Dossier
Force et symbolique des végétaux sacrés (5/8)
Symboles sur terre de dieux puissants et inaccessibles, investies de pouvoirs mystérieux, les plantes sont depuis la nuit des temps les messagères des humains vers le monde immatériel, et vice versa. De l'achillée bénie chez les Celtes aux tagètes vénérées au Mexique en passant par l'iboga, le bois sacré du Gabon, partons à la découverte de ces végétaux qui nous relient à l'invisible.
L'achillée, réparatrice et divinatoire
L’achillée tient sa réputation de plante cicatrisante d’une légende grecque colportée par Pline. Selon le naturaliste romain, Achille, héros de la mythologie grecque, utilisa l’achillée pour cicatriser sa plaie au talon, causée par une flèche empoisonnée lors du siège de Troie. Aujourd’hui encore, l’achillée est considérée comme l’une des grandes plantes hémostatiques. Présente dans toutes nos régions, c’est la plante à connaître si vous partez en randonnée, car elle permet d’arrêter facilement les saignements.
En Chine, durant l’Antiquité, l’achillée était considérée comme divinatoire. Ses tiges séchées étaient manipulées lors de guidances afin d’obtenir des symboles (hexagrammes). Cette technique appelée achilléomancie visait à trouver des réponses à ses questionnements dans le Yi Jing, livre divinatoire de l’empire du Milieu. Si les tirages restent d’actualité, les tiges d’achillée ont laissé place aux pièces de monnaie ou baguettes de bambou. Fait étonnant, l’achillée servait aussi aux guidances chez les Celtes européens. « Ils gravaient des oghams (symboles rattachés à des lettres, intentions et végétaux) sur des tiges d’achillée qui faisaient office d’oracles », raconte Florence Laporte, passionnée par la tradition celtique. Réputée purifiante et protectrice chez les druides, l’achillée en fleur était également un objet de rituels sacrés (qui, pour certains, perdurent aujourd’hui) lors de la Saint-Jean, fête païenne pour célébrer le solstice d’été. Elle était entre autres suspendue aux portes des maisons pour préserver du mauvais œil et de la mort.
Et aujourdhui...
Rituel du solstice
De nombreux herboristes et passionnés de traditions celtiques continuent de célébrer le solstice d’été en utilisant l’achillée pour se protéger des énergies négatives ou pour réaliser des souhaits. Florence Laporte détaille comment manipuler la plante le soir du 21 juin :
À faire
- Récolter les sommités fleuries de l’achillée millefeuille et en faire un bouquet le 21 juin en posant intérieurement une intention particulière, un souhait.
- Purifier et sacraliser l’achillée en la faisant passer trois fois dans la flamme d’un feu et affirmer au même moment trois fois d’affilée le souhait formulé à la plante.
- Faire sécher le bouquet, puis, au choix : le réduire en poudre et le placer dans un sachet à conserver avec soi durant l’année comme protection contre les énergies négatives ; ou garder le bouquet dans sa maison pour se protéger des mauvaises ondes.
Le lotus pour prendre de la hauteur
Objet de rites et de pratiques spirituelles de nombreux peuples, le lotus occupe notamment une grande place dans la religion bouddhiste. Selon la légende, le chef spirituel Bouddha serait né dans une fleur de lotus. Ce végétal, qui émerge des marais boueux, symbolise la pureté de l’enseignement du Bouddha, qui peut lui-même élever son esprit au-dessus de l’agitation du monde, afin de se détacher du matérialisme et de la souffrance. Voici pourquoi le Bouddha est si souvent représenté naissant de la fleur ou assis sur un bouton de lotus géant : la fameuse « position du lotus », toujours pratiquée par les méditants et yogis aujourd’hui.
La posture du lotus
Pour réaliser cette posture (padmasana en sanskrit), il suffit de s’asseoir en tailleur, le dos bien droit et les jambes croisées (ou les pieds reposant sur les cuisses opposées pour les plus souples des hanches). Mélange d’ancrage au sol et d’alignement du dos vers le ciel, cette posture vise à favoriser l’état méditatif.