Post-partum
Les clés d'une maternité épanouie (2/5)
Après neuf mois de bouleversements et l'épreuve de l'accouchement, la femme doit relever d'autres défis. Des émotions intenses, une grande fatigue, un nouveau rythme à trouver. Comme la grossesse, le post-partum est une expérience unique. Et les plantes sont là pour aider la jeune maman à retrouver la forme, l'équilibre, le moral et sa féminité.
© Rafa Perdomo
La trousse naturelle du quatrième trimestre
Les premières semaines après l’accouchement peuvent être considérées comme une période de convalescence au cours de laquelle le corps récupère et cicatrise. Il s’agit de déconstruire les phénomènes physiques qui permettaient le maintien de la grossesse. Les organes vitaux – cœur, poumons, reins – avaient adapté leur physiologie, comme la peau et les articulations. Le muscle utérin avait augmenté de quinze à vingt fois sa taille ! Cette phase de « dégestation » prend du temps et de l’énergie, d’où l’idée d’aborder le post‑partum comme un quatrième trimestre de la grossesse. Des hormones sont sécrétées lors de l’allaitement ou lorsque le bébé est posé nu sur la poitrine de sa mère (le peau-à-peau) : l’ocytocine, l’endorphine et la prolactine augmentent l’intensité de la fatigue pour forcer la mère à se reposer, protégeant son organisme de l’épuisement.
Les traditions dans lesquelles les jeunes accouchées peuvent rester allongées ont donc tout leur sens. Selon la médecine traditionnelle chinoise, le mois d’or se justifie pleinement car les maux contractés lors de cette période, même un simple rhume, sont susceptibles d’engendrer des fragilités dans la durée, resurgissant notamment lorsque la femme prend de l’âge. La spiruline, qui apporte naturellement des protéines et tous les minéraux et vitamines, à l’exception de la vitamine C, aide à effacer la fatigue, compensant toutes les pertes de l’organisme occasionnées par la grossesse, l’accouchement puis l’allaitement.
Deux phénomènes de récupération et de cicatrisation sont particulièrement prégnants : les tranchées et les lochies. Les premières sont des contractions de l’utérus qui s’enclenchent lors des montées d’ocytocine, donc pendant l’allaitement mais aussi le peau-à-peau. Elles permettent la rétractation de l’utérus et la cicatrisation de la zone où le placenta était implanté. Ces contractions du post‑partum peuvent être douloureuses. Dans ce cas, Laura Amar, docteure en pharmacie et auteure du livre Je prends soin de mon post‑partum (First), préconise une tisane de mélisse et de framboisier à faire infuser, à raison d’une cuillerée à café en mélange dans une tasse d’eau bouillante. « Cette infusion très douce convient aux femmes allaitantes et agit sur le stress en plus d’apaiser l’utérus ». Prenez deux ou trois tasses par jour, le temps des tranchées qui peuvent durer trois à quatre semaines.
Quand l’utérus reprend sa place
Laura Amar propose une association aromatique pour soulager les tranchées, ces contractions parfois très douloureuses, surtout à partir de la deuxième grossesse.
Ingrédients : HE de lavande officinale (Lavandula...
angustifolia), 1 goutte • HE de camomille romaine (Chamaemelum nobile), 1 goutte • HV d’amande douce, 1 c. à café.
Utilisation : Appliquer le mélange au niveau du bas-ventre 3 ou 4 fois par jour, pendant 5 jours au plus. Si vous n’allaitez pas, vous pouvez ajouter 1 goutte d’HE de basilic exotique (Ocimum basilicum var. basilicum) à votre mélange.
Les lochies, qui se manifestent comme des règles abondantes, sont déclenchées par les tranchées. « La perte de sang peut être une cause de grande fatigue si celle-ci est intense et prolongée, et peut accentuer une anémie déjà présente chez de nombreuses jeunes mamans », avertit Laura Amar, qui conseille alors les hydrolats de ciste et d’ortie : diluez une cuillerée à café de chaque hydrolat dans un litre d’eau, à boire tout au long de la journée pendant deux ou trois jours. Toutefois, le contact étroit et ininterrompu du bébé et de sa mère juste après l’accouchement augmente le taux d’ocytocine de celle-ci et limite les déperditions sanguines de la délivrance. Consultez rapidement si les saignements sont excessifs et s’accompagnent de très fortes douleurs et de fièvre.
