Dossier
La nature au cœur de notre santé (1/4)
La littérature scientifique s'enrichit chaque année de nouvelles études sur les bienfaits de la nature sur notre santé. Comment agit-elle sur nos sphères physique, psychique et sur notre bien-être ? Gestion du stress, maintien de l'équilibre mental, nourriture intellectuelle et spirituelle… Nous vous livrons des clés pour retrouver une alliance thérapeutique avec Mère nature.
© © Justa Jeskova Photography
La nature au cœur de notre santé
La littérature scientifique s'enrichit chaque année de nouvelles études sur les bienfaits de la nature sur notre santé. Comment agit-elle sur nos sphères physique, psychique et sur notre bien-être ? Gestion du stress, maintien de l'équilibre mental, nourriture intellectuelle et spirituelle… Nous vous livrons des clés pour retrouver une alliance thérapeutique avec Mère nature.
Nous devons au chercheur américain Roger Ulrich la première vraie étude sur les effets thérapeutiques de la nature sur la santé. En 1984, sa publication, en démontrant que les malades disposant d’une vue sur la verdure voyaient leur guérison s’accélérer, a ouvert un nouveau champ de recherches. Depuis, les scientifiques ont multiplié les travaux sur cette thématique en Grande-Bretagne, aux États-Unis, au Canada, en Corée et surtout au Japon. Là-bas, on mesure depuis vingt ans les bénéfices physiologiques et psychologiques des bains de forêt, ou shinrin yoku. Les bénéfices constatés – baisse de la tension artérielle et du rythme cardiaque, régulation du système nerveux et de l’anxiété, amélioration de l’immunité – sont tels que le Japon a élaboré un programme national de santé avec une soixantaine de sites forestiers dédiés à la sylvothérapie.
Le constat s’avère donc unanime, nous avons besoin d’un contact régulier avec la nature pour maintenir notre équilibre physique, psychique et notre bien-être général. Or, nous vivons de plus...
en plus loin des espaces naturels, alertent des chercheurs franco-allemands qui parlent même d’une « extinction de l’expérience de la nature » dans une étude publiée en novembre dernier. En moyenne, les humains habitent à plus de 9 kilomètres d’une zone naturelle ; et cette distance moyenne est de 16 kilomètres en France. Autre phénomène inquiétant, nous visionnons davantage de reportages consacrés à la nature, mais n’est-ce pas une preuve supplémentaire que nos écrans ont tendance à remplacer l’expérience réelle ?
Sans compter que consommer des « doses de nature », est-ce vraiment la solution pour s’en rapprocher et en bénéficier ? On peut s’interroger, comme le fait la sociologue Alix Cosquer, sur « le risque de développer une vision exclusivement utilitariste de la nature », très autocentrée sur l’humain, au lieu de « comprendre les liens d’interrelations que nous entretenons avec elle ». Ces liens sont ancrés dans notre cerveau reptilien depuis l’homme de Néandertal, mais la vie urbaine et moderne a émoussé notre connexion avec l’environnement. Nous en sommes convaincus, il est impossible de ressentir les bénéfices qu’elle nous offre sans renouer cette alliance, sans rencontrer la nature au niveau sensoriel et sensible. C’est cette disponibilité et cette ouverture que nous vous invitons ici à cultiver, en nous appuyant sur l’état des lieux dressé par la science, mais aussi à partir de conseils pratiques et de témoignages. Il est plus que temps de remettre le vivant au cœur de nos vies.
Pour ma santé
Observer le vivant détend les neurones
Dans notre monde ultra-connecté, notre regard est plus souvent absorbé par les écrans que par les paysages naturels. Or, le contact visuel avec la nature est essentiel pour détendre certaines régions de notre cerveau comme l’hippocampe, en lien avec la mémoire et l’apprentissage. L’écothérapeute Juliette Cheriki-Nort propose deux manières de s’y exercer.
- La vision contemplative. On détend le sens visuel en laissant le regard flotter et englober l’ensemble du paysage sans rien fixer de précis, et sans rien en attendre.
- La curiosité naturaliste. L’idée est de « zoomer » sur de tout petits éléments du vivant comme la forme d’une feuille, le pissenlit qui pousse dans le béton, les fourmis… Ainsi, nous réapprenons à observer un autre que soi dans sa singularité et à développer de l’empathie.