Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

Un nouveau regard sur les invasives (1/7)

Elles viennent d'ailleurs et dérangent notre conception de la biodiversité. Les plantes dites invasives prospèrent là où elles ne sont pas invitées et sont rebelles aux tentatives d'éradication. Une vitalité que l'on accuse de nuire aux plantes autochtones, à l'agriculture et même à la santé pour certaines. Et si, au lieu de les traiter en ennemies, on écoutait ce qu'elles ont à nous dire sur notre monde ?

Heracleum mantegazzianum
Heracleum mantegazzianum

Un nouveau regard sur les invasives

Elles viennent d'ailleurs et dérangent notre conception de la biodiversité. Les plantes dites invasives prospèrent là où elles ne sont pas invitées et sont rebelles aux tentatives d'éradication. Une vitalité que l'on accuse de nuire aux plantes autochtones, à l'agriculture et même à la santé pour certaines. Et si, au lieu de les traiter en ennemies, on écoutait ce qu'elles ont à nous dire sur notre monde ?

Sur les six mille espèces végétales que l’on peut rencontrer en France, environ sept cents sont des espèces exotiques, introduites volontairement ou non sur notre territoire, et désormais naturalisées. Si la plupart se sont inscrites dans nos paysages sans que l’on s’en formalise, une centaine d’entre elles sont considérées comme des invasives. Ainsi, l’ambroisie, la renouée du Japon, la berce du Caucase, le buddleia… sont fichés comme telles sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel. Le réseau Fredon France les surveille de près, notamment du point de vue sanitaire, certains de leurs pollens étant allergisants. Mais la définition même d’une plante invasive suscite des interprétations. Ainsi, la renouée et l’ambroisie ne figurent pas dans la liste édictée par l’Union européenne sur les espèces exotiques envahissantes (EEE), qui recense une soixantaine de plantes terrestres et aquatiques ainsi que des animaux. Au contraire, l’écologue et chercheur au CNRS Franck Courchamp parle « d’invasion biologique » et estime qu’il y aurait 4 000 à 5 000 espèces animales et végétales dites invasives en Europe. Elles représenteraient « la deuxième cause d’extinction des espèces dans le monde ». Ce discours alarmiste ne fait pourtant pas l’unanimité.

L’écologue forestier Jacques Tassin, chercheur au Cirad de Montpellier, rappelle qu’au contraire, une étude de 2016 (« Alien species as a driver of recent extinctions », ndlr) montre qu’on ne trouve en Europe aucun exemple d’extinction liée aux espèces invasives. Il s’interroge sur la volonté de les éradiquer sans évaluer vraiment leur impact nocif ou bénéfique sur l’environnement, et encore moins les conséquences de leur destruction sur les sols. Ces espèces, souvent qualifiées de « pestes végétales », sont en réalité des alliées, estime l’herboriste Thierry Thévenin qui vient de publier l’ouvrage Les Plantes du chaos : « Elles s’installent justement là où la biodiversité a été massacrée. Elles sont des pionnières pour la plupart et viennent combler un vide, là où la nature a été mise à mal. Elles remettent du vivant ». Et si on élargissait notre regard sur ces plantes mal-aimées pour décrypter les messages qu’elles nous délivrent sur une terre bouleversée par les changements climatiques et les modes de production agricole intensifs ? Et si elles étaient plus combatives qu’invasives, selon le mot du jardinier-poète Gilles Clément, qui souligne leur dynamique d’occupation des sols avec ce cri du cœur : « Aucune plante ne doit être dénoncée comme pas à sa place ! ». Nous vous invitons donc à découvrir six portraits « d’envahissantes » qui ont beaucoup plus à nous apprendre qu’on ne l’imaginait…

Mangeons-les !

C’est vers la fin du XXe siècle que germe aux États-Unis l’idée de consommer les plantes invasives. Envahis par une variété de kudzu (Pueraria montana), les États du sud-est des États-Unis, et notamment la ville de Philadelphie, cherchent des solutions de valorisation. Outre son indication comme matériau de construction, un chercheur de l’université du Vermont, Joe Roman, s’intéresse à ses applications en cuisine. La racine est alors utilisée pour faire des chips, des sirops, une liqueur, un sorbet. Pour partager ses découvertes culinaires, le chercheur crée le site Eattheinvaders.org et le mouvement d’invasivorisme se répand, invitant à la consommation d’autres espèces comme la Claytonia perfoliata, une sorte de pourpier. Des livres de cuisine sont publiés, tandis que de grands chefs proposent des menus à base de plantes et d’animaux exotiques dès 2005. Et chaque année, l’Institut d’écologie appliquée de l’université d’Oregon organise un festival de cuisine des espèces invasives, identifié par le logo « Eradication by mastication ».

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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