Dossier
Force et symbolique des végétaux sacrés (2/8)
Symboles sur terre de dieux puissants et inaccessibles, investies de pouvoirs mystérieux, les plantes sont depuis la nuit des temps les messagères des humains vers le monde immatériel, et vice versa. De l'achillée bénie chez les Celtes aux tagètes vénérées au Mexique en passant par l'iboga, le bois sacré du Gabon, partons à la découverte de ces végétaux qui nous relient à l'invisible.
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La sauge purifiante des Amérindiens
La fumigation de sauge pour se purifier, si prisée aujourd’hui des courants néo‑spirituels et des cercles de parole (lire l’encadré ci-contre), se pratiquait déjà chez les Romains avec de la sauge officinale pour favoriser la fécondité et protéger la vie humaine. Aujourd’hui, cette tradition prévaut toujours largement chez les peuples amérindiens des États-Unis et du Canada. Sauge blanche de Californie, sauge des prairies et bien d’autres variétés étaient et sont encore utilisées lors de rituels propres à chaque communauté. Chez les Oglalas, l’un des clans de la tribu sioux Lakota, « nous faisons tous les matins le smudging (fumigation) de sauge lors de nos prières traditionnelles, comme nous l’avons appris de nos anciens, en demandant à la fumée de transmettre notre énergie au Créateur », nous confiait Roben White, artiste et chargé des droits des peuples autochtones pour la tribu, invité récemment à Paris par le Comité de solidarité avec les Indiens d’Amérique (CSIAM).
Grande plante purificatrice au niveau spirituel, la sauge sert également dans ce clan « à éloigner les esprits maléfiques et les mauvaises médecines ». Lors de certaines cérémonies, on se préserve des forces négatives en s’immergeant dans un bain à la sauge. La plante est parfois brûlée dans des crânes d’animaux afin de protéger l’esprit de ces derniers. Maîtresse de cérémonie, elle est omniprésente dans cette culture pour sacraliser les échanges, comme le raconte Roben White : « Sa fumée porte nos paroles vers le Créateur et nous incite ainsi à nous parler avec sincérité, cœur et conscience. La sauge n’est pas à prendre à la légère, bien que les Blancs l’utilisent souvent sans comprendre sa puissance ».
Dans les cercles de femmes
Les cercles de femmes, des espaces dans lesquels les femmes sont invitées à se reconnecter à la puissance féminine en lien avec les forces spirituelles de la nature, fleurissent un peu partout en France. La fumigation de sauge y tient une place souvent majeure.
Le rituel
« En début de séance, on allume une bougie au centre du cercle et on fait brûler un bâton de sauge blanche pour purifier le lieu et les énergies de chacune », confie Camille Sfez, qui anime des cercles depuis une quinzaine d’années. Chaque femme passe le bâton fumant autour d’elle pour nettoyer et protéger son aura et son espace, en ouvrant les fenêtres « afin de laisser partir les charges négatives ».
Le lis blanc de la Vierge
Le lis serait né d’une goutte du lait d’Héra, tombée au sol alors qu’elle donnait le sein à Héraclès. Sa blancheur parfaite provoqua la jalousie d’Aphrodite qui le dota, pour se venger, d’un pistil phallique. Le lis devint alors un symbole érotique avant que la chrétienté ne lui rende son image de pureté. Dans la Bible, il incarne les vertus de la Vierge Marie, souvent représentée avec un lis. La pureté de cette fleur se retrouve dans son action médicinale : ses pétales sont utilisés dans des baumes pour atténuer les taches brunes liées au vieillissement de la peau.