Dossier
Une sexualité plus épanouie (2/5)
Et si on essayait de renouveler l'alchimie de notre désir ? Prenons le temps de découvrir pourquoi il peut fluctuer et de remédier aux freins psychologiques et physiques qui nous bloquent parfois. Médecins, sexologues, phytothérapeutes nous transmettent ici des clés pour mettre notre sexualité au diapason de nos aspirations, tout en prenant soin de soi et de la relation à l'autre…
Faire le point sur sa libido
Où en suis-je dans ma libido ? Cette sensation d’attraction, d’envie, d’attente, de besoin est-elle présente en moi en ce moment ? A-t-elle évolué avec le temps ? Car si notre libido peut être tout à fait stable à certaines périodes, nous pouvons aussi traverser des passages de calme plat, ce qui peut être plus ou moins bien vécu. Jean-Christophe Charrié, médecin généraliste et président de l’Institut d’endobiogénie, médecine et physiologie intégrative (IEMPI), se veut rassurant et déculpabilisant : « Un désir sexuel qui fluctue est normal ». Et nos hormones y sont pour quelque chose : « La testostérone, les œstrogènes et la progestérone sont impliqués dans le désir sexuel mais s’expriment différemment chez l’homme et la femme. » Ainsi, la libido féminine dépend du cycle menstruel. « Elle est souvent plus forte lors de l’ovulation du fait d’un pic d’œstrogènes, et juste avant ou au début des règles, de par la présence de prolactine et l’absence d’une crainte de grossesse », explique Jean-Christophe Charrié. Et chez les hommes ? « Ils n’ont pas de cycle, car ils produisent chaque jour des spermatozoïdes et peuvent donc être tout le temps excitables. » Si 100 % des personnes ne se reconnaissent pas dans ce constat biologique, cela explique toutefois certains décalages. « Dans la plupart des cas, l’homme est toujours demandeur tandis que la femme oscille entre forte envie sexuelle et désir absent, ce qui peut être ressenti comme un désamour », conclut le médecin. Annabelle Pongratz Muller-Vitu, sexologue et phytothérapeute, pointe l’importance de bien communiquer : « Les discussions sur la sexualité sont souvent inexistantes au sein du couple, or libérer la parole désamorce le sujet. Et le recours à la masturbation est un bon moyen d’atténuer les frustrations et de patienter ». Au-delà de ces fluctuations, certaines personnes s’inquiètent d’avoir moins de vigueur sexuelle lorsqu’elles prennent de l’âge. Rassurez-vous, il est courant après 60 ans d’avoir un désir sexuel moins fort, lié à une baisse de sécrétion de testostérone. Ce qui ne signifie pas pour autant faire une croix sur sa vie sexuelle !
Se reconnecter à sa sensorialité
Si vous avez du mal à lâcher prise dans votre sexualité, si vous êtes happé par vos pensées, vos complexes, votre charge mentale, la sophrologue parisienne Catherine Aliotta vous propose cet exercice à pratiquer en couple.
- L’un en face de l’autre, prendre chacun une profonde inspiration, gonfler le ventre et souffler doucement par la bouche.
- Prendre les mains de son conjoint et se concentrer sur la douceur de sa peau, la chaleur de sa main, sentir peut-être son parfum.
- Écouter la respiration de l’autre, voire se synchroniser avec son conjoint en respirant sur le même rythme.
- Inspirer et expirer ensemble trois fois, sur le même rythme.
- Imaginer le regard de l’autre, son sourire, visualiser une partie de son corps qui suscite le désir.
Par ailleurs, notre appétence sexuelle varie en fonction des périodes de vie que nous traversons. « Au début d’une relation, le désir est très fort, mais une fois la découverte passée, il peut y avoir une baisse de libido, notamment chez la femme », explique Annabelle Pongratz Muller-Vitu. Cela peut aussi être un symptôme du post-partum, de la périménopause ou de la ménopause, périodes durant lesquelles une chute de progestérone et d’œstrogènes emporte avec elle notre désir sexuel. Si vous êtes sous contraception, Jean-Christophe Charrié précise que les pilules progestatives « placent la femme dans un état subliminal de grossesse, évitant ainsi l’ovulation, mais également une baisse de la libido ». Jacques Labescat, médecin généraliste phytothérapeute, alerte sur l’effet de certains médicaments sur la sexualité masculine : « Beaucoup d’hypotenseurs, diurétiques, antihistaminiques et antiparkinsoniens sont anéjaculateurs ».
