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L'avenir de la forêt française se joue aujourd'hui

Foret

En France, on a pris l'habitude ­d'appeler forêts des espaces arborés qui ne relèvent pas d'un éco­système forestier équilibré. En effet, on appelle communément forêt des espaces plantés d'arbres du même âge en mono-espèce, le plus souvent des résineux. Ces forêts ­industrialisées par l'homme, récoltées de plus en plus jeunes par des coupes rases (coupe de tous les arbres), devraient plutôt être nommées plantations industrielles et non forêts. La loi, en faisant l'amalgame entre ces différents types de forêts, permet sciemment de convertir des forêts de feuillus, mélangées et riches en biodiversité, en monocultures intensives de résineux, le tout soi-disant labellisé « durable ».

Cette évolution est portée et assumée clairement par l'État, depuis la loi d'avenir pour l'agriculture et la forêt, en 2014. L'État a fixé des objectifs d'augmentation massive des prélèvements de bois. Les volumes prévus ne peuvent être atteints qu'avec une industrialisation systématique de la forêt française, dramatique pour la biodiversité, le changement climatique, l'eau

Pourtant, des solutions existent dans le but de produire raisonnablement du bois pour la société, tout en conservant une forêt multifonctionnelle. Les associations Canopée, Fern et Les amis de la Terre ont produit un rapport début 2020 qui, en synthétisant les dernières études scientifiques, démontre qu'il est vital de conserver et d'augmenter le puits de carbone forestier des forêts françaises en les laissant vieillir. En effet, la majorité des forêts françaises est composée d'une seule essence et 80 % des forêts ont moins de 100 ans, alors qu'on estime que, sous nos latitudes, sa capacité à stocker le maximum de carbone n'est atteinte qu'à partir de 250 ans ! La sagesse serait donc de laisser vieillir un maximum de forêts.

Pour conserver la fonction de production de bois, le rapport propose un compromis : laisser en libre évolution 25 % des forêts. Cet objectif est atteignable en stabilisant la production de bois aux chiffres de 2016 et, bien sûr, en renonçant à l'augmentation massive actuellement programmée. Cette mesure, conjuguée avec une modification de la gestion forestière pour tendre vers une sylviculture plus douce, avec des forêts mélangées d'essences variées et étagées (arbres de tailles différentes), un couvert forestier permanent (pas de coupes rases), permettrait de maintenir les fonctions essentielles de la forêt (eau, biodiversité) et de stocker du carbone dans les arbres et les sols forestiers. En effet, certains modes de sylviculture comme ceux prônés par Pro Silva, le Réseau pour les alternatives forestières (RAF), SOS forêt France et d'autres encore permettent de conserver l'essentiel de la biodiversité, du carbone, de la fertilité des sols, de la qualité de l'eau, tout en prélevant du bois dans des volumes, sur la durée, quasi identique aux autres méthodes.

Tout le monde s'accorde à dire que la forêt française est à la croisée des chemins, mais le gouvernement et la filière font tout pour que le débat citoyen n'ait pas lieu. Pourtant, c'est bien aujourd'hui que se joue l'avenir de la forêt française.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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