Ces nutriments qui font la force du végétal (5/7)

Pour transformer les peaux des animaux en cuir, l'homme a utilisé très tôt la technique du tannage. Pour cela, il avait recours à de la poudre d'écorce, de chêne en particulier, car, comme le rappelle le biologiste Marc-André Selosse dans son livre Les Goûts et les Couleurs du monde, celui-ci est très riche en tanins. Cette molécule végétale appartenant à la famille des polyphénols s'identifie facilement quand on boit du vin ou que l'on mange certains fruits rouges : elle a pour effet de resserrer les papilles gustatives.

En effet, les tanins ont une affinité avec les protéines et les enzymes et en se fixant sur celles de la salive, ils les empêchent de lubrifier la bouche. Cette capacité leur confère diverses actions physiologiques. « L'astringence des tanins crée des sortes de ponts entre les protéines, permettant un resserrement des tissus fibrillaires. Ce qui explique leur action antidiarrhéique ou antihémostatique et cicatrisante, en externe comme en interne », décrypte Christine Cieur, pharmacienne. Une compresse d'achillée millefeuille, riche en tanins, va arrêter un saignement tandis que la tisane d'hamamélis soulagera des règles hémorragiques.

Les tanins, atouts santé pour nos veines et notre coeur

Parmi les tanins, on s'intéresse particulièrement aux oligoproanthocyanidines ou OPC que l'on trouve dans l'écorce de pin (lire encadré ci-dessous). Les OPC se lient au collagène, une protéine importante de la paroi des vaisseaux sanguins. C'est pourquoi ils sont recommandés notamment en prévention des maladies cardiovasculaires ou en cas d'insuffisance veineuse. À ce sujet, deux essais cliniques français ont démontré les propriétés des pépins de raisins et feuilles de vigne rouge pour soulager les jambes lourdes, varices et hémorroïdes. Les OPC sont préconisées également pour diminuer l'œdème du bras lié aux traitements du cancer du sein.

Dans les pépins de raisins, mais aussi dans la pomme, la procyanidine B2 se distingue comme antioxydant. Ce nutriment, qui fait partie des tanins condensés, a fait parler de lui dans une étude récente pour son action anti-inflammatoire. En se combinant avec un autre tanin, l'acide gallique, elle aiderait à réduire l'action des interférons, ces protéines produites par des infections virales, offrant ainsi un espoir thérapeutique pour renforcer l'immunité des personnes souffrant de maladies auto-immunes. Dans un autre registre, des chercheurs ont constaté que cette molécule avait un effet marqué sur la croissance des cheveux en augmentant la teneur en kératine des fibres capillaires après deux mois de test.