Dossier
Cultiver un rapport sensible au végétal (15/15)
Communication, plaisir et même attachement… De plus en plus de personnes envisagent de se rapprocher des plantes, des arbres en impliquant leur sensibilité, leur affect, leurs émotions. Rencontre avec ces paysans, herboristes, écologues, thérapeutes… qui, tout en développant une alliance profonde avec le vivant, ouvrent de nouvelles voies de connaissance.
© crédit photo JC Mandirac
Adeline Mandirac : Un voyage interne à expérimenter
Herbaliste et anthropologue, Adeline Mandirac s’est forgé une vision holistique du soin par les plantes auprès de femmes et hommes-médecines amazoniens et d’une herboriste anglaise.
Les enseignements qu’elle a reçus incitent Adeline Mandirac à regarder le végétal au-delà de ses seules propriétés pharmaco-chimiques : " Les humains, tout comme les plantes, possèdent une essence unique qui leur est propre, et c’est de la rencontre entre ces deux essences que naît l’incroyable pouvoir des plantes pour accompagner notre corps, notre psyché, notre âme. " Si l’herbaliste reconnaît l’utilité médicinale des connaissances scientifiques, elle estime dans son ouvrage Herboristerie sensorielle et intuitive (édition Rustica) qu’à force de s’appuyer sur la science, on a perdu la capacité intuitive de percevoir par nous-mêmes le pouvoir des plantes. Réactiver ces " acquis ancestraux " est toutefois possible, selon elle, sans nécessiter de don particulier : " Nous possédons...
tous cette faculté de comprendre les plantes à travers nos sens, nos ressentis, de percevoir le message qu’elles transmettent au-delà du mental. " L’essentiel, dit-elle, est d’aiguiser son intuition corporelle en s’entraînant à observer l’effet des plantes sur notre corps. Boire une tisane tiède de romarin, de thym ou de bouillon-blanc peut par exemple être l’occasion d’un voyage interne avec la plante. Adeline invite à sentir, en se concentrant et en fermant les yeux, si on la perçoit comme plutôt réchauffante ou refroidissante, si on sent un mieux-être à un endroit précis du corps, si l’énergie se modifie… Elle préconise cette pratique sur un mois à raison de deux à trois fois par semaine, pour ressentir si certains éléments se rééquilibrent au niveau physique ou émotionnel.
Adeline Mandirac anime des formations en herboristerie holistique
Une invitation à rencontrer le bouillon-blanc
L’herboriste Adeline Mandirac propose une expérience sensorielle avec le bouillon-blanc, protecteur pulmonaire. En sirotant une tisane concoctée avec ses feuilles, on s’assied au pied de cette plante dont la grande hampe florale monte vers les cieux. Si cela semble juste, on prélève une de ses feuilles pour la placer au niveau de la poitrine et ressentir si possible sa douceur. On prend plusieurs respirations profondes et on ressent si sa capacité respiratoire est spacieuse ou au contraire restreinte. C’est le moment d’imaginer que le bouillon-blanc, tisane et feuilles, s’étend dans la cage thoracique « comme s’il l’étirait pour l’agrandir », image la praticienne. On observe ensuite si la respiration se fait plus profonde, plus libre. L’émotion et les larmes montent parfois…
À lire
- De Diana Beresford-Kroeger, La Vie douce, éd. Tana.
- De Christian Escriva, Fondements de l’approche sensorielle des plantes médicinales, éd. Amyris.
- De Pascal Lamour, L’Herbier secret du druide et Les Carnets secrets du druide, éd. Ouest France.
- De Béatrice Lechartier, À fleur de poésie, éd. Au jardin de l’élixir.
- D’Adeline Mandirac, Herboristerie sensorielle et intuitive, éd. Rustica.
- De Baptiste Morizot, Manières d’être vivant, éd. Actes Sud
- D’Arnaud Riou, La Puissance des rituels, éd. Animae
- De Jacques Tassin, Penser comme un arbre, éd. Odile Jacob
- De Laurent Tillon, Être un chêne, sous l’écorce de Quercus, éd. Actes Sud.