Végétal VS animal, la fin de l'appellation "steak végétal"
Steak de soja, saucisses de lentilles… Vous ne verrez bientôt plus ces appellations dans les magasins. Un décret publié le 30 juin (applicable à partir du 1er octobre) interdit en effet d'utiliser, pour des produits à base de protéines végétales fabriqués en France, des dénominations de produits animaux. Le texte, paraît-il, était très attendu par les différentes filières de production et transformation de la viande, qui l'ont immédiatement salué comme une avancée, « une étape essentielle en faveur de la transparence de l'information au consommateur », et surtout un coup d'arrêt nécessaire à la concurrence déloyale menée par le végétal qui, toutes ces années, s'est fait passer impunément pour un produit carné. Permettez-moi tout de même d'en douter. Je parierais plutôt que – comme ce fut le cas pour la filière du lait qui, malgré l'interdiction des termes « lait d'avoine », « lait de soja », etc., n'a pas vu la courbe de la consommation se redresser – cette nouvelle règle aura peu d'impact sur les ventes.
En tout cas, ce décret donne à mon avis une raison de se réjouir. Il devrait mettre le holà à l'emprise d'un marketing « carné » qui, avec des packagings criards, nous propose nuggets de blé, grill végétal cordon bleu ou merguez végétales et piquantes, jouant habilement les transfuges. Cette tendance au simili-carné ne fait pas honneur à nos assiettes. Pourquoi faudrait-il que le végétal imite les plats à base de viande pour être crédible, en particulier nutritionnellement, ou convivial ? D'aucuns évoquent la nécessité d'en passer par là pour provoquer sinon le déclic, du moins le changement progressif de nos régimes alimentaires, encore trop dédiés aux protéines animales. Je crois plutôt que ces « copies » donnent toute latitude aux industriels de l'agroalimentaire de nous vendre des produits ultra-transformés néfastes pour notre santé. D'ailleurs, le nouveau décret ne dit mot sur les viandes « de laboratoire », obtenues par la culture de cellules animales.
Ce qui est aussi fort dommage, dans cette façon de légiférer, c'est que l'on continue d'opposer alimentation végétale et animale. Or, même si on ne peut négliger les représentations profondes qui régissent nos habitudes alimentaires, il est vraiment temps de se mettre tous à la même table. Plutôt que de nourrir les antagonismes, discutons des évolutions, des orientations que nous pouvons donner à nos choix alimentaires. Les enjeux pour notre santé ou celle de notre planète sont tellement importants que cela mérite plus que des mesures prises sous l'influence de lobbys anciens et rétrogrades.