Dossier
Cultiver un rapport sensible au végétal (13/15)
Communication, plaisir et même attachement… De plus en plus de personnes envisagent de se rapprocher des plantes, des arbres en impliquant leur sensibilité, leur affect, leurs émotions. Rencontre avec ces paysans, herboristes, écologues, thérapeutes… qui, tout en développant une alliance profonde avec le vivant, ouvrent de nouvelles voies de connaissance.
Sophie Delhoute Fagot : " Un guide à notre médecin intérieur "
Dans l’intimité de son laboratoire, elle pratique l’art ancestral de la spagyrie. Cette voie peu connue de l’alchimie considère les plantes comme des intermédiaires pour se soigner et évoluer en conscience.
Sophie Delhoute Fagot se consacre à la spagyrie depuis ce jour de 1996 où elle a eu un déclic : " C’était une révélation très forte, lors d’un séjour à la campagne, de devoir faire “quelque chose” avec les plantes ". De retour à Paris, elle découvre en librairie La Spagyrie ou l’alchimie des plantes, un livre très inspirant pour elle, déjà initiée à l’alchimie traditionnelle. Elle se passionne alors pour cette approche qui lui permet " d’entrer en communication subtile " avec les végétaux. La spagyriste choisit d’abord une plante avec laquelle travailler, " celle dont la vibration m’appelle et qui est d’accord pour que je la cueille ". Elle emmène l’élue au laboratoire pour " recueillir en conscience l’esprit de cette plante " dans un élixir élaboré grâce à des étapes de macération et calcination. " En spagyrie, la cendre concentre la signature énergétique, l’esprit de la plante, qui est...
ensuite introduit dans le macérat, chargé en principes actifs, pour créer l’élixir. " Ce processus alchimique, pratiqué en état méditatif, " ouvre le dialogue avec la part subtile de la plante ", enseigne Sophie à ses stagiaires dans son centre de formation, Élixirs de Provence. Lorsqu’elle se connecte, par exemple à " l’esprit des fougères ou des prêles, des végétaux très anciens sur terre ", elle confie, émue : " C’est comme un voyage à travers les âges où je perçois les relations de ces plantes tissées avec l’espèce humaine. " Cette écoute nous apprend que les végétaux n’auraient pas tous le même lien aux humains : " Je sens en communication intuitive que les orties ont l’habitude de travailler avec nous, et on voit bien en ethnobotanique qu’elles poussent près des maisons ", alors que le contact avec l’ail est, dans sa sensation " plus réservé ". Ce qui passionne particulièrement Sophie, c’est de concentrer cette intelligence de la plante dans un élixir " vivant ", qui joue un rôle thérapeutique. " La plante soigne en connectant son énergie à l’esprit humain, elle sert de guide à notre médecin intérieur pour conscientiser ce qui ne va pas au niveau physique, psychologique ou spirituel ", détaille Sophie, qui prend l’exemple du coquelicot, plante sédative favorisant le sommeil, mais son " être plante ", qu’elle appelle " gardienne du paradis ", offre aussi une bulle de protection enveloppante pour se reposer quand on est stressé ou perturbé. Dans sa dimension subtile, cette gardienne permet à l’être humain de s’interroger et de progresser sur sa vulnérabilité.
Sophie Delhoute Fagot est formatrice en spagyrie
Contacter l’esprit de la plante
Nul besoin d’alambic pour cette première expérimentation d’alchimie végétale, en suivant les conseils de Sophie Fagot.
- Dans la nature, prenez le temps de sentir quelle plante vous attire.
- Avant de la cueillir à mains nues, demandez son accord (et si un inconfort apparaît, changez de plante). Prélevez-en au maximum une poignée et remerciez-la.
- Mettez la récolte dans un pot de 125 ml rempli d’alcool à 35°, fermez hermétiquement et conservez dans l’obscurité à température ambiante.
- Tous les jours à la même heure durant un mois, placez vos mains autour du bocal et demandez à cœur ouvert : « Qu’as-tu à me dire aujourd’hui ? ».
- Soyez attentif aux signes qui peuvent répondre à des préoccupations internes. Votre intuition vous dira si la plante vous a aidé. Apprivoiser cet espace sensible demande du temps…