Dossier
Sept organes négligés... et pourtant si utiles (7/8)
Au sein de notre organisme se logent certains organes méconnus, dont on ignore parfois jusqu'à l'existence. Ils jouent pourtant des rôles essentiels, voire indispensables à la vie. Ce dossier a pour but de mettre en lumière ces organes mal compris, voire impopulaires, tels que la rate, l'appendice, la vésicule biliaire ou le thymus, et souligner l'importance de les maintenir en bonne santé.
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Amygdales et végétations, des usines à anticorps
Les amygdales sont des masses glandulaires situées des deux côtés de la gorge (visibles en ouvrant grand la bouche devant un miroir). Quant aux végétations, il s’agit d’un amas de tissu situé à l’arrière du nez. À l’entrée des voies aériennes et digestives, amygdales et végétations ont pour fonction de développer des anticorps afin d’empêcher le passage et la pénétration de pathogènes dans la gorge. Elles constituent une véritable barrière protectrice.
Mais il est courant que certains virus ou bactéries pathogènes s’y accrochent et entraînent des angines à répétition. " À ce moment-là, elles ne remplissent plus leur rôle de défense et deviennent plutôt un foyer infectieux ", décrit le Dr Bessoudo. Ces accès fréquents ont poussé les médecins à pratiquer une ablation chirurgicale des amygdales et des végétations de façon presque systématique il y a quelques années. " On les retirait facilement sous prétexte de faire de la prévention, explique le Dr Bessoudo. C’était une erreur, elles font partie de notre système de défense, et même si l’on peut vivre sans, c’est mieux de les conserver. Aujourd’hui, on essaie de traiter leur inflammation le plus possible avec des huiles essentielles et de l’antibiothérapie ". En effet, d’après la Haute Autorité de santé, le nombre d’interventions...
s’est aujourd’hui stabilisé autour de 35 000 par an chez les moins de 18 ans alors qu’il atteignait 68 000 en 2002. Une bonne nouvelle au regard d’une étude de 2018, qui pointe les conséquences à long terme de telles ablations : le retrait des végétations serait associé à un risque d’affections respiratoires (asthme, pneumonie et bronchopathie chronique obstructive) multiplié par presque trois. L’ablation des amygdales, elle, multiplierait par presque deux le risque de ces mêmes pathologies respiratoires, et par quatre à cinq le risque d’otite moyenne.
Alors, pour prendre soin de ces glandes mal aimées, ou de notre immunité si elles ont été retirées, plusieurs possibilités s’offrent à nous. " L’hygiène de vie est primordiale. Ne pas fumer, fuir la pollution, bien se brosser les dents et prendre soin de son microbiote en lien avec nos amygdales et nos végétations ", énonce le Dr Bessoudo. L’usage de la propolis (un pschitt dans la bouche une fois par semaine le matin) prévient les infections buccales et l’eau salée assainit le nez, favorisant le rôle barrière des végétations. À cette routine peut s’ajouter l’usage de gemmothérapie, en cas d’inflammation des amygdales, avec les bourgeons protecteurs d’amandier et de vigne rouge . Enfin, on évite autant que possible les sucres et les produits laitiers et l’on privilégie les ingrédients alcalins tels que les légumes verts, oléagineux, fruits frais, mais aussi les ingrédients comme l’ail et le raifort, aux propriétés antiseptiques.
Amandier et vigne rouge, les amis des amygdales
Pour prévenir l’inflammation des amygdales, notamment lors d’un début de mal de gorge ou d’angine, le médecin spécialiste en phytothérapie Jean‑Christophe Charrié préconise le recours aux bourgeons d’amandier (Prunus amygdalus) et de vigne rouge (Vitis vinifera) , à raison de 5 gouttes de chaque 3 fois par jour. Leurs propriétés anti-inflammatoires et anti-infectieuses contribuent en effet à soulager ces pathologies. Mais dans le cas où votre mal de gorge persiste, n’hésitez pas à consulter un médecin. « Certaines mauvaises angines, notamment à streptocoques bêta-hémolytiques, peuvent en effet entraîner des problèmes plus graves », prévient le médecin.
Un peu d’histoire
Des « organes fruits »
La première description des amygdales date du IVe siècle avant J.-C., où Hippocrate faisait référence à des « glandes appelées éponges » en raison de leur nature spongieuse et de leur capacité à gonfler. Au Ier siècle après J.-C., le médecin grec Rufus d’Éphèse compare quant à lui ce qu’il qualifie d’« excroissances charnues » à des pommes. Le terme « amygdale » (issu du latin amygdala signifiant « amande ») est quant à lui utilisé dès le XIVe siècle dans le domaine de l’anatomie, pour définir toute structure présentant cette forme. Une comparaison qui sera reprise par le chirurgien Ambroise Paré au XVIe siècle. Il faudra néanmoins attendre 1884 pour que l’anatomiste allemand Waldeyer-Hartz les décrive comme des organes voués à la maturation des lymphocytes.