Lors de la naissance, le passage du bébé par le vagin donne lieu à de prompts étirements internes ainsi que des déchirures du périnée. Une épisiotomie peut aussi avoir été réalisée. Par conséquent, le périnée peut rester sensible quelque temps et parfois apparaît un œdème vulvaire, c’est-à-dire un gonflement associé à une sensation de chaleur. Ici aussi, la position allongée recommandée par les traditions du mois d’or permet de réduire les pressions sur la vulve et le périnée et favorise une bonne cicatrisation. Si vous sentez des picotements en urinant, prévoyez aux toilettes une gourde à remplir d’eau tiède à verser sur la vulve pendant la miction. Vous pouvez aussi utiliser de l’eau d’hamamélis qui a des vertus circulatoires et aidera à dégonfler l’œdème vulvaire.
Soulager le périnée
Le périnée est souvent enflé et endolori suite à l’accouchement. Pour le soulager, préparez des serviettes hygiéniques en tissu de coton à l’hydrolat d’hamamélis et au gel d’aloe vera, qui seront placées au congélateur.
Préparation :
- Découper des bandes de coton un peu plus petites que les serviettes hygiéniques de maternité.
- Vaporiser sur toute la surface l’hydrolat d’hamamélis et étaler 2 c. à soupe de gel d’aloe vera, auquel on peut ajouter 1 goutte d’huile essentielle de lavande fine ou d’arbre à thé, aux propriétés antibactériennes.
- Placer les bandes les unes sur les autres en isolant chacune avec une feuille type papier sulfurisé. Les placer au congélateur.
- Laisser dégeler pendant 3 à 4 minutes avant emploi. Les propriétés anti-inflammatoires et réparatrices des plantes et du froid se combinent dans ce soin très populaire outre-Atlantique, appelé padsicle.
L’or blanc de la maman
Comme le souligne la Leche League, « le lait maternel est calmant, cicatrisant, hydratant, antiseptique, antiviral, anti-infectieux et antifongique ». Utile dans toutes sortes de circonstances.
- Sur le bout des seins, en cas de crevasses qui peuvent survenir pendant l’allaitement. Imprégner une compresse de lait maternel et recouvrir de film alimentaire.
- Dans les yeux, en cas de conjonctivite, d’orgelet ou d’irritation.
- Dans les oreilles, en cas d’otite.
- Dans le nez, en cas de rhume.
- Pour les soins du cordon, en cas d’eczéma et d’acné.
Si vous choisissez d’allaiter et rencontrez des difficultés, n’hésitez pas à faire appel à une conseillère en lactation ou à des bénévoles de la Leche League. Vous pouvez aussi recevoir des conseils grâce au Prado (Programme d’accompagnement au retour à domicile) dans le cadre duquel une sage-femme libérale vous rend visite à domicile, à votre demande, dans les 48 heures après votre retour chez vous. Sachez qu’en plus de procurer une alimentation adaptée au nouveau-né, et ce sans nécessiter de préparation, l’allaitement a des vertus pour la maman : la prolactine sécrétée facilite les réendormissements de la mère et augmente le temps de sommeil profond, d’où une meilleure récupération en dépit des nuits entrecoupées.
Si des crevasses douloureuses apparaissent sur les tétons, souvent la conséquence d’une mauvaise position du bébé au sein, vous pouvez réaliser une compresse de lait maternel à alterner avec de l’hydrolat de camomille : vaporisez-le sur l’aréole puis laissez sécher à l’air libre. En cas d’engorgement, Françoise Couic-Marinier conseille les hydrolats d’hélichryse italienne et de lemongrass : buvez une cuillerée à café de chaque hydrolat jusqu’à quatre fois par jour. Des feuilles de chou vert en cataplasme vous soulageront : insérez-les pendant plusieurs heures dans votre soutien-gorge après avoir bien aplati leurs nervures à l’aide d’un rouleau à pâtisserie.
Une belle cicatrice de césarienne
À J + 10 après un accouchement par césarienne, la docteure en pharmacie Laura Amar conseille de masser quotidiennement sa cicatrice afin d’améliorer son aspect, mais aussi d’éviter la formation d’adhérences. « Avant d’appliquer le moindre produit sur la plaie, il faut s’assurer que celle-ci est bien refermée, les agrafes enlevées ou le fil résorbé », avertit-elle.
Ingrédients : HE de lavande officinale (Lavandula angustifolia), 1 goutte • HE d’hélichryse italienne (Helichrysum italicum), 1 goutte • HV de rose musquée (Rosa rubiginosa), 5 gouttes.
Utilisation : Appliquer ce mélange 1 ou 2 fois par jour sur la cicatrice. Les doigts ne doivent pas frotter la peau, mais seulement la faire bouger. Il est possible de n’utiliser que l’HV de rose musquée, aux propriétés cicatrisantes et de renouvellement cellulaire. À alterner avec du macérat huileux de calendula afin d’atténuer les démangeaisons et rougeurs de la cicatrice. À noter Valable aussi pour la cicatrice de l’épisiotomie.