Dossier
Prolonger les bienfaits de l'été (4/4)
On profite souvent de l'été pour s'activer davantage physiquement, s'éloigner des écrans, prendre le temps de cuisiner, flâner ou s'occuper un peu de soi. Et si on sanctuarisait ces bonnes pratiques estivales pour mieux organiser le quotidien, conserver sa vitalité et sa bonne mine, régénérer son cerveau ? Des naturopathes et des experts nous livrent leurs conseils pour garder son énergie sans se faire happer par la rentrée.
Conserver un cerveau frais et dispo naturellement
L’ambiance estivale impacte notre cerveau et notre état mental, nous porte vers plus de légèreté et nous donne envie de sortir de la routine . Un besoin d’insouciance et de déconnexion qui ressource le cerveau. Spontanément, on regarde moins la télévision, on suit moins les informations, on est moins présent sur les réseaux sociaux. « En prenant du recul face à toutes ces sources qui sollicitent d’habitude énormément d’attention, nous faisons baisser la charge cognitive de notre cerveau avec un effet boostant sur le mental et le moral », décrypte Erwan Devèze, consultant en neurosciences et auteur de 24 heures dans votre cerveau (éd. Larousse). Il invite donc à conserver les bénéfices de l’été en cultivant, dit-il en souriant, « une sobriété neuronale » alors que les obligations reviennent nous solliciter.
Aussi l’expert recommande, dès la rentrée, d’arrêter de « maltraiter son cerveau avec des flux anxiogènes », en supprimant par exemple les notifications superflues de notre téléphone qui nous mettent en état d’alerte en exerçant une pression sur le système nerveux sympathique. De même, il est préférable de ne pas rester branché sur les chaînes d’infos en continu et de lever le pied sur les réseaux sociaux, qui génèrent de la tension psychique. Cette dernière risque de créer des projections émotionnelles négatives et anxiogènes, de faire monter le taux de cortisol (hormone du stress) jusqu’à l’hypercortisolémie, pouvant créer un stress chronique. Autant limiter ces « perturbateurs attentionnels » pour libérer du temps, de l’espace mental afin de réorganiser notre mode de vie en phase avec les besoins de notre cerveau en pratiquant un sport, de la marche ou en discutant avec des amis.
En repensant à notre été, on s’aperçoit que l’on a souvent réappris à faire les choses une par une, cuisiner, se balader, lire, regarder un film… Ce qu’apprécie notre cerveau. En effet, comme l’explique Erwan Devèze, le cerveau n’aime pas du tout ce qui est multi-attentionnel, le fait de passer d’une activité à une autre en permanence, car « ce zapping altère le bon fonctionnement du cortex préfrontal et épuise l’énergie et la créativité cérébrale ». À la rentrée, il propose ainsi de décomposer les tâches complexes en sous-tâches simples et de se focaliser sur ce qui est prioritaire, en les réalisant l’une après l’autre.
Préserver un cerveau ressourcé par les vacances demande également de résister à l’assaut de stress qui peut nous happer dès la rentrée. « On a tout intérêt à s’y préparer et à évacuer la pression au fur et à mesure », préconise la coach naturopathe Anne Peradotto. Outre des pauses et des microsiestes pour souffler dans la journée, elle recommande des séances de respiration et de visualisation pour revivre la détente des vacances.
On prolonge l’été avec… La respiration essénienne
La naturopathe Anne Peradotto invite à ancrer la bonne énergie de l’été grâce à la respiration essénienne. Cet exercice en 4 temps mêle des techniques de souffle et de visualisation pour apporter de la détente mentale. Avant de commencer, on réfléchit à son besoin : joie, énergie, détente, courage, enthousiasme, bien-être… On repense à un moment estival agréable. Puis, durant quelques minutes :
- On inspire calmement en pensant à son besoin et en se souvenant d’un moment des vacances. On y associe des images, sons et sensations.
- On fait une pause, poumons pleins, pour intégrer ce besoin.
- On expire lentement en laissant partir la contrariété, le stress et ce qui nous préoccupe.
- On fait une pause, poumons vides, pour se centrer avant d’inspirer à nouveau en pensant à son besoin.
