Dossier
Force et symbolique des végétaux sacrés (3/8)
Symboles sur terre de dieux puissants et inaccessibles, investies de pouvoirs mystérieux, les plantes sont depuis la nuit des temps les messagères des humains vers le monde immatériel, et vice versa. De l'achillée bénie chez les Celtes aux tagètes vénérées au Mexique en passant par l'iboga, le bois sacré du Gabon, partons à la découverte de ces végétaux qui nous relient à l'invisible.
Le houx, protecteur de la vie
La tradition de la couronne de houx sur la porte des maisons pour incarner l’esprit de Noël remonte aux peuples celtes. On cueillait cette plante entre la fin de l’automne et le début de l’hiver. Le feuillage persistant du houx et ses fruits rouges bien mûrs évoquaient alors « la vie éternelle même lorsque la lumière des jours décroît », tandis que les piquants de ses rameaux, suspendus en haut des portes, « repoussaient les forces négatives », explique Florence Laporte, sylvothérapeute et auteure de guides sur les plantes druidiques. Elle raconte que le houx était utilisé aussi en fumigation, pour créer une atmosphère sacrée de méditation. Et les druides baignaient les enfants dans des décoctions de houx pour les protéger tout au long de leur vie. Ils purifiaient également les espaces et les énergies en balayant l’air autour d’eux avec des rameaux de houx.
Les Romains ont dédié le houx au dieu Saturne, protecteur des vignerons et des paysans. Des couronnes de houx décoraient les statues de la divinité et s’échangeaient en signe d’amitié et de vœux pour l’année à venir au moment des Saturnales. Ces fêtes débridées précédaient le solstice d’hiver et s’achevaient le 25 décembre. C’est d’ailleurs pour christianiser cette tradition païenne que l’Église de Rome a choisi de célébrer Noël à cette date, associant le houx à un message d’immortalité et à Jésus, dont l’historien Pierre Chavot détaille la symbolique dans son Herbier des dieux : « la fleur blanche (pureté), les feuilles toujours vertes (éternité), les piquants (couronne d’épines et protection contre les démons), les fruits rouges (sang versé sur la croix et couleur royale du manteau dont Jésus est vêtu par dérision) ».
Et aujourdhui...
Apaiser les colères avec le houx
Lorsqu’il prend de l’âge, le houx perd de son piquant et arrondit ses feuilles. « Cette plante enseigne comment abaisser ses défenses », sourit Florence Laporte. En cette fin d’année, propice au bilan, la sylvothérapeute propose le rituel suivant pour canaliser colères et ressentiments :
- Cueillir ou acheter en conscience un bouquet de houx en se reliant à l’esprit de la plante.
- S’allonger dans un endroit confortable, poser le houx sur son cœur et ressentir sa douceur.
- Laisser venir les émotions liées aux colères ou aux jalousies.
- Confier ses ressentis négatifs à l’esprit du houx pour qu’il nous aide à les apaiser, et le remercier.
À savoir
L’élixir floral de houx (holly) est conseillé pour éloigner les états d’esprit négatifs et favoriser la compréhension. Il peut se prendre à raison de 3 gouttes, 3 fois par jour.
Le lin, pureté et perfection
C’est à sa fibre, que l’on sait transformer en tissu dès le Néolithique, que le lin doit son caractère sacré. En effet, elle seule permettait d’obtenir la couleur blanche, symbole de pureté, sans nécessiter l’application d’un procédé de blanchiment. Le fait qu’il s’agisse d’une matière tirée de la terre – contrairement à la laine, issue du règne animal – lui confère très tôt une aura particulière. On retrouve donc le lin dans de nombreuses pratiques religieuses. Dans les textes hébraïques, il est synonyme de perfection et l’Ancien Testament le cite plus de 80 fois. En Égypte, les prêtres étaient vêtus de lin blanc. Il est utilisé dans la momification des morts, une grande pièce de lin pouvant être vue comme un support pour guider le défunt vers l’au-delà. Dans la religion chrétienne, de nombreuses reliques en lin comme le Saint Suaire sont vénérées et les autels ne peuvent être recouverts que de lin… Ce caractère sacré a fini par s’estomper, mais aujourd’hui les spécialistes de cette fibre continuent de parler de son « âme » et de sa « lumière »…