, car le bruit et l’agitation citadine stimulent en permanence notre amygdale, cette partie du cerveau qui adapte notre comportement aux peurs et dangers. Ce qui-vive constant élève le taux de cortisol (hormone liée au niveau de stress) ainsi que le risque de développer des maladies neurologiques. Mais la pression mentale est également présente à la campagne, où « on ne profite pas beaucoup du cadre de vie du fait d’emplois du temps chronométrés, nécessitant la voiture pour le moindre déplacement entre la maison, le travail, l’école, le médecin, les courses… L’accélération de nos modes de vie touche en réalité tout le monde », analyse la psychopraticienne et écothérapeute Juliette Cheriki-Nort.

Conscients de ce mal-être civilisationnel, plusieurs pays ont développé des programmes nationaux de thérapie par la nature. Au Japon, en Corée ou au Canada, les médecins sont habilités à prescrire 20 minutes de nature par jour. Mais ne négligeons pas le fait de nous y « aventurer » seuls. Ainsi, des chercheurs de Stanford en Californie ont analysé les effets sur le cerveau d’une heure trente de marche en centre-ville ou dans un parc boisé. Ils ont constaté chez les randonneurs du parc une baisse générale du stress, du pessimisme, des ruminations négatives et une amélioration de la mémoire et de la concentration. Le scanner cérébral a révélé que cette marche avait aussi réduit l’activité du gyrus cingulaire antérieur, « une zone suractivée chez les personnes ayant tendance à la rumination mentale », décrypte Michel Le Van Quyen. Les experts arrivent tous à la même conclusion : le mental s’apaise bien davantage dans un cadre naturel, même s’il s’agit d’un espace vert urbain. Pas besoin de faire un jogging ou une marche intense. Quinze minutes de contemplation ou de méditation dans un lieu boisé ou champêtre, suivies d’une balade d’une demi-heure, permettent déjà de faire baisser son taux de cortisol et de susciter des émotions positives, selon une étude finlandaise.

L’idéal serait de s’accorder un temps de nature au quotidien afin d’en ancrer les effets dans la durée. Certes, des recherches cognitives montrent que regarder...

quelques secondes des photos ou des vues de nature plusieurs fois dans la journée réactive la concentration au travail. Mais il serait dommage de ne pas vivre l’expérience de la nature en trois dimensions. Balades en forêt, sur les chemins champêtres, les sentiers de montagne ou au bord de l’eau… ces paysages naturels exercent sur nous « une fascination douce », qui ne nécessite aucun effort et « restaurent notre attention », ont théorisé les psychologues américains Rachel et Serge Kaplan. On prend alors conscience du calme qui nous entoure, un univers sensoriel doux et chantant, source de bien-être.

Prendre de la hauteur

Et si on regardait la vie du haut d’un arbre pour prendre un peu de recul et s’offrir un moment de fusion avec la vie végétale ? Plusieurs associations proposent des initiations à la grimpe, pour apprendre à se hisser dans les arbres tout en les respectant. On peut en profiter pour se choisir un endroit en haut des cimes et y rester pour dormir dans un hamac. Voici quelques exemples d’ateliers de grimpe d’arbres et de bivouacs perchés :

Une méta-analyse scientifique a d’ailleurs montré que ces sons naturels nous mettaient d’humeur positive tout en boostant nos capacités d’apprentissage. En effet, le cerveau a besoin de cette forme de silence pour recharger ses batteries et calmer son tumulte intérieur. Tout comme le bercement de la mer « fait écho à nos ondes cérébrales alpha qui fonctionnent aussi sous forme de vagues lorsqu’on est au repos », s’émerveille Michel Le Van Quyen.