Se mettre au diapason de l’autre
L’un est très excité, l’autre préférerait se coucher tôt après un bon film et une tisane. Les périodes de décalage du rythme et du désir sont fréquentes, mais peuvent être mal vécues par les deux partenaires. Pour mieux les accompagner, la psychothérapeute Manuela Chambeyron conseille les élixirs floraux suivants :
- Gardenia : Pour relancer le contact avec l’autre en cas de routine, casser l’éloignement et ramener de la tendresse.
- Impatience : Pour apprendre à patienter, à mieux gérer l’acceptation du refus de l’autre.
- Ortiga brava : Pour augmenter notre capacité à aller vers le/la partenaire lorsqu’on se sent en décalage avec lui/elle.
Posologie : Prendre 4 gouttes de l’élixir 3 fois par jour, le temps que dure le décalage.
D’autres aspects de notre mode de vie, comme un manque de sommeil, une mauvaise alimentation ou encore trop de temps passé sur les écrans peuvent impacter la libido. Car cette dernière dépend de notre tonus général. On peut néanmoins rapidement pallier une fatigue physique en se couchant plus tôt (sans télé, ni ordinateur, ni téléphone au lit) et en évitant les anaphrodisiaques : alcool, café, bière dont le houblon exerce un effet sédatif chez les hommes, aliments trop sucrés qui provoquent une baisse de vitalité. Annabelle Pongratz Muller-Vitu vante également les vertus antifatigue et antidéprime de certaines plantes : l’escholtzia en gélules (300 mg au moment du repas), l’application d’une goutte d’huile essentielle de camomille noble sur le poignet, à respirer profondément pour restaurer le sommeil et calmer les angoisses ; ou encore l’eps de mucuna pruriens (1 c. à soupe le matin pendant 15 jours au plus) pour un effet dopaminergique en cas de déprime. Enfin, si notre sexualité peut participer à notre bien-être psychique, à l’inverse, les difficultés psychiques peuvent avoir une influence sur l’envie de sexe. Des traumatismes subis dans le passé peuvent par exemple engendrer des blocages. En plus d’une thérapie chez un psychologue, Manuela Chambeyron, psychothérapeute, propose les élixirs floraux suivants : « Flannel Flower lorsqu’on n’est pas à l’aise avec le contact physique, Wisteria en cas de peurs provenant d’abus sexuels et Balsam Poplar Alaskan pour rééquilibrer notre énergie sexuelle ». Si les blocages sont plutôt liés à des complexes physiques et que l’on est plus préoccupé par l’image que l’on donne à voir à l’autre que par ce que l’on éprouve à l’intérieur, la psychothérapeute conseille l’usage de bourgeons de figuier ou de pommier sauvage (5 à 15 gouttes maximum par jour pendant 3 semaines) pour lâcher prise et se relaxer.
Est-ce que l’on peut être accro ?
Lorsque la dopamine, hormone de la récompense qui donne envie de recommencer l’acte sexuel, est sécrétée en grande quantité, cela peut contribuer à une addiction au sexe chez certaines personnes. S’il est normal d’avoir envie de faire l’amour tous les jours, « avoir besoin de se masturber quatre fois par jour voire plus peut être un signe d’addiction au sexe », explique la sexologue et phytothérapeute Annabelle Pongratz Muller-Vitu. En plus d’une thérapie, la spécialiste recommande l’huile essentielle (HE) de marjolaine à coquille (Origanum majorana), à l’effet anaphrodisiaque.
À faire : Verser 3 gouttes d’HE de marjolaine à coquille dans 3 gouttes d’HV de jojoba et appliquer sur le thorax, matin et soir.
Contre-indications : Personnes sujettes aux allergies.
Botanique érotique : de beaux attributs
Ce n’est pas un hasard si on l’appelle « plante à testicules ». Bifora testiculata, plante annuelle de la famille des apiacées, affiche une ressemblance troublante avec les attributs mâles. En effet, au bout de ses tiges, ses capsules de semences sont enflées, arrondies et s’épanouissent deux par deux ! Il vous sera cependant difficile de la contempler, car elle est inscrite sur la liste des espèces menacées en France. On peut toutefois la rencontrer dans quelques rares sites de Provence, de Corse et du Maine- et-Loire.