À alterner avec des exercices de cohérence cardiaque : une inspiration de cinq secondes par le nez, suivie d’une expiration par la bouche sur la même durée, pour calmer le système nerveux. La praticienne conseille aussi une cure de rhodiole, qui aide à maintenir un bon taux de sérotonine et de dopamine, les hormones de la bonne humeur et du plaisir du cerveau. On associera la rhodiole à l’aubépine en cas de stress avec trouble du rythme cardiaque, ou au safran pour l’équilibre émotionnel. Certains élixirs floraux, comme Marronnier blanc des fleurs de Bach, limitent la rumination mentale tandis que des synergies d’huiles essentielles à base d’orange douce, lemongrass, romarin, basilic et menthe poivrée favorisent le lâcher-prise. L’acupression agit sur la vitalité et la résistance au stress, suggère le naturopathe Bruno Pueyo.
Acupression et stress
En médecine traditionnelle chinoise, le point 4 appelé hé gu (« union des 2 vallées »), relié au méridien du gros intestin, est utilisé en cas de constipation. Mais sa stimulation permet aussi de mieux résister au stress en mobilisant nos défenses immunitaires et psychologiques, via la régulation du wei qi ou « énergie défensive ». Le point hé gu agit également sur les maux de tête liés au stress.
Mode d’emploi : Masser assez fortement dans le sens des aiguilles d’une montre le point ci-dessous. Contre-indiqué pendant la grossesse.
Cure de raisins, détox mentale
Fruit de saison, riche en polyphénols, eau et minéraux, le raisin nous offre ses bienfaits en cette fin d’été. On le conseille sous forme de monodiète pendant 2 à 4 jours, une durée suffisante pour en sentir les bénéfices : drainage des émonctoires (peau, reins, foie, intestins) et élimination des toxines. À la clé, une meilleure digestion, plus d’énergie et une peau plus belle.
- S’y préparer : Quatre jours avant la cure, on arrête la viande, l’alcool, le café et le chocolat. On privilégie les repas végétariens.
- La monodiète : On choisit du raisin bio, noir et blanc pour ne pas se lasser, sous forme de grains et de jus, à raison de 2 à 3 kg de fruits par jour.
- Après la cure : On mange des légumes et fruits durant 2 à 3 jours avant de réintroduire progressivement les laitages, les céréales puis les poissons et les viandes.
Soigner sa santé cognitive passe également « par des intestins en bonne santé, car il y a une connexion directe entre le cerveau et le microbiote via le nerf vague », souligne Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste. On privilégie donc une alimentation antioxydante et anti-inflammatoire riche en oméga-3, vitamines et polyphénols. Profitons de la saison du raisin, concentré en resvératrol, qui a démontré une capacité intéressante à contrer le déclin cognitif lors d’une étude californienne. Il est excellent à consommer en cure détox pour drainer l’organisme, confirme Bruno Pueyo. Et pour conserver ses pleines fonctions d’apprentissage et de mémorisation, on recourt aux psychostimulants naturels avec modération et on garde le réflexe de boire de l’eau tout au long de la journée, car la déshydratation altère la faculté de raisonnement. Enfin, on comble le besoin de glucose du cerveau avec des fruits de saison et des céréales en évitant la consommation de sucres rapides, qui abîme à terme l’hippocampe et la mémoire.
Bref, pour ne pas saturer à nouveau son cerveau à la rentrée, occupons-nous de lui. Veillons à le stimuler à bon escient et à lui offrir de l’espace mental zen pour se ressourcer.
Caféine bien dosée
Le café est un psychostimulant intéressant à condition de ne pas en abuser, car il s’agit de ne pas consommer la caféine en excès. Pour boire la bonne dose, voici ce qu’il faut savoir.
- Le café robusta contient environ deux fois plus de caféine que la variété arabica.
- La dose de caféine augmente avec la dilution du café. Un expresso compte de 80 à 100 mg de caféine alors qu’une tasse de 20 cl de café filtre en contient entre 130 et 150 mg. On conseille de ne pas dépasser les 400 mg de caféine par jour. En restant dans ce cadre, le café est « actif contre le vieillissement cellulaire, le cholestérol et bénéfique pour la santé cardiaque », souligne Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste.
Bon à savoir : Le café vert, aux grains non torréfiés, possède des vertus brûle-graisse reconnues. On fait tremper 7 grains de café vert dans un verre d’eau toute la nuit, puis on filtre avant de boire.
À lire
- Je m’initie à la naturopathie, de Stéphane Tetart (éditions Leduc.s)
- Je soigne ma peau au naturel, d’Annie Casamayou et Julien Kaybeck (éditions Leduc.s).