Pour ma santé

Cure de sons naturels

À force de ne plus l’entendre, on oublie combien le silence, surtout quand il est ponctué du gazouillis des oiseaux, du cricri des grillons, du clapotis de l’eau, nous manque. Dans le sillage du naturaliste Marc Giraud et de l’écothérapeute Juliette Cheriki-Nort, on profite d’un espace vert à l’écart du bruit pour régler nos oreilles sur «radio nature»:

  • En mode « caresse vibratoire » : les yeux fermés ou dans le vague, on prend le temps de s’imprégner de l’atmosphère, des sons discrets de la nature et de notre propre corps. Peu à peu, l’harmonie de ces sonorités va générer un agréable état de calme.
  • En mode « stimulation cognitive » : les yeux clos, on s’amuse à un inventaire des sons alentour. Le chant de ce merle est-il lointain, proche, devant ou derrière moi ? Les passants marchent-ils sur l’herbe ou sur le chemin ? Se focaliser sur le sens auditif développe en douceur l’acuité, la concentration et la créativité.

Ces plongées dans la nature « stimulent l’élan vital de l’humain », complète Juliette Cheriki-Nort. Les arbres, les plantes et la vie animale offrent une réalité tangible sur laquelle s’appuyer lorsque le psychisme tangue. Les personnes sujettes à la dépression ou aux troubles nerveux s’aperçoivent que le vivant a aussi ses failles, « comme cet arbre tordu qui trouve des stratégies pour continuer à exister », glisse la psychopraticienne. Lorsqu’on prend le temps d’observer comment ce vivant fait pour s’en sortir dans ses limites et sa diversité, « on développe également une empathie à ce qui est autre que nous, au monde végétal, animal et à l’humanité ». Un cercle vertueux que le Muséum d’histoire naturelle a souligné dans une étude montrant que s’impliquer dans les sciences participatives pour la planète améliore le stress et le bien-être. Prendre conscience que nous faisons partie de la même terre renforce le sentiment de connexion à la nature et peut même faire naître un besoin de la protéger.

Jean-Baptiste Dumond, photographe animalier

Une relation cognitive à la nature

« Dans mon métier, j’ai appris à développer une concentration intense, notamment lorsque je m’approche d’un animal pour le photographier. Pendant le brame du cerf, par exemple, je progresse centimètre par centimètre dans la forêt et tout mon esprit, mon corps, ma vue et mon ouïe sont tendus vers cet objectif. Moi qui suis d’un naturel nerveux et très énergique, je suis obligé de canaliser mon attention, de sentir le sens du vent et de faire de longues pauses entre deux mouvements pour faire corps avec la nature. Si mon attention divague, l’animal le sent immédiatement et s’enfuit. Ces expériences me reconnectent à un état un peu plus primitif, comme si, dans les pas des premiers humains, je retrouvais une relation très ancienne avec la nature, plus intense et plus cognitive.

Aller plus loin sur le site Faunesauvage.fr

Yoann Defert, agriculteur bio en polyculture

Réussir à lâcher prise

« Dans le monde agricole, on est toujours à fond. C’est un métier difficile avec beaucoup d’incertitudes quant à l’avenir. Après une licence d’écologie et un diplôme d’ingénieur agronome, j’ai repris la ferme de mes parents et j’ai développé de la polyculture bio avec de l’élevage et du maraîchage dans un esprit d’autonomie et d’équilibre. Quand la pression est forte, je me vide la tête en désherbant autour de mes légumes, ce geste maîtrisé et ancré en moi depuis petit me rassure. Il faut apprendre aussi à lever le nez au-dessus de nos cultures pour voir la beauté de la nature autour. On s’extasie devant l’exotisme au bout du monde, mais moi, ce qui m’apaise, c’est d’arpenter mes terres et de contempler la diversité que j’y crée avec des prairies sèches, une mare, la zone des crapauds, le bord de la rivière… On est en lien direct avec le cycle de vie végétale et animale, c’est une leçon d’humilité. Être conscient de la nature me remet les compteurs à zéro et me permet de lâcher prise. Ferme de Vézelay Terroirs à Saint-Père (89).

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